1. Que Marx repose en paix

2. Les fonctionnalités qui font la différence

3. Finir par le « Comment »

Est-il encore besoin de présenter l’utilité et le fonctionnement des classes virtuelles en 2022 ?

La seule réponse à cette question est aujourd’hui : plus que jamais !

Entre les solutions de visioconférence de type Zoom, Teams, Google Meet auto-proclamées classes virtuelles en 2020 et désormais enrichies de fonctionnalités d’apprentissage, les applications nativement développées pour accompagner la formation synchrone qu’il s’agisse de classes virtuelles ou de plateformes « live » d’apprentissage destinées à enrichir les séquences présentielles, les LMS intégrant des fonctionnalités de classes virtuelles, si l’on revenait à la question centrale : Pourquoi ?

START WITH WHY dit Simon Sinek !

Au centre du débat, la distinction présentiel-distanciel perd de sa pertinence, là où la complémentarité synchrone-asynchrone et le continuum pédagogique prennent tout leur sens. Reste en revanche, la question de l’objectif ? Quel bénéfice pour l’apprenant dans quelle situation d’apprentissage et à quel moment du parcours ?

A partir de là, que l’on ne s’y trompe pas. Il ne sera pas ici question d’information, mais bien de formation et de compétences, donc de connaissances académiques, procédurales et posturales articulées et mobilisées dans le cadre d’une situation de travail donnée. Un webinaire n’est donc pas une action de formation. En revanche, il peut être intéressant pour lancer une action de formation et en expliciter les objectifs, les modalités et le déroulé. De façon générale, le webinaire se caractérise par la transmission à distance et en synchrone d’informations entre un animateur et des participants. La séance sera essentiellement descendante et la part d’échanges souvent réduite à une session de questions-réponses en fin de présentation. L’interaction et l’apprentissage n’en sont pas, contrairement à la classe virtuelle ou au présentiel enrichi, la finalité.

1.
Que Marx repose en paix

Nous en sommes tous convaincus : il est plus que temps de remiser les vieux débats qui opposaient, dans le monde d’avant (avant les confinements, la distanciation sociale et le travail hybride) les partisans du présentiel aux promoteurs du distanciel. Va-t-on parvenir à sortir de la lutte des classes virtuelles ou présentielles en cessant de confondre formation et modalité ?

Un seul objectif, la transmission de savoirs, savoir-faire et savoir-être, au travers de deux types de solution d’animation qui viennent soutenir l’action du formateur :

  • en classe virtuelle au travers d’outils dédiés ou directement présents dans un LMS,
  • en présentiel enrichi pour les live learning platforms,
  • par formule hybride en interfaçant live learning platform et solution de classe virtuelle.

A chacun selon ses besoins

La classe virtuelle est une séance de formation synchrone à distance comprenant un nombre de participants limités (au-delà de 15 participants, l’interaction risque d’être très limitée et les apports trop descendants). Le niveau d’interaction peut varier selon les profils d’apprenants, la thématique de formation et les objectifs pédagogiques.

De l’apport de savoirs, savoir-faire ou savoir-être à la mise en pratique au travers de jeux de rôle en sous-groupe, du partage d’expérience analysé par le formateur et à la remédiation individuelle ou collective, la séance donnera lieu dans tous les cas à une évaluation de son efficacité par un quiz réalisable en session ou en asynchrone et si possible un questionnaire de satisfaction au terme de chaque session synchrone.

Pour ce qui est des solutions digitales collaboratives (Live Learning Platform), elles permettent :

  • de rythmer une session de formation présentielle et d’engager l’apprenant dans une expérience de présentiel enrichi :  l’apprenant est alors invité à se connecter à une application dédiée via son smartphone, sa tablette, ou son ordinateur portable pour :
    • enrichir ses apprentissages au travers de ressources complémentaires aux propos du formateur accessibles en « just in time »,
      maintenir son attention et son engagement au travers de sondages ou de quiz,
    • adresser des messages au formateur qui pourra ainsi se rendre compte des blocages ou des difficultés en temps réel…
  • d’augmenter la diversité des activités et interactions au sein d’une classe virtuelle. Certaines de ces applications s’interfacent ainsi désormais avec des outils de visio-conférence pour une utilisation en distanciel.

