1. Trois temps

2. Trois « U »

3. Trois grands modèles

4. Quelques conseils avant de se lancer…

On associe généralement la formation hybride à une succession de moments à distance et de rassemblements en présentiel. Or, concevoir un parcours de formation hybride ne se limite pas à additionner ou à juxtaposer des modules à distance et des séquences en présentiel. Le dispositif hybride est un exercice combinatoire avec autant de possibilités que d’objectifs visés ou de typologies de publics cibles. L’ingénierie du dispositif est clé pour articuler des espace-temps d’apprentissage et de mise en pratique synchrones et asynchrones, des ressources multimodales à distance mais également en salle grâce aux outils de présentiel enrichi et une animation continue de la communauté apprenante sur toute la durée du parcours.

C’est bien là que réside la différence avec une formation dite “blended”: combiner les espaces et les temps plutôt que juxtaposer des lieux. En cela, la formation hybride place l’apprenant au centre de l’apprentissage. On sort ainsi de la salle avec en son centre le formateur pour entrer dans un espace-temps pédagogique composé de synchrone (présentiel en salle ou digital via une plateforme ou une solution de visio-conférence, voire un tchat) et d’asynchrone (en digital celui-là). C’est donc un territoire plus vaste que le formateur, l’expert et l’équipe pédagogique vont devoir investir. Et dans cette nouvelle géographie, chaque temporalité (synchrone/asynchrone) et chaque modalité (présentielle/distancielle) portent une intention pédagogique définie lors de la phase de conception par l’équipe pédagogique. Dans tous les cas et quels que soient les enchaînements temporels ou géographiques, le but est bien de guider l’apprenant vers l’autonomie et la liberté d’adapter son parcours en fonction des compétences déjà maîtrisées. In fine, c’est offrir à l’apprenant la possibilité d’être acteur de son parcours et de construire avec ses pairs et avec le formateur un plan d’action pour progresser.

Objectifs ? Proposer des stratégies d’apprentissage diversifiées et flexibles pour répondre aux préférences et à la disponibilité des apprenants et éviter la lassitude et le désengagement. Les dispositifs hybrides combinant les modalités et les temporalités, favorisent la co-construction des savoirs, savoir-faire et savoir-être, facilitent le transfert en situation de travail et optimisent le rapport coût-efficacité de l’action de formation en limitant les déplacements.

1.
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Une action de formation comporte généralement trois temps distincts, articulés entre eux :

  • un avant-formation destiné à engager l’apprenant dans son parcours en lui donnant toutes les informations clés de son parcours ;
  • un temps de formation proprement dit ;
  • un après-formation visant à ancrer les savoirs, savoir-faire et savoir-être dans la durée et à poursuivre le transfert en situation de travail.

L’avant-formation : privilégiez la distance pour gagner en efficacité

Vos apprenants sont inscrits. Il est temps de le leur confirmer par mail en récapitulant les dates de sessions, les objectifs pédagogiques, l’articulation des temps présentiels et distanciels que vous pourrez détailler dans un espace d’onboarding en ligne.

Un conseil ! Assurez-vous au préalable que chacun d’entre eux est au courant qu’il va suivre une formation, qu’il connaît les enjeux individuels et collectifs de cette formation, les attentes au sortir de la formation en termes de mise en pratique en situation de travail. On découvre parfois avec étonnement dans les questionnaires d’avant-formation des apprenants qui déclarent ne pas savoir pourquoi ils sont inscrits !

Dans l’espace d’onbaording sur votre plateforme, vous pourrez intégrer :

  • un test de positionnement pour évaluer le niveau de compétences à l’entrée en formation. Cette information est très utile :
    • au formateur pour ajuster son accompagnement ;
    • et à l’équipe pédagogique pour renforcer si besoin certaines notions par des ressources e-learning asynchrones ;
  • une présentation des enjeux de la thématique et un rappel des objectifs. En intra, une vidéo du manager, du responsable formation, du/de la DRH, voire de
  • la direction générale sur des enjeux stratégiques, permet de renforcer l’engagement de l’apprenant ;
  • le déroulé détaillé de la formation présentant l’articulation dans le temps des différentes modalités ;
  • une démonstration/prise en main des outils digitaux à la disposition de l’apprenant.

