Peut-on déterminer le meilleur format pédagogique en fonction du sujet et des objectifs ? C’est bien parce que le choix du bon format est difficile que la recherche de formules magiques ou de martingales est formulée si souvent et avec tant d’insistance. Et si la réponse était « ça dépend… » ?

 

Une histoire de performance

Texte, séquence sonore, illustration, animation, saynète, vidéo d’expert… les formats sont très nombreux, et les méthodes pédagogiques le sont tout autant : inductive, déductive, par problème, par projet, par coopération,… Peut-on les classer par performance ? Par adéquation avec certains sujets ? Avec certains objectifs ? Malheureusement non.

 

Cependant, certains formats et méthodes ont des prédispositions :

  • la lecture d’un texte explicatif fixe un rythme lent et favorise l’imaginaire pour se constituer une représentation mentale de ce qui est écrit ;
  • une séquence sonore, est contrairement à ce que l’on a tendance à supposer, très immersive — le son n’étant pas relié au contexte dans lequel on l’écoute, il faut s’imaginer dans le contexte du son, et s’isoler de son environnement réel — et va plus facilement provoquer des émotions qu’un format plus riche et plus complet ;
  • une illustration mettra en œuvre la pensée visuelle, proposera une représentation prédéfinie du sujet traité et s’analyse en très peu de temps ;
  • une animation permettra une construction progressive, et sera idéale pour traiter d’une chronologie ou d’un processus ;
  • une saynète permet très facilement de décrire des situations interpersonnelles ;
  • une vidéo d’expert permet d’incarner un propos et met en œuvre le biais (utile) de représentativité ;

Il n’est pour autant pas exclu d’utiliser ces mêmes formats pour :

  • exposer du texte par une vidéo (comme le générique d’un film) ;
  • décrire une ambiance sonore avec un texte ;
  • proposer une illustration qui n’est pas une représentation schématique, mais artistique ;
  • animer du texte pour rythmer sa lecture et accentuer certains passages ;
  • filmer la consultation d’un document papier plutôt que le scanner ;

 

Il serait dommage de s’enfermer dans les utilisations habituelles des formats et des méthodes pédagogiques. Soyez créatifs, explorez toutes les combinaisons possibles.

 

Une histoire de préférence

Des images pour les visuels, du son pour les auditifs, de la pratique pour les kinesthésiques.

Cette recette (styles d’apprentissages VAK), si simple qu’elle en devient tentante, est malheureusement un neuromythe.

Nous avons tous cependant nos préférences, nos habitudes, nos stratégies d’apprentissage privilégiées. Certains sont particulièrement à l’aise avec l’écrit par des techniques de lecture rapide et de prise de notes, d’autres aiment naviguer et zapper de vidéo en vidéo, d’autres encore sont attirés et séduits par de belles animations.

La mauvaise nouvelle, c’est qu’il n’est pas possible de choisir un format qui « fonctionne » pour tout le monde, la bonne nouvelle, c’est qu’en variant les formats, vous satisferez toutes les préférences.

Le choix du bon format et de la bonne méthode dépend également des choix faits pour les séquences précédentes et suivantes. Un bon choix de format répété trop souvent peut devenir un mauvais choix. Comme dans la vraie vie, la diversité est souvent une bonne chose. :)

 

Une histoire de compétences

Au-delà des critères objectifs liés aux sujets, aux objectifs, aux profils des apprenants, la notion des compétences nécessaires à la conception et la production des ressources est essentielle.

Et là encore, quelques idées reçues ont la peau dure. Il n’est pas si simple de :

  • rédiger un texte : il faut être clair, précis, concis, et avec du style ;
  • exposer oralement un sujet : il faut savoir construire une histoire, jouer sur les expressions, les rythmes, les intonations, au risque de réciter son texte avec autant d’intérêt que la lecture du bottin ;
  • concevoir une illustration : il faut synthétiser et simplifier sans dénaturer ;
  • scénariser une saynète réaliste et crédible : nécessite de savoir faire une analyse situationnelle complète ;
  • produire une vidéo captivante : ne peut être fait qu’en maîtrisant les techniques de plan, de découpage et de montage ;

 

Au moment du choix du format et de la méthode pédagogique, c’est l’ensemble des combinaisons de tous ces critères qui doit être pris en compte, autant dire qu’il n’est pas possible de proposer un simple tableau croisé pour résoudre cette équation à N paramètres.

 

« Le trio gagnant des formats est… » — José Covès

 

Partagez cet article