1. Écoute active

2. Replay vs Natif

3. Quel apport en formation ?

Pour conclure

Un numéro du Mag consacré au podcast ? Quelle bonne idée ! Si on entrait directement dans le vif du sujet en commençant par un moment podcast ? Cliquez pour écouter.

« Le replay et les podcasts font aujourd’hui partie des usages courants. Ces formes d’écoute, au-delà du live, s’inscrivent dans un univers audio élargi. » Emmanuelle Le Goff, Directrice du Département Radio de Médiamétrie.

Après le binge watching, une vague de binge listening se profilerait-elle au travers du podcast ? Victime de son côté rétro il y a une vingtaine d’année, le podcast a connu une évolution lente jusqu’à atteindre son public, désormais en forte croissance depuis 5 ans environ. A côté des acteurs historiques de l’industrie radiophonique, le marché foisonne aujourd’hui de studios, entreprises ou artisans du podcast. Les plateformes de diffusion se multiplient, les applis de musique les intègrent largement. Tous ont bien compris le potentiel de ce format engageant et intimiste, au coût de production bien inférieur à celui de la vidéo.

Le graphe ci-dessous montre l’évolution des recherches sur Google pour le terme Podcast sur la période 2004-2020 dans le monde (source : Google trends) :

Mainstream, communautaire, géolocalisé ou éducatif, le podcast se décline sur tous les tons et toutes les thématiques. Court ou long, de 1 minute 30 à 1 heure, il s’affranchit de l’impératif de brièveté prôné en matière de vidéo. Et c’est aujourd’hui au tour de la communication de marque de s’emparer du micro pour faire du podcast un nouveau canal marketing.

Sur la planète formation aussi, le podcast commence à faire son apparition. Par excellence « e-mobile », il se révèle soluble plus que tout autre dans notre univers d’apprentissage ATAWADAC.

Difficile de passer à côté d’une pastille de vocabulaire pour s’éclaircir la voix. En moins de 5 minutes découvrez une définition décalée, légère et pourtant documentée du mot Podcast… en podcast évidemment. Cliquez sur l’image pour écouter.

1.
Écoute active

En 2005, Steve Jobs annonçait l’avènement du podcast de masse et présentait une offre de 3 000 podcasts disponibles sur iTunes. Aujourd’hui vous en trouverez 500 000 sur la célèbre plateforme d’Apple. Et pour tous ceux qui refusent de tomber dans la pomme, les plateformes de diffusion alternatives fleurissent sur les stores.

En France, les grands médias s’y lancent les uns après les autres, mais avant eux, ce sont les bloggeurs et autres influenceurs qui ont ouvert la voie.

Près d’1 français sur 5 s’est désormais converti au Podcast (aux États-Unis, c’est 1 américain sur 4 qui en consomme régulièrement). Mais qu’allons-nous chercher dans l’audio ? Quelques chiffres OJD 2018 : nous y cherchons d’abord une source alternative de connaissance (79 % des « podcast addict » déclarent écouter des podcasts pour apprendre), puis un stimulant de sérendipité (62 % souhaitent réveiller leur curiosité et découvrir) mais aussi un nouveau format de divertissement (pour la moitié des podcasteurs).

Plutôt que d’ouvrir l’œil, nous vous proposons d’ouvrir les oreilles pour décrypter le phénomène Podcast : écoutez cette analyse en 5 minutes sur France Culture qui annonce clairement la couleur : « Le podcast, tout le monde y croit »

Les téléchargements explosent à tel point, que Médiamétrie a lancé, en 2018, une mesure d’audience dédiée au phénomène. Pour se faire une idée du profil du podcasteur, quelques enseignements tirés de Médiamétrie, en images…

40 % des plus de 15 ans connaissent les podcasts et la part dépasse les 60 % chez les 15-24 ans (Source : Médiamétrie – 2019).

Et Médiamétrie de préciser que « les médias et les réseaux sociaux sont les principaux vecteurs de notoriété des podcasts natifs. »

Plus intéressant encore, le taux de conversion des podcasts, autrement dit le taux d’écoute des podcasts téléchargés, est particulièrement élevé avec 81 %.

