La réforme initiée par la loi du 05/09/2018 n’échappe pas à la règle constatée à chaque réforme : les entreprises attendent que les nouveaux dispositifs se mettent en place avant de s’en emparer, de prendre des décisions. La réforme de 2018/2019 est impactante avec la suppression de la mutualisation pour les 50-300 salariés, la nouvelle définition de l’action de formation, la formalisation de l’Afest, la transformation des Opca en Opco…Si la mutualisation a été supprimée depuis 2015 pour les plus grandes entreprises, toutes considèrent, depuis 2019, qu’elles sont désormais assujetties à un « impôt compétences » qui va financer le CPF.
Votre sondage révèle aussi que seuls 28 % des décideurs pensent mettre en place des stratégies d’abondement du CPF…
Le CPF a été promu comme étant un droit individuel. La communication qui va être faite à la rentrée sur l’appli CPF va réaffirmer ce principe. Mais les salariés vont vite se rendre compte que s’ils veulent mobiliser de manière autonome leur CPF, ce sera en dehors du temps de travail. Il faut être très motivé et avoir un projet bien défini pour se former hors temps de travail. Or, lors des entretiens professionnels, on constate depuis plusieurs années que seuls 2 % des salariés ont un projet professionnel aussi abouti. Le succès du CPF semble donc lié à une démarche de co-construction entre le salarié et l’employeur.
Redoutez-vous le déploiement de l’Afest dans les entreprises qui pourraient faire moins appel à des formateurs externes ?
L’Afest exige un certain formalisme (définition de l’objectif, finalité de l’action, traçabilité…). Il y a d’ailleurs, sur ce point, un marché possible pour les entreprises de formation qui peuvent accompagner les entreprises dans la mise en place de l’Afest. L’Afest permet, sous certaines conditions de traçabilité, d’identifier des situations formatives, de formaliser les situations d’apprentissage sur le poste de travail et de les intégrer dans le nouveau plan de développement des compétences.
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