De chacun selon son utilité

Quel que soit le modèle, les premières étapes pour lancer une action de formation demeurent la définition des objectifs, l’identification du public cible, de ses attentes et de ses contraintes comme de celles de l’entreprise qui souhaite former ses collaborateurs. Dans les contraintes et attentes, la modalité constitue une partie de la réponse. Quelques exemples :

  • l’entreprise rencontre, outre un besoin de développer les compétences de ses collaborateurs, une problématique de cohésion des équipes : dans ce cas un intra en tout ou partie présentiel enrichi d’interactions digitales durant la séquence peut dynamiser le collectif tout en renforçant la performance ;
  • les collaborateurs sont géographiquement dispersés et la session en présentiel serait trop coûteuse au regard de l’enjeu : un inter à distance articulant temps synchrones et asynchrones peut avoir du sens ;
  • un intra présentiel a été priorisé pour rassembler les collaborateurs qui travaillent sur site mais certains salariés en télétravail pourraient avoir du mal à se rendre dans les locaux : un format « bi-modal » est en train d’émerger dans les offres des organismes de formation permettant d’animer une même séquence à la fois en présentiel pour les présents sur site et en distanciel pour ceux qui seraient dans l’impossibilité de se déplacer. L’intérêt pourra alors résider ici dans une parallélisation des interactions digitales réalisées en même temps en salle au travers d’applications de présentiel enrichi et en classe virtuelle au travers des outils et fonctionnalités de la solution retenue.

Dans ces différentes configuration, l’outil de classe virtuelle et/ou la solution de présentiel enrichi constituent des moyens au service d’une ingénierie pédagogique et d’une scénarisation complète et articulée entre séquences synchrones et asynchrones. Le formateur reste le maillon central de l’animation, de l’engagement, de la compréhension de la transposition des compétences en situation de travail et de l’ancrage dans la durée.

Pour éviter que l’outil ne dicte la pédagogie, que l’on parle classe virtuelle ou présentiel enrichi, il est préférable de respecter les « 3U » :

  • Utile : son intérêt pédagogique est démontré, il facilite la compréhension, stimule l’attention, est attractif.
  • Utilisable : sa mise en œuvre est simple ; sa fiabilité éprouvée ; sa prise en main rapide tant par le formateur que par les participants.
  • Utilisé : il répond à de vraies attentes, les participants démontrent une volonté de s’en servir, il apporte une dimension supplémentaire à l’apprentissage et ses résultats sont mesurables.

2.
Les fonctionnalités qui font la différence

Il existe de nombreuses solutions de classe virtuelle ou de présentiel enrichi sur le marché. Certaines fonctionnalités se retrouvent sur l’ensemble des outils alors que d’autres sont plus spécifiques et permettent d’articuler plus facilement les séquences synchrones-asynchrones et de scénariser les inter-sessions présentielles.

Voyage en première classe

Les solutions de classes virtuelles comme les outils de visio-conférence possèdent généralement des fonctionnalités génériques :

  • une interface de communication utilisant une webcam et une fonction de voix sur IP (possibilité de discuter via l’ordinateur ou par téléphone) ;
  • des paramètres de gestion de la caméra et du micro avec la possibilité de connecter ou de déconnecter l’une ou l’autre fonctionnalité en fonction de ses interventions (il est préférable de couper son micro pour éviter les bruits parasites lorsque l’on n’a pas à intervenir ; de même en cas de faible débit, couper sa caméra peut permettre de fluidifier la communication) ;
  • une fonctionnalité de partage d’écran pour projeter et de chat pour dialoguer sans couper la parole à l’intervenant ;
  • la possibilité d’enregistrer la séquence synchrone (attention au droit à l’image sur ce point, mieux vaut recueillir le consentement des participants en amont) afin de disposer d’un replay pour les absents ou pour créer, à partir de la séquence live, des ressources pédagogiques asynchrones ou utilisables en session présentielle ;
  • la possibilité de créer des salles de sous-groupe pour des séquences de réflexion, de brainstorming, de travail collaboratif efficace, de remédiation individuelle…

