TABLE RONDE DU MAGRH : FORMATION ET QUALITE

Le thème du jour aurait pu être « que pensez-vous de Qualiopi », ou mieux encore « comment peut-on améliorer le dispositif »,  ce qui aurait été une suite aux échanges parfois musclés de ces dernières semaines sur les réseaux sociaux. Mais c’eut été certainement réducteur. Si nous avons décidé de ne pas exclure pour autant, ce sujet, nous allons prendre de la hauteur, comme toujours dans les colonnes du Mag, pour se poser une question plus fondamentale : à quoi sert un processus qualité en formation, pour qui, et comment… et quels sont les bénéfices attendus.
Et si ma première question était la suivante pour dater ce débat : « Depuis quand s’intéresse-t-on à la qualité en matière de formation ? » 
La « formation » en tant qu’institution sociale prend une ampleur sans précédant avec les lois Delors, des années 70. J’ai trouvé dans Éducation Permanente, un texte de Guigou de 1975, un mot qui dénonçait l’industrialisation de la formation et ses méfaits : la stagification. La stagification c’est le déroulement d’un programme de formation préétabli respectant un cahier des charges avec des objectifs et des contenus précis qu’un formateur est chargé de délivrer aux participants. C’est une continuité de l’esprit de Taylor appliqué à l’enseignement ou tout ce qui doit se dérouler est pensé par avance pour traiter des flux importants de stagiaires qui n’ont qu’à absorber la prescription pédagogique qu’on leur propose. Cette passivité dans le rôle attribué aux participants est une façon incidente de tuer toute curiosité ou engagement à apprendre. Une part des usages formatifs et de l’esprit qualité de la formation est un héritage direct de ce monde industriel qui a fourni des « ingénieurs de formation », spécialistes en ingénierie de formation en charge de bâtir des programmes respectant le même type de cahier des charges que dans l’industrie. De grands organismes de formation comme la Cegos (anciennement CGOST compagnie générale d’organisation scientifique du travail créé en 1926), ou le CESI disposaient « d’ingénieurs de formation ». Ils ont embarqué avec eux cette dichotomie maîtrise d’œuvre/maîtrise d’ouvrage telle que pratiquée à l’époque dans bureaux des études des usines, laissant pour compte la maîtrise d’usage, c’est-à-dire le client, et dans notre question l’apprenant.

Quelles sont les questions que vous voudriez qu’on vous pose ?
Ma questino serait que change le paradigme de l’apprenance aujourd’hui ? Ce paradigme s’intéresse à la façon dont les adultes apprennent, les motivations qu’ils poursuivent et le sens qu’ils mettent dans leur apprentissage. Il pose la dimension pédagogique en complément du paradigme de la formation qui est une équation sociale et économique.
Il est en train de gagner ses lettres de noblesses en revenant au concret de l’acte d’apprendre.
Il y a encore du chemin pour que le système mette au cœur l’acte d’apprendre de ses raisonnements, mais j’ai bon espoir que cela stimule les réflexions pour faire progresser l’intérêt commun.

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Repéré depuis http://4cristol.over-blog.com/2021/03/regard-sur-le-lien-entre-formation-et-qualite.html

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