1. Information ou formation

2. En plat unique ou dans la formule ?

3. Natifs ou recyclés ?

4. Outil natif ou outil responsive ?

5. LMS Natif ou LMS Responsive ?

CONCLUSION

Du mobile friendly au mobile first et avant le mobile only, nos habitudes évoluent, nos modes de consommation glissent vers le smartphone. Avec 75 % de mobinautes en France et 1,8 milliard d’applications téléchargées en 2018, la croissance du taux d’équipement est exponentielle.

Et que fait-on durant toutes ces minutes les yeux rivés à ce tout petit écran ?

Tout bien sûr ! On communique, on consomme, on se divertit, on s’informe et, depuis quelques temps, certains s’y forment. A croire qu’il n’y a aucune limite à notre nouvelle vie en 5 pouces.

Alors, le mobile deviendrait-il une idée fixe ? Se former sur smartphone est-ce encore se former ? Et si oui, quelles sont les bonnes pratiques côté concepteurs et équipes formation pour distiller de petites capsules de connaissances et obtenir de grands effets sur les compétences de ses collaborateurs ?

Un petit tour de la question en 5 battles…

Battle 1.
Information ou formation ?

Le mobile learning est-il encore de la formation ? Pour répondre à cette question et avant d’aborder ce qui caractérise une formation, procédons par élimination.

Pourquoi le mobile learning n’est pas un simple diffuseur de données ou d’information ?

  • Une donnée est un élément brut, un fait qui, sorti de tout contexte et pris de façon isolée, a peu de sens
  • Une information est une donnée interprétée, replacée dans un contexte et qui de ce fait acquiert un sens. L’information permet de répondre aux questions : « Qui », « Quoi », « Quand »
  • Une connaissance est une information digérée, intégrée dans les représentations mentales de celui qui la détient
  • Une compétence est la mobilisation de plusieurs connaissances dans une situation et un contexte précis.

Les séquences et parcours de formation en mobile learning sont composés de micro-capsules de 30 secondes à 5 minutes qui renferment une information totalement contextualisée et mobilisable en situation de travail pour répondre à l’objectif pédagogique défini en amont avec l’entreprise. Ce sont donc bien des connaissances précises et transférables en situation de travail que l’on va pousser sur le smartphone.

Des séquences d’évaluation le distinguent encore un peu plus de l’information et en font donc un véritable outil de formation, en adéquation avec nos habitudes et nos usages digitaux de consommation, de lecture et de divertissement.

Le mobile learning s’intègre ainsi parfaitement dans la succession quotidienne de nos activités désormais largement déportées sur smartphone. Le micro-learning, corollaire indispensable du mobile learning, permet de cibler les connaissances utiles et de créer une routine d’apprentissage au quotidien dans une démarche dynamique à même de maximiser l’engagement.

Chaque capsule quotidienne peut se conclure par une invitation à appliquer les acquis du jour pour renforcer la trace mémorielle et transformer les connaissances en compétences métier. Un cas d’usage contextualisé au poste de l’apprenant peut ainsi lui permettre d’imaginer comment appliquer immédiatement ce qu’il vient d’apprendre. Cette invitation à l’action peut être accompagnée d’une application de coaching.

Associé au mobile learning, le micro-learning base son efficacité sur son format court qui favorise une scénarisation pédagogique combinant rythme, récurrence et régularité. La pédagogie n’est-elle pas l’art de la répétition ? Et la répétition, on le sait maintenant, est le levier le plus efficace pour lutter contre l’oubli.

Le format court et dynamique, le plus souvent gamifié, vise à susciter l’envie de revenir chez l’apprenant, créant un véritable « learning d’engagement » supporté par une dimension sociale d’échange entre apprenants, de challenge dans une équipe… De même l’accompagnement de l’apprenant permet-il de conserver sa motivation, de contextualiser ses acquis et d’obtenir de lui un feedback indispensable au concepteur pour optimiser ses parcours.

Les campagnes de mobile learning sont à définir au vu de l’objectif mais également du dispositif global de formation dans lequel il s’intègre et de la disponibilité des publics visés.
Ainsi, d’une campagne quotidienne sur un mois à raison de 3 à 5 minutes par jour avec une série de 4 questions et une vidéo de 2 minutes à une campagne mensuelle d’une durée de 5 jours étalée sur plusieurs mois, la latitude du concepteur est grande et doit s’articuler avec les besoins et les délais de l’entreprise.

Battle 2.
En plat unique ou dans la formule ?

Les deux mon Général !

