En formation initiale, le développement d’une posture réflexive n’est pas perçu instinctivement par les enseignants stagiaires comme un dispositif utile à leur entrée dans le métier. Souvent éloignés de leurs préoccupations professionnelles, les activités d’analyse des pratiques et les écrits sur l’action sont en effet exigeants en termes d’investissement cognitif et d’appropriation d’une culture scientifique ; ils ne répondent guère aux attentes immédiates des débutants, plus préoccupés par les questions de gestion de classe, etc. 

Prenant en compte les difficultés pour le praticien novice — et même confirmé — de « mettre en mémoire » des observations, des questions, des doutes dans le feu de l’action, Marguerite Altet, chercheuse spécialiste des pratiques enseignantes, propose plutôt qu’il ou elle réfléchisse dans l’après-coup à son analyse de la situation faite dans l’action. Cette façon de procéder permet d’identifier des « routines », des « schèmes d’action » ou « habitus », pour reprendre les concepts du psychologue Jean Piaget ou du sociologue Pierre Bourdieu. 

Ainsi, la notion de réflexivité marque une rupture avec un modèle « applicationniste » qui structure habituellement les prescriptions institutionnelles et selon lequel les pratiques professionnelles ne peuvent être que synonymes de mises en scène d’un savoir théorique et académique. L’articulation de la théorie, de la pratique et de la prescription nécessite pourtant, selon Isabelle Vinatier (2012), chercheuse spécialiste des sciences de la formation, de réfléchir sur son activité professionnelle à partir de trois sources de connaissances : l’expérience personnelle, la culture professionnelle et la recherche. Une réflexion pour le moins pertinente à l’heure des réformes d’ampleur à venir de la formation et du métier d’enseignant. 

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