Avant même la crise sanitaire, le modèle des organismes de formation était interrogé par certains axes de la réforme de 2018. Comment répondre aux attentes d’apprenants devenus acteurs « individuels » du développement des compétences ? Comment se positionner quand le fléchage des financements évolue, alors que les impératifs organisationnels des entreprises s’accentuent ? Rompus aux évolutions réglementaires, les organismes de formation pourraient se diriger vers un renouvellement du cœur même de leur modèle.
LES ORGANISMES DE FORMATION DOIVENT TENIR COMPTE DE DEUX PARADIGMES BIEN DISTINCTS
Une salle, un contenu, un formateur. Cette formule a longtemps résumé l’offre de formation faite aux entreprises et à leurs collaborateurs. Depuis les années 2000 toutefois, des innovations technologiques et digitales sont venues challenger cette structuration avec les premières expériences d’E-learning suivies par le développement, abouti, du Digital Learning.
Très encadré, notre système de formation professionnelle est doté d’une gouvernance qui accompagne et contrôle les demandes de formation ainsi que leurs modes de financement, d’une part, et les offres de formation et leurs modalités, d’autre part. Citons, parmi les principales instances : France Compétences [1], la Caisse des Dépôts, les Opco, les CPIR devenues ATpro – associations Transitions Pro.
Toutefois, la normalisation des processus et des pratiques peut malgré tout concourir à l’atteinte de cet objectif ! « Définir les conditions du succès d’un bon apprentissage permet de les décliner, ce qui octroie l’agilité nécessaire au choix d’une modalité adaptée, au bon moment et pour adresser la compétence visée. En ce sens, la normalisation nourrit une agilité construite », note Guénaëlle Boch.
POUR ADAPTER LEUR MODÈLE AUX NOUVELLES ATTENTES ET NOUVEAUX USAGES, LES ORGANISMES DE FORMATION MISENT SUR LEURS FORCES VIVES
Les évolutions touchant les apprenants ou les entreprises relèvent de plusieurs dimensions. Denis Cristol évoque tout d’abord l’aspect technologique, accentué par la crise sanitaire, qui conduit au développement de parcours hybrides et à la montée en puissance des formations personnalisées du Mobile Learning. Si cette dimension est bien appréhendée par les organismes de formation, le développement de parcours comodaux – l’apprenant choisissant le mode de « diffusion » de la formation qui lui convient (présentiel, à distance synchrone, à distance asynchrone) – ne semble pas encore d’actualité.
« Les effets conjugués de la réforme de 2018 et de la crise sanitaire font sortir la formation de la salle ! Ce sujet concerne aussi bien le management et les individus que les RF ou RH. » En effet, là où les managers pouvaient ne pas faire le « lien » entre la demande de formation Soft skills de leurs collaborateurs et les objectifs stratégiques de leur service, le développement du télétravail et du Blended Working a rebattu les cartes. « Avec des parcours tels que l’AFEST, le Peer Coaching ou le co-développement, les directeurs opérationnels deviennent les interlocuteurs des organismes de formation, aux côtés des RF et RH. Les organismes se muent donc en professionnels de la compétence, dans une intimité plus grande avec leurs interlocuteurs de l’entreprise. » Par ailleurs, si les budgets se resserrent du côté des organisations, ils peuvent être « récupérés » sur une logique individuelle. Les organismes de formation doivent donc s’adresser de façon ciblée aux personnes souhaitant prendre leur avenir en main.
Pour réinventer le modèle des organismes de formation, faut-il mettre moins d’énergie dans les dispositifs ou leur conception et davantage dans la médiation et l’accompagnement des apprenants afin qu’ils se projettent dans leur apprentissage ? L’évolution tient-elle avant tout dans le dialogue « B2B2C » à instaurer ou dans la multi-compétence des formateurs, nouvelle clé de l’adaptabilité des organismes de formation ? Affaire à suivre…
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