Le mobile learning se conçoit autant comme dispositif autoporteur (« stand alone » en anglais) que comme une brique d’un dispositif de formation en blended. Là encore tout dépend de l’objectif et de l’étendue des connaissances à mobiliser pour acquérir une compétence identifiée.

Il se révèle très efficace en plat unique :

dans le processus d’onboarding, comme parcours d’intégration des nouveaux embauchés : un trombinoscope interactif sous forme de jeu dans les premiers jours est tellement plus engageant qu’un organigramme plat et terne cruellement dénué de visages ;
pour intégrer un nouveau process décisionnel dans l’entreprise : oubliez le mail, nous en avons déjà tous des boîtes pleines que l’on arrive même plus à apurer ;
pour la force de vente afin de mémoriser les caractéristiques du nouveau produit ou service ; sur le terrain les commerciaux trouveront la réponse à une question client en « juste à temps » et en tout lieu ou prépareront plus efficacement leur rendez-vous.

Mais l’apprentissage sur mobile a tout de même quelques limites. C’est notamment le cas lorsqu’il s’agit d’aborder des thèmes très complexes. Dans ce cas, le mobile learning ne peut être qu’un accompagnement.

EN ACCOMPAGNEMENT ET À TOUTES LES SAUCES… Dans un dispositif blended learning, le mobile learning constitue une brique de choix. Il favorise la variété, l’interactivité et évite la lassitude de l’apprenant. Enrichir ses formations présentielles classiques de mobile learning permet également de lever les freins de la timidité chez certains apprenants lorsqu’il s’agit de donner son avis ou de poser des questions. Il est très utile pour tester régulièrement les connaissances acquises durant la session de formation via des quiz.

A DÉGUSTER AUSSI EN ENTRÉE… En pré-requis d’une session présentielle ou d’un module digital à réaliser sur son poste de travail, le mobile learning trouve sa place :

  • commencez à créer du lien avec l’apprenant avant même son entrée en formation,
  • laissez-le s’exprimer sur ses attentes vis-à-vis de la formation en adressant un sondage (obtenir du feedback de l’apprenant est une source d’inspiration et permet de dégager des axes d’amélioration importants),
  • appâtez-le avec un teaser percutant,
  • testez son niveau pour adapter le déroulé de la formation.

ET EN DESSERT POUR LA BONNE BOUCHE… Enfin, proposé post-formation, le mobile learning soutient la mémorisation par des capsules de révision, des quiz, la poursuite des échanges entre pairs…

Battle 3.
Natif ou recyclé ?

Vos contenus, vous les prendrez natifs ou recyclés ?

C’est décidé, cette année, vous vous MOBILisez… Vous avez des contenus, beaucoup de contenus même, puisque vous avez entrepris de digitaliser vos contenus de formation il y a déjà un moment. Alors que faire avec vos contenus conçus pour un bel écran 15 pouces ? Développement durable oblige, vous allez recycler.

Mais attention, transférer directement vos ressources pédagogiques habituellement diffusées sur Desktop, dans un écran de smartphone risque d’occasionner bien des déconvenues à vos apprenants.

Pensez donc micro-learning ! Scénarisez votre parcours sur mobile et identifiez les contenus que vous allez reprendre en lien direct avec l’objectif et ceux qui ne pourront pas y trouver leur place faute d’espace-temps ou d’intérêt. Concentrez vous sur l’essentiel, les notions fondamentales puis redécoupez et réécrivez en suivant votre scénarisation.

Produisez des grains courts et percutants en diversifiant les formats : audios, vidéos, images, textes synthétiques, quiz. Rappelez vous que s’il est généralement plus facile d’attirer l’attention de l’apprenant via son smartphone, son temps disponible est une denrée rare. Optimisez le contenu que vous allez lui servir pour atteindre l’objectif en un minimum de temps (et en un clic).

L’exercice risque de frustrer vos experts et concepteurs. Mais oublier le « nice to have » est un bon moyen de questionner sa pratique et son expertise pour n’en retenir que ce qui est indispensable en situation de travail. Offrez leur le « must have », ils découvriront avec plaisir le « nice to have » en situation.

Il en va de même si vous créez vos contenus directement pour le mobile. A ceci près que vous vous épargnerez la douloureuse épreuve du choix, donc du renoncement. En outre vous partirez sur des formats vraiment adaptés au smartphone, tels que la vidéo très courte ou le podcast audio, la création de séquences très rythmées et engageantes. Dans tous les cas, respectez bien le principe « une capsule, une notion ».

Pour les apprenants curieux qui voudraient en savoir plus, vous pouvez les orienter vers des ressources complémentaires par des liens ou les faire saliver en leur présentant le programme de la formation présentielle qui va suivre.

