Rapid Learning, Micro-Learning, juste à temps, la formation, comme notre frénétique environnement, semble elle aussi incitée, encouragée, à aller vite, toujours plus vite. Elle fonce tête baissée vers le digital et cherche des méthodes, des combines, des outils pour courber le temps selon ses exigences. Et si la formation était et restait un temps long ?

Pourquoi se former vite ?

Avec le bonheur, le temps est à peu près la seule chose que l’on ne peut pas acheter. Nous en avons tous conscience et pourtant… Nous le gaspillons quotidiennement sans nous en rendre compte. Même le grand méchant Apple tend à nous le faire remarquer. Nous le grignotons à petite dose, avec une frénétique répétition quotidienne. Fin 2017, les internautes passaient en moyenne presque 1 h 30 par jour sur les réseaux sociaux. Nous sommes certes un animal social, mais faudrait peut-être pas exagérer non ? 1 h 30 par jour !! Non mais allo quoi !

Michel Serres ne s’y est pas trompé, maintenant, il faut faire court. En moins de 100 pages (moins de 1 h 30), si vous savez (voulez) lire, vous pouvez vous régaler en lisant au choix « Petite poucette » ou « C’était mieux avant ». Et, rassurez-vous, vos amis Facebook ne vous en voudrons pas. :)

Cependant, il est à craindre que cette dose quotidienne de dispersion ne fasse qu’augmenter et que notre « temps de cerveau disponible » tende à encore se réduire. Si la formation ne veut pas être une activité repoussée de jour en jour faute de temps, il va donc falloir qu’elle sache se faire toute petite pour réussir à se glisser dans les micros espaces-temps qu’il nous reste.

Peut-on former vite ?

Former vite, c’est consacrer moins de temps à se former. Au-delà de cette évidence, quelles sont les conséquences pour les dispositifs de formation ?

Pour s’ajuster à notre manque de temps, les dispositifs doivent s’adapter :

  • Être accessibles rapidement, et de n’importe où. Pour cela, les éditeurs de plateformes proposent maintenant des solutions Cloud et Mobile-first.
  • Être granularisés pour pouvoir être « consommés » par petits morceaux.
  • Être scénarisés en séquences de microlearning.
  • Être gamifiés pour donner l’envie d’être poursuivis et terminés.

La bonne nouvelle de notre monde digital, c’est que le savoir est pléthorique, actualisé, et accessible très facilement. La formation n’est plus obligée de transmettre l’exhaustivité des savoirs, mais peut se concentrer sur les savoirs essentiels permettant de comprendre et d’accéder aux savoirs plus profonds.

Comment ralentir dans un monde rapide ?

Quand on voit les synonymes proposés pour « lent », cela n’incite pas à en faire l’éloge.

Et pourtant, ce qui s’apprend trop vite s’oublie très vite.

Prendre son temps pour apprendre a de nombreuses vertus, car cela permet de :

  • favoriser l’apprentissage en profondeur,
  • croiser les genres, les disciplines,
  • se fonder sur les intérêts de l’apprenant,
  • durer plus longtemps,
  • réaliser des expérimentations,
  • partager ses connaissances et croiser les points de vue.

 

Ralentir en formation, c’est :

  • donner du temps pour se former, en l’incluant dans la liste des activités régulières reconnues par son organisation,
  • étaler la formation dans le temps (les MOOC l’ont bien compris),
  • enrichir les apports de contenus par des échanges, de vraies discussions,
  • répéter dans le temps, et faire se souvenir régulièrement pour ancrer durablement,
  • ne pas imposer un rythme trop soutenu pour éviter les décrochages,
  • récompenser l’effort plus que la vitesse ou le résultat.

 

Merci d’avoir pris le temps de lire cet article. :)

 

« Du temps, du temps, laissez-moi un peu de temps (20 minutes ?). » — Le lapin blanc

 

 

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