Après le tsunami #MOOC en 2012, est maintenant venu le temps de la désillusion au sens du Hype Cycle de Gartner. Le désintéressement de la presse, l’abandon de la solution par certains acteurs clés de la #formation jouent aujourd’hui en faveur des détracteurs de l’enseignement #digital, en particulier contre le « massivement ouvert ».

Quel est le vrai débat ?

Les débats entre promoteurs et réfractaires sont vifs, les uns avançant que les institutions n’ont pas d’autres choix de compétitivité et les autres arguant que rien ne remplacera le présentiel, le risque étant de perdre définitivement les étudiants. Pour autant, pour ou contre l’enseignement 100 % en ligne, qu’il s’agisse de MOOC, de #SPOC ou de campus #numérique, là n’est pas la « bonne » question !

Une dynamique installée

Dans les faits, le monde de l’#éducation n’échappe pas à ces dynamiques. Dès les années 2000, se multiplient les initiatives digitales avec en tête, l’OpenCourseWare du MIT. S’ensuit en 2008, l’apparition du terme MOOC et d’un produit de référence : des vidéos courtes, des articles, des quiz, des forums, une ouverture gratuite à tous sous réserve d’un accès Internet.

En 2012, c’est le tsunami : face au succès de Coursera, un mouvement massif des acteurs de l’éducation soucieux de ne pas « rater » un virage majeur accompagnés de nouveaux entrants de type start-up de l’éducation naît. En effet, la promesse et les premiers bénéfices visibles sont irrésistibles pour la plupart des parties prenantes.

Dépasser deux écueils : le coût et l’abandonnisme

Toutefois, la multiplication des actions de digitalisation à grande échelle met rapidement en exergue deux écueils majeurs : le business model insoutenable pour les institutions ; le taux d’abandon extrêmement élevé des MOOC. Viendront ensuite des inquiétudes allant jusqu’à la liberté d’expression et les possibilités de manipulation massive de communautés d’apprenants ou d’utilisation de leurs données privées.

Des alternatives comme les SPOC payants ou les campus en ligne plus communautaires sont lancées pour pallier ces limites, sans toutefois convaincre jusqu’ici. L’enseignement totalement digitalisé fait face aux effets induits, conséquences inattendues des transformations technologiques.

Mais ceci ne signifie pas qu’un retour en arrière, c’est-à-dire un arrêt du 100 % en ligne, est annoncé. Les actions passées ont permis de goûter à des bénéfices possibles que nombre de parties prenantes ne sont pas prêtes d’abandonner.

La voie de l’expérimentation

Alors, quels signaux faibles et quels événements extrêmes pourraient nous éclairer aujourd’hui ? Nous ne parlons pas ici de débats, de discours ni d’effets d’annonce.

Nous parlons d’expérimentation à petite échelle en environnement réel, pour lesquelles les valeurs sociétales sont un moteur de transformation technologique, à travers des dispositifs impliquant toutes les parties prenantes d’un campus ou d’un enseignement 100 % digital.

Le cas « Business Innovation for Society »

Grenoble Ecole de Management fait partie des écoles qui sont très fortement engagées dans cette approche avec la création d’un campus GEM BIS, pour Business Innovation for Society. Sa vocation est de construire puis d’enseigner de nouvelles pratiques s’appuyant sur des « technologies appropriées » à leur contexte d’utilisation, dans le sens de l’économiste E.F. Schumacher, tout en prêtant une attention particulière à être créatif en matière de business model.

L’avenir de l’enseignement 100 % en ligne dépend très probablement de nos capacités à pratiquer une forme de « sagesse pratique et distribuée » telle que décrite par Ikujiro Nonaka en 2007, en référence à la « phronésis » du philosophe Aristote.

 

Partagez cet article