Parmi les nombreuses questions que pose la transformation digitale à l’entreprise, celle de la transformation des compétences est prépondérante. Elle est aussi, logiquement, devenue un enjeu majeur pour les grands acteurs du recrutement, qu’il s’agisse de fournir la bonne compétence en CDI, en CDD ou en intérim. Président de Manpowergroup France, Alain Roumilhac nous livre son regard sur la mue du travail et les grands défis que lance la digitalisation aux organisations.

La transformation digitale impacte l’entreprise, son modèle économique, ses marchés. Comment impacte-t-elle le travail au sein des organisations ?

Il y a d’abord une question de vitesse d’adaptation. La vitesse à laquelle les entreprises doivent s’adapter, en particulier celles qui sont établies et sont attaquées par d’autres qui proposent de nouveaux modèles, est en train de s’accélérer.

En tant qu’acteur majeur de l’intérim et du recrutement, ManpowerGroup est bien placé pour observer les nouvelles problématiques de l’entreprise dans ces domaines. Quelles sont-elles, et comment accompagnez-vous les DRH ?

Beaucoup de clients me disent qu’ils sont en train d’augmenter la part de flexibilité dans l’ensemble de leurs ressources, anticipant des changements majeurs dans leur business dans cinq ou dix ans. Des secteurs comme la bancassurance, par exemple, vont se digitaliser fortement, avec des impacts importants sur leurs effectifs. C’est vrai aussi dans l’industrie automobile, avec la voiture électrique et/ou la voiture autonome qui va rebattre les cartes. L’incertitude que cela génère amène à augmenter le taux de compétence en termes de travail temporaire et de CDD.

Quels sont les enjeux de la digitalisation pour les candidats et collaborateurs ? Comment le groupe accompagne-t-il la transformation de leurs compétences ?

Avec les changements que nous traversons, il existe un risque que l’entreprise, quand une compétence devient obsolète, se sépare du collaborateur pour en recruter un correspondant à ses nouveaux besoins. Nous préférons proposer à nos clients de former leurs collaborateurs dont les compétences sont en passe d’obsolescence. Cette démarche est une alternative à la guerre d’attractivité des talents, qui nécessite d’importants moyens financiers et déstabilise les pyramides de salaire. Que les organisations apprennent à adapter leurs propres compétences est d’autant plus important que l’entreprise a un pacte social : il lui faut donner des perspectives aux collaborateurs, assurer leur employabilité et leur engagement.

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