En revanche, spécifiquement conçues pour la formation et la montée en compétences de l’apprenant, les solutions de classes virtuelles dédiées disposent souvent de fonctionnalités plus avancées (nombre de solutions de visio-conférence en intègrent également régulièrement compte tenu de la croissance des événements et réunions réalisés aujourd’hui en synchrone distanciel), parmi lesquelles :

  • des outils collaboratifs, vecteurs d’interactivité comme le tableau blanc, les documents partagés voire certaines applications collaboratives externes (directement accessibles depuis l’application de classe virtuelle)
  • le sondage ou le moteur de quiz qui permet d’organiser des sessions de questions-réponses, de mesurer la compréhension et d’identifier les freins potentiels rencontrés par les apprenants ou de challenger le groupe ;
  • des fonctionnalités de gestion de ressources pédagogiques multi-formats dans une approche plateforme de formation (soit que la solution de classe virtuelle est intégrée à un LMS, soit que la solution embarque des espaces de stockage et de diffusion de documents)
  • des outils d’administration de la communauté d’apprenants :
    • en amont avec l’agenda permettant de programmer les sessions et d’inviter les participants,
    • en animation avec des fonctions de distribution de la parole par le formateur, de création de salles de sous-groupe ou même d’émargement pour attester de la présence.

Les nouveaux riches

Les solutions de présentiel enrichi (Live Learning Platform) s’utilisent désormais, pour nombre d’entre elles, également en distanciel synchrone offrant une approche plateforme d’apprentissage live. Elles possèdent des fonctionnalités d’animation, d’interaction voire de collaboration ou de remédiation intéressantes pour le formateur présentiel ou digital learning.

Elles permettent d’augmenter l’engagement ou le sentiment d’efficacité personnelle de l’apprenant par :

  • des jeux pédagogiques ;
  • des sondages dont les résultats sont exploitables directement par le formateur et/ou par le groupe ;
  • des quiz en introduction ou en conclusion de chaque notion abordée selon que le quiz soit utilisées en activité d’inclusion (en introduction) ou en véritable activité d’évaluation ;
  • des outils de travail collaboratif pour brainstormer, créer des cartes mentales, co-construire une pratique, un savoir, résoudre un cas pratique…

Au niveau du groupe, elles permettent de challenger chaque participant par des épreuves individuelles ou collectives dont le résultat est communiqué en temps réel.

Elles sont accessibles sur smartphone, tablette ou ordinateur. Selon la configuration et l’outil, elles s’utilisent en mode online et même offline.

La double utilisation de ces outils (présentielle et distancielle) peut s’avérer particulièrement intéressante dans le cadre de sessions bi-modales (à la fois présentielle et distancielle pour ceux qui ne peuvent se déplacer). En effet, plutôt que doubler les écrans nécessaires aux participants restés en distanciel, ils permettent l’intégration de certaines activités à la fois dans l’outil de classe virtuelle et dans la salle.

3.
Finir par le « Comment »

A partir par le “Pourquoi”, autant finir par le “Comment”.

Aucun outil ne dispense l’équipe pédagogique de concevoir et de scénariser des séquences engageantes et pertinentes au vu de l’objectif pédagogique, ni le formateur de soigner son intervention.

Rappel de quelques bonnes pratiques d’animation en classe virtuelle

Avant l’heure tu arriveras 

Il vaut mieux arriver au moins 10 minutes avant l’heure pour faire face à un éventuel problème technique, tester le son et la caméra. Les documents à projeter ou à partager auront été téléchargés à l’avance.

SI la solution de classe virtuelle utilisée dispose d’une salle d’attente virtuelle, mieux vaut ouvrir la salle un peu avant l’heure pour accueillir chaque apprenant et l’inviter à tester sa caméra et son micro, à prendre en main les grandes fonctionnalités d’interactions comme le chat ou le sondage…

Ton accueil tu soigneras

Il est important pour le formateur de démarrer à l’heure, de se présenter, de rappeler les objectifs et les règles de bienséance au sein de la classe virtuelle :

  • couper son micro lors des phases où l’intervention de l’apprenant n’est pas requise ;
  • lever la main pour solliciter la parole pour éviter la cacophonie et la perte de temps ;
  • faire preuve de bienveillance et de respect envers tous.