Quelques jours avant le démarrage de la formation, n’hésitez pas à faire une piqûre de rappel par mail ou par sms, invitant l’apprenant à se connecter ou à se rendre en présentiel à l’heure et au lieu prévus. Plus l’inscription aura été réalisée en amont, plus la relance sera indispensable.

Durant la session de formation : combinaisons de haut-vol

Chaque modalité (présentielle/ distancielle ; synchrone/asynchrone ; individuelle/collective) n’est pas choisie au hasard ou empilée pour faire riche. Chacune répond à un objectif précis, une temporalité déterminée avec soin et maximise l’atteinte de cet objectif.

De façon générale, en fonction de la durée de la formation, de la disponibilité personnelle et professionnelle de l’apprenant, de l’opérationnalité des objectifs et des contraintes budgétaires de l’entreprise, le rapport entre activités distancielles et activités présentielles pourra varier fortement.

Par exemple, plus la formation aura une visée « corporate », d’adhésion à des valeurs, de construction d’un collectif de travail, plus la part de présentiel et de communication synchrone sera importante avec une dimension fondamentale de médiation de la relation de l’apprenant à ses apprentissages.

A l’inverse, un objectif d’acquisition de méthodes de travail, de connaissances techniques sur un produit, pourra faire la part belle au distanciel synchrone et asynchrone. Dans cette configuration, la dimension de médiatisation des contenus s’avèrera importante et devra être particulièrement soignée.

L’articulation de temps distanciels et présentiels permet d’entrelacer les temps formels de formation et les temps d’expérimentations à son poste de travail pour venir ensuite partager ses expériences avec la communauté apprenante et bénéficier des conseils et suggestions du formateur et de ses pairs.

Une idée ! Invitez l’apprenant à expérimenter en situation de travail, la nouvelle posture, le nouveau geste, le nouveau process acquis durant une séquence de formation et à réaliser un retour d’expérience en asynchrone pour bénéficier des conseils ou suggestions du formateur ou de ses pairs.

Concernant les évaluations formatives et sommatives, là encore les modalités peuvent s’articuler pour mesurer à la fois l’acquisition des connaissances en distanciel asynchrone par un quiz ou un cas pratique et valider les nouvelles compétences et leur transfert en situation de travail par une soutenance, un entretien ou une mise en situation en distanciel synchrone ou en présentiel. Le présentiel peut s’avérer très pertinent pour une évaluation collective sur des cas pratiques nécessitant l’intervention de plusieurs personnes comme en gestion de projet ou en management, par exemple.

L’après-formation : pour ne pas rester sur sa fin

La fin de l’action formelle de formation marque (ou du moins devrait-elle marquer) le début de la mobilisation des nouvelles compétences sur le poste de travail. Cette étape consitue le véritable critère d’évaluation de l’efficacité de la formation. L’accompagner par une succession d’actions distancielles ou présentielles espacées dans le temps est un gage d’ancrage pérenne et de poursuite de la progression de l’apprenant, surtout si ces actions post-formation sont soutenues et guidées par le manager de l’apprenant.

Ainsi des actions en présentiel ou en distanciel synchrone de coaching pour aider à mettre en œuvre les acquis, des séances de co-développement en présentiel pour résoudre les difficultés rencontrées ou bénéficier de l’expérience de ses pairs, des rappels de bonnes pratiques en distanciel asynchrone peuvent se révéler d’excellents compléments post-formation.

Le post-formation est également l’occasion de réaliser un bilan final de compétences pour apprécier, au regard du test de positionnement initial, la progression de l’apprenant et définir ses axes d’amélioration.

2.
Trois « U »

Entamer une démarche de réingénierie de la formation pour créer un nouveau parcours hybride à partir de ressources distancielles ou de sessions présentielles est indispensable.

