En décembre, j’ai publié un article en anglais dans la revue IRRODL sur la question des problématiques d’éthique posées par l’exploitation des traces (learning analytics) issues des MOOC. C’est un débat assez vivace dans le monde anglo-saxon (beaucoup moins en France), et vous trouverez dans les références un peu de littérature si le sujet vous intéresse.
En premier lieu, et c’est une différence notable avec la configuration où les traces d’un étudiant sont mobilisées par son université, la grande majorité des apprenants des MOOC n’ont aucun lien avec l’établissement en charge des cours, ce qui signifie qu’ils ont peu ou pas d’influence sur le processus décisionnel des plateformes correspondantes.
Deuxième élément d’intérêt : la transmission, à des tiers, des données issues des plateformes. En effet, les employeurs peuvent exprimer un scepticisme quant à la valeur des certificats de MOOC, et ils pourraient être intéressés par d’autres types de données générées par ces cours. Rappelons que le partage de données avec des tiers (des recruteurs potentiels, etc.) était considéré à l’origine comme un modèle d’affaires potentiel pour les MOOC, et, me semble-t-il, il est actuellement en place avec des plateformes de cours telles que Udacity. Le problème, c’est que des tiers tels que les recruteurs peuvent être intéressés par des données dont la transmission est peu susceptible de favoriser les apprenants. Les habitudes d’apprentissage et les informations sur les cours que les utilisateurs n’ont pas terminés pour une raison ou pour une autre peuvent aider les employeurs à mieux cerner le profil d’une personne, à son insu.
La transmission de ce type de données signifierait un contrôle bien moindre des apprenants sur ce qu’ils affichent de leur activité sur la plateforme de cours ; ce serait un changement important par rapport à la situation actuelle, où les individus montrent principalement les cours auxquels ils ont participé, ou les certificats qu’ils ont obtenus, mais pas leurs notes. En d’autres termes, la symétrie de l’information peut être dans l’intérêt de l’employeur, mais pas dans celui du candidat potentiel. Les apprenants peuvent être conscients de ce déséquilibre, et pourraient se montrer réticents à partager des données sur leurs habitudes et méthodes d’apprentissage.