A retenir donc : le podcasteur n’est pas un gaspilleur, il pratique l’écho..logie puisqu’il consomme ce qu’il télécharge. Et tout ça sans contrainte, sans invitation ni relance périodiques l’encourageant plus ou moins fermement à découvrir le contenu et à valider (le taux de complétion vous laisse sans doute rêveur…). Les arguments avancés par les podcasteurs pourraient se résumer en trois mots : liberté, diversité, mobilité. Liberté de sélectionner ce que l’on a envie d’écouter, parmi une offre extrêmement riche et diversifiée, au moment où l’on peut/veut écouter, en toute e-mobilité.

Quand on vous disait que le podcast était intrinsèquement ATAWADAC !

Julie Mamou-Mani, fondatrice de la société de production de podcasts, Mamouz Prod y voit en outre une recherche de sens : « C’est une réponse à la fast information, à cette volonté des gens de retrouver du sens »

A retenir donc : le podcasteur n’est pas un gaspilleur, il pratique l’écho..logie puisqu’il consomme ce qu’il télécharge. Et tout ça sans contrainte, sans invitation ni relance périodiques l’encourageant plus ou moins fermement à découvrir le contenu et à valider (le taux de complétion vous laisse sans doute rêveur…). Les arguments avancés par les podcasteurs pourraient se résumer en trois mots : liberté, diversité, mobilité. Liberté de sélectionner ce que l’on a envie d’écouter, parmi une offre extrêmement riche et diversifiée, au moment où l’on peut/veut écouter, en toute e-mobilité.

Quand on vous disait que le podcast était intrinsèquement ATAWADAC !

Julie Mamou-Mani, fondatrice de la société de production de podcasts, Mamouz Prod y voit en outre une recherche de sens : « C’est une réponse à la fast information, à cette volonté des gens de retrouver du sens »

2.
Replay vs Natif

Lorsque l’on parle de podcast, on ne sait jamais très bien si l’on parle du replay d’une émission de radio en live (en formation ça équivaudrait à la bande son d’une session présentielle ou à la sonorisation d’un contenu texte, par exemple) rediffusée sur le web ou d’une capsule sonore enregistrée donc écrite et composée directement pour le web dans une optique d’écoute audio asynchrone. Dans ce dernier cas, on parle de podcast « natif ».

Philippe Chapot, fondateur du salon de la radio explique, à l’occasion de l’édition 2020, sur RFI que « le podcast natif c’est un contenu qui ne vient pas forcément d’une station radio, la plupart du temps que l’on n’a pas entendu à la radio et qui va être donc disponible à la demande sur internet. Et curieusement ce type de production a apporté un nouveau souffle à l’industrie de la radio, car toutes les stations se sont emparées du phénomène « podcast natif ». Maintenant certaines chaînes ont même créé des structures spécifiques pour réaliser des podcasts qui ne seront jamais diffusés à l’antenne, c’est assez original. Ces contenus numériques permettent de retrouver l’esprit d’innovation qui régnait sur les ondes dans les années 80 en France, quand la FM s’est libérée. Eh bien, on assiste un peu à l’équivalent avec la profusion de ces podcasts natifs sur le web. »

Replay ou natif, les deux formats peuvent avoir leurs avantages. En formation, tout dépend de l’objectif de l’audio (ressource en stand alone, complément d’une ressource pédagogique textuelle, commentaire d’une illustration, visite de locaux techniques en mode audioguide…), de son positionnement dans le parcours de formation (pré-requis, contenu clé, ressource post-formation, illustration d’un concept, mise en situation…).

De façon générale, les podcasts natifs augmentent l’engagement de l’auditeur et favorise la mémorisation. Ils ont été conçus en pensant « audio first » et l’on sait tous que le style écrit ne passe pas forcément très bien à l’oral. Un podcast natif de qualité c’est d’abord du storytelling. Selon Samia Basille, créatrice de Radiotips, un webzine sur les podcasts, « il faut que l’audio apporte quelque chose à ce qui est raconté, et que ça serve vraiment l’histoire (…). À la fin de l’écoute, on doit avoir compris où la personne voulait nous emmener, on doit avoir appris des choses. » Le podcast natif permet souvent une liberté et l’adoption du ton juste au regard de sa cible. Il favorise une légèreté ou une gravité, dans tous les cas une profondeur de ton qu’il est plus difficile de restituer au travers d’un tuto vidéo.