La digitalisation d’une partie du présentiel nécessite d’abandonner la démarche unitaire de digitalisation tâche par tâche. Il s’agit de conserver les ressources pertinentes utilisées en présentielles pour les adapter et les inclure dans une ingénierie hybride avec une scénarisation et une temporalité adaptées au digital et à la distance et d’ajouter des ressources pédagogiques nouvelles impossibles à mettre en œuvre sans outils dédiés.

La principale difficulté réside dans la structuration des savoirs, la liaison pédagogique entre les séquences distancielles et présentielles, l’évaluation et la progressivité des activités pour atteindre l’objectif pédagogique défini en amont. Sans cela, l’entreprise s’expose aux critiques qui se sont abattues (souvent à juste titre) sur le e-Learning à ses débuts (complexité technique et pédagogique, isolement de l’apprenant…).

Chaque contenu/ressource doit ainsi respecter les « 3 U » pour combattre la distance technologique que pourrait induire la digitalisation de tout ou partie de la formation :

  • Utile : il comporte un réel intérêt pédagogique, il facilite la compréhension, stimule l’attention, est attractif.
  • Utilisable : sa mise en œuvre est simple ; sa fiabilité éprouvée ; sa prise en main rapide.
  • Utilisé : il répond à de vraies attentes, les participants démontrent une volonté de s’en servir, il apporte une dimension supplémentaire à l’apprentissage et ses résultats sont mesurables.

Les activités distancielles supposent une médiatisation des ressources pédagogiques et leur parfaite articulation avec le déroulé des séquences présentielles :

  • un module distanciel asynchrone va transmettre les bases théoriques indispensables des apprentissages ;
  • une vidéo pédagogique (courte et scénarisée) va introduire une dynamique nouvelle dans l’acquisition des savoirs. Enrichie de schémas explicatifs, en appui du propos du formateur, elle peut favoriser la compréhension de notions plus complexes. Elle peut également être utilisée en début de parcours pour présenter la démarche et les objectifs et faire adhérer l’apprenant ;
  • la séquence présentielle pourra être consacrée à la mise en pratique des savoirs et à des jeux de rôle, qui pourront être débriefés en présentiel ou lors de séances distancielles synchrones ;
  • les quiz et autres exercices d’auto-évaluation vont mesurer, avant la formation et/ou durant le parcours, le niveau de connaissance acquis, la progression de l’apprenant en lui permettant de mesurer ses progrès et les lacunes à combler. A l’issue de la formation, ils pourront constituer une évaluation des savoirs, connaissances et compétences acquises.

Les modalités asynchrones sont, en général, à privilégier pour l’acquisition individuelle des savoirs. L’apprenant évolue à son rythme, dans une démarche souvent non linéaire qui lui permet de choisir l’ordre dans lequel il va aborder les différentes notions.

Un conseil méthodologique ! Les questions à se poser en phase de médiatisation de ressources existantes :

  • En quoi consiste la nouvelle tâche ?
  • Une partie de la tâche initiale sera-t-elle conservée ?
  • Comment la nouvelle tâche est-elle rendue possible uniquement par la nouvelle technologie ?
  • En quoi contribue-t-elle à ma conception ?

Il en va de même lorsque l’on enrichit sa séquence présentielle d’activités digitales (sondages, quiz, travail sur des outils collaboratifs digitaux…).

N’oubliez pas l’accompagnement !

Au-delà du choix de la modalité pour les ressources et les séquences, c’est l’accompagnement de l’apprenant durant tout le parcours qu’il est important de mettre en musique.

Il s’agit de tous les modes d’intervention (essentiellement synchrones et souvent collaboratifs) permettant de créer du lien entre l’apprenant et ses pairs et avec le formateur pour favoriser la conscientisation des apprentissages. Tous les leviers de médiation doivent être scénarisés et trouver leur place dans le parcours afin de renforcer l’engagement de l’apprenant, sa motivation et in fine sa montée en compétences.

