La diffusion des avancées des neurosciences est une vraie chance. De mieux se comprendre bien sûr mais aussi de porter un éclairage nouveau sur les processus d’apprentissage de chacun.

La vulgarisation récente des connaissances du fonctionnement du cerveau permet de valider des intuitions pédagogiques anciennes (cf. pour ne citer qu’eux, les travaux de M. Montessori, C. Freinet…), de « rationaliser » leur pertinence. Elle permet aussi de couper l’herbe sous le pied de certaines idées reçues…

Capter l’attention de l’apprenant : un enjeu majeur

Dans ce contexte d’hyper-sollicitations, de « zapping » permanent, quelles premières conclusions pouvons-nous établir pour orienter nos démarches pédagogiques ?

  • Puisque le cerveau « décroche » presque automatiquement lorsqu’il ne perçoit pas un intérêt direct et immédiat aux informations proposées, il est primordial de consacrer du temps à l’explicitation du sens associé au déroulement et aux activités des apprenants. C’est l’un des enjeux du cadrage de départ, en explicitant les objectifs, en faisant des liens entre les attentes des participants et le contenu qui va être proposé, entre les difficultés pressenties et l’ouverture vers des perspectives constructives. En explicitant également, en introduction de chaque séquence/capsule, les bénéfices « court terme » pour les apprenants de ce qui va suivre.

La notion en effet de « futur proche » va mobiliser le cerveau, favoriser concentration et mémorisation beaucoup plus que si l’utilité du contenu est présentée « en général » sans perspective concrète et proche dans le temps.

  • Puisque le cerveau a besoin de pauses, de rythme, de surprise et de répétition pour assimiler l’information, il va s’agir pour un formateur qui maîtrise son sujet (parfois depuis très longtemps s’il en est un expert) de tenir compte du temps d’appropriation nécessaire. Ce temps est variable d’un apprenant à un autre, pour relier les informations les unes aux autres, oser voir et faire les choses autrement, ce qui est précisément l’intention pour soutenir le développement des apprentissages durables.

Lorsque le cerveau apprend, il se transforme physiquement. De nouvelles connexions, de nouveaux sillons se créent pour devenir stables, fluides, précis à force d’être empruntés. Avec la répétition, les savoirs s’ancrent, les pratiques se fluidifient et s’intègrent « naturellement ».

C’est tout l’enjeu de la progression pédagogique. Construite sur l’orchestration d’une variété d’approches (nature et ordonnancement des exercices proposés, cadre de travail individuel ET collectif, diversité des supports et des apports sur le même sujet, va-et-vient entre théorie et pratique, conceptualisation et passage à l’action, découverte et capitalisation…) elle embrasse, étape par étape, un sujet en l’abordant par une multiplicité d’angles et « creuse » les sillons de traverses. Jouer, au fond, de la répétition dans la variété des propositions.

  • Puisque que chaque cerveau est unique, il est donc nécessaire de proposer une pédagogie s’appuyant sur des modalités variées pour nourrir les différents besoins et faciliter au sein d’un groupe hétérogène, les apprentissages de chacun.

Vers une « pédagogie agile »

Les contributions scientifiques viennent confirmer combien l’écoute fine, l’attention, l’adaptation, la capacité à être dans des interactions constructives sont des qualités majeures à cultiver pour assumer pleinement la responsabilité d’accompagner des cerveaux humains dans leur transformation et donc des êtres humains dans leurs apprentissages. Cette agilité impose un travail sur soi profond et permanent. Elle expose et rend plus vulnérable qu’une intervention magistrale. Mais elle permet d’éveiller la curiosité et l’envie des apprenants. Quoi de plus précieux ?

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Repéré depuis https://blog.cinaps.com/neurosciences-et-apprentissages-comment-capter-lattention-des-apprenants/

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