Margarida ROMERO et Thérèse LAFERRIÈRE du Centre de recherche et d’intervention sur la réussite scolaire (CRIRES) de l’Université Laval analysent les limites des approches techno-centrées.

L’intégration des technologies de l’information et de la communication (TIC) en éducation a engendré des espoirs infondés et donné lieu à certaines innovations technologiques sans fondement pédagogique.

La démarche réflexive proposée introduit cinq niveaux d’usages des technologies : la consommation passive, la consommation interactive, la création de contenu, la cocréation de contenu et, en dernier lieu, la cocréation participative de connaissances orientée vers la compréhension ou la résolution de problèmes partagés par la classe conçue comme une communauté d’apprentissage.

Cinq niveaux d’usage des TIC (Romero, 2015)

Ni les TIC (ni la craie, ni les crayons) ne sont des révolutions éducatives

Nous ne pouvons pas attribuer aux technologies numériques (TNI, tablettes…) ou analogiques (craie, crayons…) la capacité d’améliorer les apprentissages sans tenir compte de la situation d’ et de son contexte. Pour Jeremić et collaborateurs (2011) la situation d’apprentissage comprend (1) l’activité d’apprentissage ; (2) les ressources éducatives utilisées au cours de l’activité d’apprentissage ; (3) les acteurs impliquées (apprenantes, enseignantes, expertes); (4) le moment durant lequel l’activité se déroule et, en cas d’intégration des TIC, (5) les technologies intégrées. Dit autrement, les technologies sont l’une des composantes de la situation d’apprentissage et doivent être analysées en les liant aux autres composantes. L’analyse des éventuels avantages ou plus-values pédagogiques de l’intégration des TIC en #éducation doit être faite en observant l’usage pédagogique des technologies (TNI, tablettes…) dans le cadre d’une situation d’apprentissage.

Les deux premiers niveaux d’usages pédagogiques des TIC sont de type « consommation ». L’apprenante est placée face à un environnement informatique d’apprentissage (ou autre artefact TIC) qui lui permet de cliquer sur un élément d’un ensemble, plus ou moins complexe, d’interactions prédéfinies, en suivant un « enseignement programmé ».
Aux deux niveaux plus avancés, la création de contenu est considérée comme un processus de construction de connaissances nouvelles (Stahl, Cress, Law, & Ludvigsen, 2014). Dans le cas de la cocréation, le processus s’inscrit dans une démarche collective de partage d’ « expériences et de connaissances et la négociation de leur pertinence au sein du groupe par rapport à la question que les apprenants se posent ou le problème sur lequel ils se penchent

Le tableau ci-dessous présente les cinq usages pédagogiques des TIC, leur description et un exemple.

Type d’usage des TICDescriptionExemple d’usages
Consommation passive

L’apprenante accède à un contenu ou application technologique, écoute ou lit les contenus sans pouvoir réaliser des interactions.
  • L’enseignante utilise le TNI pour faire la projection d’une capsule vidéo en classe.
  • Lecture d’articles ou consultation de vidéos par l’apprenante.
Consommation interactive

 

L’apprenante peut réaliser des interactions avec le contenu ou l’application. Les interactions peuvent présenter différents niveaux de complexité.

Devant ce type d’exerciseurs, certaines apprenantes développent une démarche d’essai et erreur superficielle, au cours de laquelle elles réalisent plusieurs tentatives non réfléchies jusqu’à ce qu’elles trouvent des bonnes réponses.

  • Lecture d’un livre interactif qui permet la consultation d’un glossaire ou des vidéos quand l’apprenante clique sur des mots.
  • Leçons interactives Moodle ouCaptivate qui combinent du texte et des questions à choix multiples.
  • Plateformes d’apprentissage comme Netmaths(mathématiques) ou Duolingo(langues) qui comprennent des exercices interactifs permettant de s’exercer.
Création de contenu

L’apprenante réalise une production, exécute sa partie lors d’une activité coopérative ou modélise des connaissances à l’aide d’outils numériques dans un processus créatif individuel.
  • Écriture d’un texte.
  • Création d’une carte conceptuelle.
  • Réalisation d’une image, d’un document hypertextuel ou audiovisuel.
  • Arrêt d’une question sur laquelle se pencher.
  • Fouille sur le Web ou dans des livres.
  • Collecte de données sur le terrain.
  • Programmation créative (ressources interactives, jeux, robotique éducative).
Co-création de contenu

L’apprenante réalise une production en collaboration ou collabore avec des pairs dans la modélisation de connaissances à l’aide d’outils numériques dans un processus créatif collaboratif.
  • Coécriture d’un texte.
  • Cocréation d’une carte conceptuelle.
  • Coréalisation d’une image, d’un document hypertextuel ou audiovisuel.
  • Arrêt d’une question sur laquelle se pencher, en collaboration.
  • Fouille collaborative sur le Web ou dans des livres.
  • Collecte collaborative de données sur le terrain.
  • Programmation cocréative (ressources interactives, jeux, robotique éducative).
Cocréation participative de connaissances

 

La cocréation participative de connaissances est orientée vers la compréhension ou la résolution de problèmes partagés par la classe conçue comme une communauté d’apprentissage. L’apprenante et ses pairs sont engagés dans une investigation collective qui peut impliquer des membres de leur communauté locale. Ils visent à comprendre un problème (par exemple, concernant l’eau, l’air ou les forêts et le développement durable (univers social); (la flottaison en sciences); l’interprétation d’œuvres en français.
  • Contributions sur un forum, en visioconférence ou sur tout autre outil de création collaborative de connaissances (hypertextuel, audiovisuel ou de programmation), visant la compréhension d’un problème, illustration, documentation, proposition de pistes de solution, synthèse de ce qu’on retient et de ce qui peut faire l’objet d’une certaine diffusion sur le Web.
Repéré depuis Usages pédagogiques des TIC : de la consommation à la cocréation participative | VTÉ – Vitrine Technologie Éducation

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