Pour un accompagnement efficace, tous les modes de communication (réseaux sociaux, forums, classes virtuelles, présentiel, wiki et autres espaces de travail collaboratif) à même de favoriser l’interaction entre pairs et avec le formateur, de créer du lien social entre les acteurs de la formation et d’amener l’apprenant à prendre conscience qu’il est en train d’apprendre (méta-cognition) peuvent être utilisés. Les tchat, classes virtuelles et webinaires permettent là encore de créer du lien social et de répondre aux questions des apprenants sur un point précis du parcours. Ils entretiennent la motivation de l’apprenant.

Les sessions présentielles sont naturellement le moment idéal pour mettre en pratique les savoirs acquis à distance (jeux de rôle, mises en situation…), favoriser les échanges entre apprenants et avec le formateur, lever les blocages.

Une réserve ! Certaines thématiques de formation peuvent toucher à la vie personnelle de l’apprenant. C’est par exemple le cas d’une formation à la Confiance en Soi, à la Gestion des conflits mais également à la communication qui peuvent entraver la libre expression en groupe. Dans ce cas, bénéficier d’un canal distanciel synchrone ou asynchrone de discussion privée avec l’expert constitue un atout.

Au-delà du présentiel, les modalités synchrones sont fondamentales dans l’engagement social de l’apprenant et la transformation des savoirs en compétences opérationnelles. Elles permettent de le guider dans ses apprentissages et d’instaurer une collaboration dans le groupe.

3.
Trois grands modèles

Articuler présentiel et distanciel dans un parcours de formation peut donc prendre différentes formes. De façon générale, on retrouve 3 grands types d’articulation des modalités. Pour chaque modèle, vous retrouverez un cas d’usage possible.

Modèle 1 : articulation linéaire à 2 temps 

Modèle 2 : articulation alternée

Modèle 3 : articulation parallélisé

Dans chacun de ses modèles, le formateur peut assurer le présentiel et animer la communauté apprenante à distance. Mais les rôles peuvent également être séparés entre animation du présentiel et animation du distanciel.

Quel que soit le scénario retenu, chaque séquence distancielle regroupe des temps synchrones et asycnhrones et chaque regroupement en présentiel est potentiellement enrichi de temps distanciel en autonomie (sondages, quiz…).

4.
Quelques conseils avant de se lancer…

Il n’y a pas de format hybride type. La littérature scientifique sur le sujet recense plus de 40 modèles possibles en faisant varier :

  • les différentes modalités : présentielle/distancielle ; synchrone/asynchrone ; collaborative/autonome ;
  • les durées respectives de ces modalités ;
  • les grands objectifs qui leur sont respectivement assignés.

En revanche, les principes clés s’appliquent ici comme dans n’importe quel dispositif :

  • définir précisément les objectifs ;
  • respecter la règle des 3 U pour les ressources distancielles ;
  • connaître son public cible ;
  • ne pas sous-estimer le temps de scénarisation du parcours souvent supérieur à un parcours présentiel, distanciel ou blended classique dans la mesure où :
    • cette scénarisation n’est plus rythmée par une durée mais par les différentes options (le parcours n’est plus linéaire mais bien à la carte et flexible selon les choix d’usage de l’apprenant) offertes dans le parcours pour atteindre le résultat ;
    • l’ingénieur pédagogique puis le formateur vont devoir s’assurer du bon accompagnement de chaque individu formé mais également de la communauté apprenante présente sur la session ;
  • expliquer clairement le déroulé et présenter le calendrier à l’apprenant en amont de la formation ;
  • guider l’apprenant dans la gestion de son temps et la planification de ses apprentissages ;
  • assurer une présence à distance pour éviter l’isolement de l’apprenant et le guider vers l’autonomie pour choisir les modalités et les temporalités les plus
  • adaptées à ses disponibilités, ses préférences, ses habitudes ;
  • jouer sur la diversité des formats et des activités en favorisant le collaboratif.