Depuis la mi-mars et jusqu’à une date inconnue, les sessions de formation se feront à distance, par la force des choses. Au-delà des solutions techniques mises en œuvre dans l’urgence, la recherche en pédagogie nous livre certains enseignements qui peuvent s’appliquer à la plupart des situations de formation et nous permettent d’adapter nos méthodes pour en accroître l’efficacité. Quelques repères. 

Repère n°1 : Pas tout à la fois !

La mémoire humaine est un système complexe qui comprend en réalité plusieurs mémoires imbriquées :

  • La mémoire sensorielle et perceptive (quelques fractions de secondes) ;
  • La mémoire de travail, ou mémoire à court terme (quelques dizaines de secondes) ;
  • La mémoire à long terme (sans limite de temps définie). 

Repère n°2 : Pouvez-vous répéter ?

La pédagogie est l’art de la répétition : les enseignants n’ont pas attendu les neurosciences pour le savoir. L’apport nouveau de la recherche est de donner une base scientifique à ce principe. La première fois que nous entendons une information, un chemin de connexions neuronales se crée. La répétition renforce et pérennise ce chemin. En l’absence de répétition, l’essentiel des connaissances entendues est perdu après quelques heures. Le chemin neuronal s’efface, ou devient difficile à retrouver.

Repère n°3 : Attention à l’attention !

Le professeur Stanislas Dehaene, nous rappelle l’ouvrage d’Aurélie Van Dijk, a identifié 4 conditions nécessaires à l’apprentissage. Le premier de ces piliers est l’attention. « Du point de vue de la neurobiologie, l’attention est un processus de sélection, d’activation et de facilitation de certains réseaux neuronaux aux dépens d’autres ». L’attention fonctionne comme un filtre, qui permet de mettre de côté les informations non pertinentes pour se concentrer sur la tâche en cours.

Repère n°4 : Engagez-vous !

Deuxième pilier de l’apprentissage, toujours selon Stanislas Dehaene : l’engagement actif. Pour acquérir une connaissance, il faut se l’approprier, ce qui suppose un mouvement volontaire de la part de l’apprenant. L’écoute engagée stimule d’autres zones du cerveau qu’une écoute passive. Repère n°5 : Chérissez vos erreurs

Le cerveau apprend par essais et erreurs. Lorsqu’un résultat est différent de la prédiction, il réagit instantanément, plus rapidement encore lorsque la détection est interne (80 millisecondes) que lorsque l’erreur nous est pointée par quelqu’un d’autre (250 millisecondes). En outre, nous apprenons encore mieux lorsque nous voyons quelqu’un d’autre se tromper que lorsque nous nous trompons nous-mêmes. C’est le 3e facteur clé de Stanislas Dehaene.

Repère n°6 : Consolider les connaissances

Dernier des 4 piliers de l’apprentissage, la consolidation est une étape fondamentale, sans laquelle l’objectif de formation ne peut être atteint. Elle repose sur plusieurs facteurs. Nous avons déjà évoqué plus haut l’importance de la répétition.

Les neurosciences nous renseignent encore sur bien d’autres aspects de la pédagogie. On pense notamment aux neurones miroirs et à ce qu’on peut en déduire pour l’apprentissage collaboratif – une dimension qui n’est pas la plus facile à reproduire à distance, même si ce n’est pas impossible. Les semaines à venir devraient, à n’en pas douter, nous amener tous à innover dans ce domaine, et à acquérir, via un engagement actif, de nouvelles connaissances en pédagogie à distance !

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Repéré depuis https://www.managementdelaformation.fr/reperes/2020/04/09/neurosciences-et-formation-a-distance-en-6-reperes/

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