Le 12 janvier 2024, Emmanuel Macron prononce un discours en anglais à l’Université Humboldt de Berlin invoquant une « facilité » et le besoin de se faire « comprendre ». Ce choix a provoqué des réactions fortes, notamment de l’Observatoire européen du plurilinguisme qui y note que le contexte imposait d’autres choix (le français ou l’allemand par exemple).

L’anglicisation des formations : une fausse bonne idée ?

Quand on pense l’internationalisation des formations, il est souvent question de permettre aux étudiants de faire des séjours à l’étranger dans le cadre de programmes comme ERASMUS mais aussi de leur dispenser des cours en anglais. L’« English as a Medium of Instruction » (anglais comme langue d’enseignement) est ainsi souvent perçu comme la solution pour internationaliser les formations.

La diversité linguistique sur le marché du travail

Si les établissements d’enseignement supérieur veulent s’emparer de la question de l’internationalisation, l’option du plurilinguisme semble la plus pertinente. François Grin, qui s’intéresse à l’économie des langues, a pu montrer qu’en Suisse, la maitrise des langues étrangères est rémunératrice (l’anglais notamment en Suisse alémanique), protège contre le licenciement et est considérée comme un facteur de production. La Suisse étant officiellement multilingue, l’application de ses données au contexte français est délicate, en l’absence de base de données suffisamment détaillée, mais elle précise une tendance.

La Lorraine : un cas particulier sur les langues

La Lorraine est un cas intéressant notamment du fait de ses frontières avec 3 pays : la Belgique, le Luxembourg et l’Allemagne. La situation linguistique régionale de ce territoire impose une sensibilité accrue sur ces questions. Sur le plan éducatif, l’Académie de Nancy-Metz et l’Université de Lorraine proposent un maillage de mesures visant à soutenir le franco-allemand mais aussi les autres langues.

 

Internationaliser n’est donc pas angliciser. Pour ce faire, il est nécessaire que les institutions se dotent d’une politique des langues construite à partir de la recherche et adaptée aux spécificités de son territoire. Si des effets à court terme sont possibles, elle sera d’autant plus efficace qu’elle pensera un calendrier sur le temps long.

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