En résumé, le podcast est une promesse portée par une voix qui vous prend par la main. Rappelez-vous, enfant, ces histoires du soir, lues avec conviction par vos parents qui enfilaient pour l’occasion leur costume de conteur. De nombreux podcasts recherchent ainsi à créer, par la voix, cette ambiance intimiste, vecteur d’émotion. Et en pédagogie, jouer sur les émotions de l’apprenant, c’est capter son attention, favoriser sa mémorisation et accroître son engagement. Que du bon !

Trouver sa voix

Si écrire pour l’oral n’est pas toujours un exercice aisé, adopter une voix et une intonation qui servent le message peut également s’avérer compliqué. Avant de se lancer mieux vaut faire quelques essais avec des phrases très simples pour découvrir sa voix, l’apprivoiser et en faire une alliée. On ne s’entend jamais comme nous entendent les autres. Découvrir sa voix enregistrée, c’est prendre conscience de ce que les autres perçoivent lorsque l’on s’exprime. Et parfois, c’est le choc !

Quant au texte, n’hésitez pas à imprimer en gros caractère (corps 16 ou 18) et à passer à la ligne (même en plein milieu d’une phrase) au moment où vous allez reprendre votre respiration, introduire un silence, appuyer sur un mot… Faites autant de prises que nécessaire pour rectifier les phrases, modifier les mots (on bute souvent sur certains mots, mieux vaut les remplacer) avant de trouver le ton juste.

Dans le podcast, mieux vaut souvent éviter le ton du journaliste télé, formaté et presque mécanique. La voix doit servir l’objectif du propos. Les silences et les ruptures de rythme ou de ton doivent être utilisés à bon escient, pour ménager un effet, une surprise, une tension et amener un rebondissement propre à maintenir l’auditeur captivé.

Pour s’en convaincre, un excellent podcast d’Arte radio au ton léger et drôle. Moins de 10 minutes réalisées avec beaucoup de distance par une journaliste télé : cliquez pour écouter

Une fois que l’on maîtrise un tant soit peu sa voix, le podcast a cet avantage sur la vidéo qu’il dégage de ce poids de l’image et du regard de l’autre, si difficile à gérer face caméra. Il peut être moins impressionnant pour l’expert ou pour l’apprenant qui endosse l’habit du User Generated Content dans leur démarche de création de ressources pédagogiques.

Franchir le mur du son

Aujourd’hui, nul besoin d’équipement lourd et onéreux pour réaliser un podcast. Le smartphone de bonne qualité peut faire l’affaire. Spotify, par exemple, propose une appli baptisée Anchor pour créer facilement ses propres podcasts et les diffuser sur la plateforme.

Pour un rendu plus qualitatif et sans forcément plus de compétences techniques, le formateur, l’expert peut utiliser un micro externe au smartphone. Il en existe de nombreux modèles, à tous les prix. Leur choix est fonction du son et de l’ambiance sonore souhaitée : du micro dynamique pour l’enregistrement en live au micro cardioïde pour capter les propos de son interlocuteur placé en face du micro en évitant les sons périphérique en passant par l’omnidirectionnel qui capte à 360°.

Côté logiciels (pour enregistrer puis monter), là encore l’on retrouve tous les niveaux de prix et de technicité : pour démarrer, Audacity (gratuit) offre un très bon rendu.

Petit tour d’horizon (en moins de 3’ de podcast) sur les choix d’équipement avec Nicolas Lozancic :

En revanche, pour une véritable expérience immersive, mieux vaut privilégier un matériel professionnel. Car oui, il est possible d’obtenir un univers totalement immersif uniquement avec le son : une expérience de réalité virtuelle auditive. Le procédé, appelé son binaural (oui, il est possible d’entendre en 3D) n’est pas nouveau mais ses applications au travers des podcasts sont, elles, encore sous-exploitées.

Pour s’en convaincre, un podcast de France Culture qui définit le son binaural et présente des extraits sonores à la réalité saisissante pour peu que vous mettiez un casque. Cliquez pour écouter en 3D.

3.
Quel apport en formation ?

Pour répondre à cette question, une question préalable, cette question qui guide l’ensemble de nos choix d’ingénierie et de contenus en digital learning : quel est l’objectif ? En dehors d’une réponse claire, précise et détaillée à cette interrogation fondamentale, point d’efficacité.

