L’enseignement de demain passera par le digital, comme tous les aspects de la société. La «classe inversée» en donne un avant-goût. Reportage.

Les tables sont réunies en îlots. Autour, quatre étudiants. Les élèves travaillent entre eux et se parlent en anglais. Bienvenue à la Haute École d’ingénierie et de gestion (HEIG-VD) d’Yverdon, où une période d’anglais pas comme les autres est en train d’être donnée. La classe d’Ariane Dumont frappe d’emblée le regard. L’enseignante ne dispense pas de cours à l’ancienne. Ses élèves ont bûché leur leçon les jours précédents, en se rendant sur une plate-forme Internet. Là, un texte de la Harvard Business Revue , qu’ils devaient commenter en ligne, les attendait. L’ensemble se transforme en une sorte de forum virtuel où chacun est chargé non seulement de questionner le texte mais de donner des explications. Les étudiants s’échangent mutuellement des informations, sous contrôle de l’enseignante.

Une classe inversée

Fini la prof qui récite le cours. Ici, l’enseignante ne fait plus la leçon devant tous ses élèves, mais s’arrête auprès de chaque groupe. Une chaise lui est systématiquement réservée. De quoi favoriser la proximité. On passe d’une classe mettant en avant le professeur à un enseignement centré sur l’élève. C’est le fonctionnement de la classe dite inversée, dont Ariane Dumont est une fervente militante. Le principe vise à responsabiliser les étudiants dans leur apprentissage.

Le digital en complément

Alors, à quoi pourrait ressembler l’école du futur? Pour Pierre Dillenbourg, professeur à l’EPFL et président du Swiss EdTech Collider, la réponse est des plus nuancées, tant l’avenir est en cours d’écriture. Il y a quatre ans, on a parlé de l’introduction de tablettes dans certaines classes privées. Dans l’enseignement public, en revanche, Pierre Dillenbourg mesure le retard pris par l’école vaudoise en matière de digitalisation.

Le futur de l’enseignement n’est donc pas écrit. Mais toute la question est de savoir qui va s’en charger. «Est-ce que ce sont de grandes compagnies comme Google qui doivent l’écrire?» pose le professeur, qui milite pour que cet avenir se construise dans la région. C’est tout l’intérêt d’un pôle dédié aux edtechs dans les hautes écoles. (24 heures)

 

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