Un jour au sein d’une école de commerce, lors d’un “amphi” en marketing prévu pour cinq cents étudiants, seuls dix-sept étaient présents ! Dans le domaine de l’#apprentissage, il ne sert à rien de vouloir différencier le monde de l’adulte de celui de l’enfance. Leur ressemblance est telle qu’il raisonne comme une évidence d’appliquer aux deux une #pédagogie équivalente, fondée, pour répondre à des besoins identiques, sur l’interstructuration.

La pédagogie pour adulte n’existe pas !

Ils ont vingt ans et plus et sont étudiants en école supérieure de commerce. Ceux-là sont en deuxième année d’études et suivent un “parcours associatif” au cours duquel ils pilotent de A à Z des projets associatifs, souvent de très grande envergure. Entre autres formations théoriques un cours de gestion de conflits leur est dispensé, censé les préparer au concret du management d’équipe. Ils y apprennent notamment ce que sont les situations conflictuelles ainsi que des démarches pragmatiques pour les anticiper ou les gérer. Bref quoi de plus exaltant (du moins sur le papier) pour des étudiants qui, en outre, se déclarent si souvent “avides d’outils de management”(1). Pourtant au grand dam de leur professeur naturellement en droit d’attendre d’eux quelque appétence pour le travail, ils se révèlent peu impliqués que ce soit dans la prise de notes, la participation orale ou les exercices pratiques.

Nous pensons qu’aucune de ces pédagogies ne peut être vraiment efficiente. D’un côté l’enseignement hétérostructurant, centré sur le savoir à transmettre, se préoccupe peu des motivations, des difficultés ou de la progression de l’étudiant. Le professeur se trouve comme à distance de l’apprenant qui, particulièrement dans un contexte d’enseignement supérieur, doit en général se débrouiller seul avec les connaissances vues en cours. Or, enfermé dans un cadre d’autodidaxie où, dans la salle de cours, le travail est faiblement contrôlé et, en dehors, peu d’exigences pèsent sur les tâches prescrites, l’apprenant cède souvent à la tentation de “se laisser vivre” ou, en butte à certains obstacles, “d’abandonner la recherche de solutions”. D’un autre côté l’enseignement autostructurant est aussi délétère. Parce qu’il néglige les contenus à enseigner et se polarise sur les liens enseigné-savoir, le sort de l’apprenant est de se trouver maintes fois livré à lui-même dans la gestion de son travail : on attend de lui qu’il détecte ses propres motivations, définisse ses visées personnelles d’apprentissage voire même ses stratégies heuristiques et qu’il autoévalue ses progrès. Là encore l’enseignement ne peut produire tout le fruit qu’on peut en espérer car il règne le sentiment illusoire que l’étudiant sache pleinement ce qui est bon pour lui d’apprendre, pour son futur, s’assigne les tâches les plus pertinentes pour son développement et soit capable de s’imposer la discipline requise pour atteindre les objectifs visés.

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