Dans la société numérique, le respect de la loi n’est en rien un gage d’honnêteté.

Il y a quelques années un dirigeant d’organisme paritaire me confiait sa doctrine :« la loi, toute la loi, rien que la loi… » et force est de constater que ce dirigeant était en perpétuels conflits. Il ne savait pas ce que « négociation » voulait dire, encore moins « compromis ». Au final, il n’a jamais eu à prendre de décision puisque la ligne magique de « légal — pas légal » s’y substituait. Pour lui, la vie se résumait à une muraille infranchissable avant et après laquelle il n’y avait rien.

Pourtant, les sociétés se sont construites à partir de la régulation humaine reposant sur des notions plus ajustables telles que l’éthique ou l’honnêteté. Deux concepts moins rigides que la loi et dont la souplesse a permis le plus souvent les grandes avancées : dans les sociétés démocratiques la loi n’intervenant que lorsque le bon sens commun fait défaut. Mais la loi n’est jamais anticipatrice, elle cherche le plus souvent à compenser des excès que la régulation, qui devrait être naturelle entre les différents protagonistes, ne suffit pas.

Prendre la loi comme unique credo est souvent, à terme, suicidaire : la noblesse de 1789 appliquait certainement la loi, rien que la loi et toute la loi…, mais elle n’en pas moins été décapitée. Le sentiment d’équité n’existait plus et la justice, reposant exclusivement sur le respect ou non de la loi, était paradoxalement perçue comme injuste : les privilèges de quelques-uns étaient devenus indécents pour la multitude des autres. A chaque fois que ceux qui influent sur la loi en sont les premiers bénéficiaires et en revendiquent le strict respect, excluant toutes les souplesses de l’honnêteté, de l’éthique et du bon sens de la vie en société, le sentiment d’iniquité finit par les balayer.

Dans une société numérique, qui accroît les écarts, le phénomène est particulièrement frappant : la vitesse de la technologie, le retard du législateur, l’incompréhension des utilisateurs, permettent à quelques personnes, particulièrement peu soucieuses du bien d’autrui, de faire fi de toutes les règles de bon sens et de décence qui gèrent la vie en société. Voir les dirigeants des grands groupes du numérique s’enrichir par dizaines de milliards de dollars en moins de 2 décennies, relèvent d’une abyssale indécence humaine au regard de laquelle celle des pouvoirs tyranniques n’a pas grand-chose à envier.

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