VR, XR, LMS, LCMS, LXP, LEP, IA, Adaptive, Responsive, Native, immersive… les technologies et leurs cohortes d’acronymes et d’anglicismes colonisent l’univers de la formation, mais qu’en faire ? Les accueillir avec excitation et opportunisme, ou bien avec prudence et méfiance ?

Un bon prétexte

La formation a pour elle ses fondamentaux pédagogiques, ses valeurs, ses défenseurs acharnés, et la noblesse de ses objectifs : aider tout à chacun à devenir meilleur. Mais elle a aussi ses habitudes, ses routines, ses convictions, ses postures bien ancrées, son inertie, et une forte résistance au changement.

Introduire des technologies en formation est un excellent prétexte pour revisiter ses pratiques, se questionner sur leur efficacité, sur leur adéquation avec les besoins et les attentes.

Voilà (sans ordre d’importance) quelques questions que l’introduction de nouvelles technologies peut amener à se poser :

  • les modalités pédagogiques utilisées sont elles pertinentes ?
  • comment est mesurée l’efficacité réelle des formations ?
  • la durée du programme est-elle totalement justifiée ?
  • l’ensemble des contenus des formations est-il réellement nécessaire ?
  • peut-on distinguer l’indispensable du facultatif ?
  • qu’est-il proposé aux apprenants pour préparer leurs formations ?
  • comment les apprenants sont-ils accompagnés après la formation ?

Une fois ses questions posées, et surtout une fois que les réponses sont données, les nouvelles technologies peuvent apporter des éléments d’évolution et d’amélioration de ses pratiques, par exemple :

  • dynamiser des séquences un peu monotones ;
  • découper plus finement les contenus ;
  • permettre de suivre les activités à distance ;
  • apporter de la souplesse dans les parcours ;
  • faciliter les mises à jour ;
  • s’affranchir des dates, des lieux, de la durée ;
  • fournir des éléments de mesure ;
  • changer les postures sachant / formé ;

Comme tout travail de refonte, il ne faut pas confondre rénovation et remise en cause, ce serait tomber alors dans les travers de la justification des choix précédents, de la résistance au changement et du rejet des nouveautés.

Une nécessité

La fonction crée l’organe. En formation, c’est sa finalité qui détermine sa forme, et les finalités des formations d’aujourd’hui sont assez différentes de celles d’hier.

Dans ses formes les plus traditionnelles (en salle et monolithique) la formation impose les contraintes du passé : unité de lieu, de date, de durée et de contenu (pour faciliter l’organisation des formations) au contexte du présent : disponibilités limitées, fractionnement des tâches, crise de l’attention, besoin de résultat rapide, souhait de personnalisation…

Les nouvelles technologies sont là, disponibles, elles ne demandent qu’à se mettre au service des objectifs pédagogiques et aux attentes des apprenants, et non pas imposer leur présence par simple facétie ou envie futile.

Alors oui, conclure un pacte avec les technologies pour :

  • passer d’un LMS utilisé comme simple bibliothèque de formation à un LXP (Learning eXperience Plateform) qui accompagne l’apprenant dans son expérience formation ;
  • digitaliser des contenus pour les rendre accessibles à tous, en tout lieu et tout moment ;
  • rendre accessible sur mobile des micro-modules ou des capsules vidéo ;
  • introduire des relations sociales entre les experts et les participants ;
  • permettre de s’auto-évaluer avec son téléphone ;
  • dynamiser des séquences en présentiel ;
  • donner la possibilité aux participants de contribuer à l’enrichissement des contenus ;

est une bonne façon de répondre aux attentes légitimes et justifiées des participants d’aujourd’hui.

Un effet de mode ?

Quel que soit le domaine, aller de l’avant tête baissée, adopter sans réserve les nouveautés, changer pour changer, confondre « nouveau » avec « meilleur », se laisser séduire pour les sirènes du marketing apporte rarement autre chose que la satisfaction éphémère d’être « moderne ».

La formation n’y échappe pas, elle tente régulièrement de se faire ringardiser par les promesses technologiques de « ça lave plus blanc » à grand renfort de mots à la mode.

Greffer à la va-vite et sans réflexion de la technologie dans la formation ne provoquera rien d’autre qu’un rejet douloureux.

Se former est souvent perçu comme une contrainte, elle peut pourtant être un plaisir, (souvenez-vous de ce prof passionnant) les technologies peuvent (au-delà de renforcer l’efficacité d’un dispositif de formation par une meilleure adaptation aux besoins si elle est utilisée avec pertinence) apporter ce petit complément de séduction et d’attractivité qui redonne l’envie de se former.

 

« La formation est en pleine évolution » — Jean-Baptiste de Lamarck

 

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