Quelques cas d’usage :

  • Clarifier le contexte de la formation ? Introduire le vocabulaire de base ? Annoncer les objectifs et expliquer le parcours ? Détailler le rythme et le calendrier de la formation ?
  • Travailler sa marque employeur ? Enrichir le parcours d’onboarding de ses nouveaux collaborateurs par un mot d’accueil du Président ? Par l’annonce claire des valeurs de l’entreprise ? Contextualiser les missions du nouvel embauché par quelques témoignages de salariés occupant la même fonction ?
  • Un podcast court (entre 1 minute 30 et 3 minutes) en prérequis peut se révéler particulièrement efficace.
  • Approfondir une notion complexe abordée en présentiel ou en ligne ?
  • Travailler la compréhension orale dans l’acquisition d’une langue étrangère ?
  • Résumer un module de formation pour renforcer la mémorisation par la diversification des formats ?
  • Former à l’écoute active et à la reformulation ?
  • Une série de podcasts avec des épisodes de 15 à 40 minutes peut être envisagée, à condition de ne pas se contenter de lire les documents déjà présents dans le parcours. Rédigez de façon engageante, prenez des exemples, usez et abusez du storytelling. Le podcast de qualité (au niveau du contenu mais également du son) supporte le format long.

Ces podcasts peuvent faire partie intégrante du parcours de formation ou constituer une ressource complémentaire post-formation.

Pensez à tester, par un quiz, la compréhension et la mémorisation des connaissances abordées dans les podcasts s’ils constituent une ressource d’apprentissage utilisée durant le parcours de formation.

En 2019, l’armée de l’air a réalisé une série de podcasts de 4 à 14 minutes pour faire découvrir le métier d’aviateur et attirer de nouveaux talents. Comment travailler sa marque employeur …

  • Coacher des apprenants sur des aptitudes de prise de parole en public ?
  • Tester les compétences de prospection commerciale par téléphone des nouveaux commerciaux ?
  • Inviter vos experts métiers à produire des contenus de formation ?
    • Proposez à vos apprenants ou à vos experts de réaliser eux-mêmes des podcasts. Pour évaluer en format audio, rédigez un scénario de mise en situation (réponse à une objection pour les commerciaux ou expression orale sur un thème imposé pour les apprenants en formation « prise de parole en public », par exemple) et demandez à chaque apprenant d’enregistrer son propre podcast en réponse à la problématique. Un expert sera alors chargé de ,juger de la pertinence de la réponse sonore.

Demander un livrable sous forme de podcasts implique d’expliquer les bases de la structuration du contenu et le fonctionnement des outils à utiliser. L’explication des fonctionnalités des outils de création de podcast sera sans doute plus efficace avec un « screencast » qu’avec un podcast.

D’un point de vue rédactionnel, l’absence de support visuel nécessite de structurer fortement l’information et d’annoncer très explicitement le plan du propos au fur et à mesure. De façon générale, n’oubliez pas le liant entre les parties de votre propos pour la fluidité du discours. Privilégiez les phrases courtes, un vocabulaire simple en évitant le jargon métier.

Souvent les podcasts comportent un jingle d’intro et un jingle d’outro, signature sonore du parcours, de l’entreprise, de l’organisme de formation…

Pour résumer, le podcast en formation ça peut être en entrée (en prérequis), en plat (dans le parcours) et/ou en dessert (en complément post formation). Mais c’est toujours en mobilité, partout et tout le temps en téléchargement sur le smartphone.

Pour conclure

Écrire correctement passe inévitablement par un goût pour la lecture. Il en va de même pour le podcast : mieux vaut apprécier en écouter. Avant de vous lancer, inspirez-vous ! Vous trouverez forcément un podcast sur un sujet qui vous intéresse. Et une fois que vous aurez attrapé le virus, vous n’en guérirez plus. Ouvrez vos oreilles : dans le bain, dans le métro à 18H, en pleine opération lasagnes ou le dimanche au réveil, le podcast c’est la liberté !

Plus vous consommerez de podcasts, plus vous serez à même de déceler les silences appropriés, les transitions pertinentes, les tons qui font mouche…

Pour prolonger l’écoute, en bonus, retrouvez le premier épisode de notre podcast “Répétition et mémorisation”

Prêt à donner de la voix en formation ?