Dans tous les cas, créer des contenus en mobile learning impose de définir des objectifs très opérationnels et de cibler précisément les compétences métiers attendues en sortie.

Vous avez décidé de vous lancer ? Vous reste à choisir l’outil de création de contenu le plus adapté… natif ou responsive ?

Battle 4.
Outil NATIF ou outil RESPONSIVE

En matière d’outils auteur, les outils natifs (conçus pour créer des ressources en mobile learning first) intègrent les contraintes de la taille de l’écran et guident le concepteur dans la structuration de  son contenu. Ils constituent une source d’inspiration intéressante, intégrant des templates de jeux, de cartes à glisser, des QR code…

Il offre ainsi une grande autonomie au concepteur dans la phase de création mais permet également d’embarquer l’expert voire l’apprenant lui-même dans l’aventure de la création de capsules de contenu.

L’absence de besoin de compétences techniques permet de favoriser le User Generated Content (lorsque l’apprenant devient lui-même source de savoir et crée des contenus).

La simplicité d’actualisation des ressources mobile learning est également un point fort des outils natifs. Les apprenants disposent d’une version toujours à jour par une réplication immédiate des nouveautés sur les parcours déjà en production.

Côté utilisateur, ces outils natifs reprennent tous les codes d’utilisabilité des applications mobiles pour reproduire les habitudes du mobinaute : un environnement dynamique, interactif et fortement gamifié, accessible en un minimum de clic.

Côté écosystème pédagogique et expérience cross-canal, la plupart des outils auteur dédiés au mobile permettent un export des capsules au format SCORM (voire xAPI) pour utiliser ses ressources dans un LMS classique. Attention toutefois à toutes les activités mobiles qui se jouent par déplacement d’éléments sur l’écran avec le doigt ; les écrans d’ordinateur ne sont pas tous tactiles. L’interopérabilité constitue un élément important qui constitue un critère de choix de l’outil.

L’outil responsive, quant à lui, offre un confort de gestion. Il permet d’éviter de multiplier les outils et, pour certains, de filtrer les ressources pédagogiques selon leur destination : mobile friendly, mobile only, desktop only ou tout device. Les contenus sont forcément interopérables entre les devices, encore faut-il penser aux contraintes de conception qui s’imposent sur mobile. Aujourd’hui, de nombreux outils auteurs classiques intègrent une diversité de templates d’activité pensés pour mobile.

Et côté LMS ? Natif ou responsive ?

Battle 5.
LMS NATIF ou LMS RESPONSIVE

En mobile learning, le LMS natif revêt un avantage indéniable : le réseau et le débit. En mode online ou offline, l’application mobile reste généralement opérationnelle. Les contenus sont accessibles de la même façon.

Le natif est généralement doté de fonctionnalités spécifiques comme l’intégration du micro et de la caméra du smartphone pour produire du contenu, le Bluetooth et la connexion avec d’autres apps pour le partage et le côté social learning. Enfin on désinstalle généralement moins facilement une application que ce que l’on ne désactive un favori.

Les LMS classiques optimisent quant à eux la gestion des connexions : un point d’entrée unique. Ils s’interfacent facilement avec le SIRH et les annuaires de l’entreprise.

Ils offrent un reporting à 360° permettant de mesurer l’engagement, la complétion, les taux de réussite sur l’ensemble des parcours (mobile, desktop, blended…). Ils permettent la création de véritables portails de formation multi-devices, qu’ils soient thématiques ou métiers. Certains permettent même un accès offline sur mobile.

Et au final, on fait quoi ?

Il n’y a pas de mauvais choix, à part peut-être ignorer le mobile. Pensez que notre toute neuve génération Z qui envahit doucement les open-space n’attend pas 5 minutes au réveil pour sauter sur son smartphone.

Le mobile learning, c’est mettre le savoir entre les mains de vos apprenants. Quel que soit l’usage que vous en faites, il constitue aujourd’hui un puissant levier d’engagement qui s’intègre dans la journée de travail de l’apprenant. La récurrence d’apprentissage permet de lutter contre l’oubli par des piqûres de rappel régulières sur les notions distillées et d’ancrer le savoir dans la durée. Le format court et la gamification associée procurent un sentiment de satisfaction et une impression de progression rapide. Apprendre partout, tout le temps, mais aussi pour longtemps.

Tout est donc question de stratégie de gestion des compétences et des talents, d’outils et de ressources déjà existants dans l’entreprise, de taille de l’entreprise.

A vous de voter !