Ta session tu dynamiseras 

le soin apporté à la scénarisation de la classe virtuelle est un gage de qualité. Pour susciter la curiosité et maintenir l’engagement et la motivation de l’apprenant, enchaîner des activités variées et marquer des ruptures permet d’impulser un rythme et de relancer l’intérêt régulièrement ;
la voix est un puissant vecteur d’émotion : répéter ses animations permet de trouver une intonation dynamique tout en respectant un débit adapté à l’activité et être capable de varier pour capter l’attention à des moments clés ou marquer l’enchaînement des activités par exemple ;
les solutions de classes virtuelles permettent d’annoter en live les documents partagés : entourer les mots clés, illustrer les propos d’un schéma réalisé en direct, relier des notions sont autant de leviers d’animation qui focalisent l’attention de l’apprenant et favorisent la mémorisation ;
interpeller les participants régulièrement (toutes les 3 ou 4 minutes, par exemple) au cours de la présentation pour leur demander de résumer les points clés ou de résoudre un problème ou encore de répondre à une question via l’outil de sondage, constituent des leviers d’engagement.

Maître du temps tu resteras

Attention à ne pas laisser filer le temps, que ce soit par des digressions ou lors des interventions orales des apprenants. Demander d’utiliser le chat écrit ou l’outil de sondage permet de cadrer plus précisément les temps d’intervention et de garder le contrôle. Cela constitue en outre un exercice de mémorisation pour l’apprenant par l’effort de reformulation que va nécessiter l’exercice.

Conclure tu n’oublieras pas

Au même titre que l’accueil, la clôture de la classe virtuelle est un moment clé. C’est l’occasion de s’assurer que tous les points prévus dans le programme ont été abordés et que ne subsiste aucune incompréhension. C’est également le moment d’évaluer la satisfaction à chaud à travers d’un outil de sondage ou la mémorisation par un quiz.

Cette étape de clôture est enfin une excellente occasion de présenter la suite du parcours de formation le cas échéant, de rappeler les rendez-vous suivants en classe virtuelle ou en présentiel et les pré-requis ou les travaux inter-sessions.

Pour tirer le meilleur des live learning platform

Enrichir ses sessions présentielles d’interactions digitales nécessite, à l’instar de la classe virtuelle, une préparation minutieuse amont pour articuler et assurer la fluidité entre ce qui se passe dans la salle et ce qui se passe sur l’écran.

Une prise en main tu assureras

Lors d’un présentiel enrichi et durant la phase d’accueil des participants et de présentation de la journée, il est naturellement indispensable d’expliquer les modalités d’accès à la solution digitale et d’inviter chaque participant à se connecter et à prendre en main l’application. L’objectif : que tous les stagiaires soient prêts au moment de réaliser une activité digitale. Expliquer l’intérêt des activités proposées par ce biais va en outre renforcer l’adhésion.

Un objectif tu définiras

Intégrer des activités digitales dans une session présentielle ne doit pas s’apparenter à un gadget. Chaque sondage diffusé, chaque quiz proposé doit correspondre à un objectif précis contextualisé au déroulé et à la notion abordée. Les articuler dans le déroulé de la journée lors de la préparation et en évaluer précisément la durée peut éviter une perte de temps et une perte d’attention. Les interactions digitales en présentiel ne sont pas des moments de pause déguisée.

Les résultats tu commenteras, aux messages tu répondras

L’activité digitale proposée en présentiel, puisqu’elle répond à un objectif précis, constitue une occasion pour le formateur d’évaluer le niveau de compréhension, les attentes, les interrogations de chaque participant ou du groupe. Aucune activité digitale ne peut rester sans commentaire après sa réalisation. Les résultats peuvent être projetés en salle et donner lieu à débat, à précision ou à remédiation.

Le futur tu annonceras

Au début de la journée et/ou en conclusion, il est utile de rappeler le cas échéant la possibilité pour tous les participants d’accéder aux documents via l’application ou d’inviter à réaliser d’autres activités en post-formation ou dans le cadre d’une inter-session.

Bonne animation !