Les «Uber de quelque chose» font leur crise d’adolescence
Pour autant on a vu ces temps derniers un certain nombre de jeunes start-up ne pas réussir à transformer l’essai après des débuts plus ou moins prometteurs, aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis d’ailleurs. De Homejoy à Take Eat Easy en passant par Spoon Rocket, Washio, Save… le cimetière est en train de se peupler relativement vite.
Les causes sont différentes selon les cas: inconsistance de l’expérience client, trop d’assets physiques, opérations mal maitrisées… A chacun sa croix. Pour autant il y a quand même une chose à retenir sur le marché de l’ubérisation.
Le modèle fonctionne tant que:
- les investisseurs pensent qu’un leader peut prendre une position de monopole. N’oublions pas que l’économie digitale est une économie de quasi monopoles, seul moyen de survivre sur des activités à faibles marges.
- les investisseurs pensent que ce leader peut être vous.
On ne parie que sur ceux qui peuvent devenir un leader monopolistique. Les autres quittent le marché.
La seconde condition, elle, se rappelle à notre bon souvenir en ce moment même. Car les échecs évoqués plus haut ne concernent pas des entreprises naissantes qui échouent dès leurs premiers pas mais plutôt des entreprises adolescentes qui ont déjà réussi une belle première levée de fonds, voire une seconde.
Le cas de Take Eat Easy est symptomatique. Les financiers n’ont pas voulu remettre au pot alors que l’entreprise n’arrivait pas à gagner d’argent en raison d’opérations mal maîtrisées. Ce qui ne signifie pas que la «food tech» ne fonctionne pas. Mais si tout le monde est égal sur la ligne de départ –où l’était il y a quelques mois ou années-, le temps passant on a une meilleure idée de qui peut devenir LE leader monopolistique du secteur. Alors que Take Eat Easy mettait la clé sous la porte, son concurrent Deliveroo levait 275 millions de dollars.
Les Ubers vont devoir devenir rentables vite
Pour autant les survivants ont-ils gagné la partie?
Les pertes récurrentes d’Uber doivent nous obliger à garder quelques éléments en tête.
- L’ubérisation demande un investissement massif afin de couvrir les pertes le temps que la taille critique et la situation de quasi-monopole soit atteinte. Les investisseurs choisissent un cheval et misent beaucoup sur lui, le saturent de cash jusqu’à ce qu’il arrive à étouffer les autres.
- Une fois la situation de quasi-monopole atteinte l’enjeu porte sur la maîtrise des opérations et de leurs coûts. Car à ce moment les investisseurs vont devenir intraitables dans leur exigence de rentabilité. Quand on mise plusieurs centaines de millions de dollar sur un cheval et qu’on a fini par éliminer la concurrence, on veut un retour en proportion.
Rien ne prouve qu’Uber et ses clônes ont gagné la partie
En attendant, et contrairement aux dires des Cassandre, les acteurs «traditionnels» ne sont pas encore mort, n’ont pas (tous) disparu et ont pour certain entamé leur transformation. Lentement –ils ont du faire coexister deux modèles– mais sûrement. Et, surtout, de manière rentable car ils n’ont pas joué la carte de l’hyper croissance, bloqués qu’ils étaient par le modèle historique qu’ils devaient encore assumer.
Aujourd’hui tout le monde veut devenir le Uber de quelque chose. Un terme valise qui recouvre plusieurs réalités différentes qui n’ont pour certaines pas grand chose à voir les unes avec les autres mais peu importe.