Avant même la crise sanitaire, le modèle des organismes de formation était interrogé par certains axes de la réforme de 2018. Comment répondre aux attentes d’apprenants devenus acteurs “individuels” du développement des compétences ?
Les organismes de formation doivent tenir compte de deux paradigmes bien distincts
Une salle, un contenu, un formateur. Cette formule a longtemps résumé l’offre de formation faite aux entreprises et à leurs collaborateurs. Toutefois, depuis les années 2000, des innovations technologiques et digitales sont venues challenger cette structuration avec les premières expériences d’e-learning suivies par le développement, abouti, du digital learning.
Opportunité ou limitation du champ d’action : des avis contrastés sur la “mise aux normes” du système de formation professionnelle
Certains chercheurs en sciences de l’éducation en voient essentiellement les effets délétères. Le directeur innovation et pédagogie de l’Association Progrès du management (APM), Denis Cristol [3], l’exprime ainsi : “La normalisation des processus de formation vise la maîtrise et le contrôle des fonds, des moyens, des objectifs et de la finalité du système.” Cette mise aux normes exclut de fait “les pratiques vivantes et organiques, sur lesquelles les individus ont une prise” et dont relève l’apprenance. Pourtant, la crise sanitaire a révélé leur puissance : combien de co-apprentissages, initiés de façon empirique, dans des équipes qui ne pouvaient se déplacer ? Combien “d’explorations” de formation en situation de travail, de formation entre pairs ou de tutorat ?
Pour adapter leur modèle aux nouvelles attentes et nouveaux usages, les organismes de formation misent sur leurs forces vives
Les évolutions touchant les apprenants ou les entreprises relèvent de plusieurs dimensions. Denis Cristol évoque tout d’abord l’aspect technologique, accentué par la crise sanitaire, qui conduit au développement de parcours hybrides et à la montée en puissance des formations personnalisées du mobile learning. Si cette dimension est bien appréhendée par les organismes de formation, le développement de parcours comodaux – l’apprenant choisissant le mode de “diffusion” de la formation qui lui convient (présentiel, à distance synchrone, à distance asynchrone) – ne semble pas encore d’actualité.
Pour répondre à ces impératifs, les organismes de formation devront mieux connaître leurs formateurs et… les former ! Pour réinventer le modèle des organismes de formation, faut-il mettre moins d’énergie dans les dispositifs ou leur conception et davantage dans la médiation et l’accompagnement des apprenants afin qu’ils se projettent dans leur apprentissage ? L’évolution tient-elle avant tout dans le dialogue “B2B2C” à instaurer ou dans la multi-compétence des formateurs, nouvelle clé de l’adaptabilité des organismes de formation ? Affaire à suivre…
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