Avec la crise sanitaire et les confinements des populations, le télétravail est revenu en force, et notamment via son application phare : Zoom, symbole d’un surprenant essor des applications de vidéoconférences, qui semblaient jusqu’alors plus s’épuiser que se renouveler… Revenue tout droit des promesses des débuts de l’internet, la vidéoconférence sonne depuis le début de l’année 2020 comme l’acmée organisationnelle du travail à distance. Vraiment ?

Le surprenant retour de la visio : ce futur déjà obsolète !

La visioconférence ? Le terme fleure bon les débuts d’internet et les promesses initiales du télétravail sur les « autoroutes de l’information » des années 90. Depuis la désaffection à l’encontre de Skype au mitan des années 2010 et la lente disparition des promesses des murs de téléprésence (qui font, naturellement, leur réapparition), la visioconférence semblait être devenue un avenir appartenant au passé (un « futur déjà obsolète », comme le dirait le philosophe Alexandre Monnin). Nous voilà revenus aux promesses du vidéophone auquel plus grand monde ne prêtait attention. Tant et si bien que les observateurs ne voyaient pas beaucoup la montée des pratiques de messageries instantanées augmentées de capacités vidéo, popularisées par WeChat, Facebook Messenger ou FaceTime. Plus souvent réservés aux relations one to one qu’aux groupes, ces outils nous ont certainement préparés, avec les confinements et les restrictions aux réunions de groupe, à basculer vers les solutions de visioconférences.

Toutes ces pratiques semblaient pourtant loin d’avoir réalisé leur indéfectible promesse : être totalement interchangeable avec la rencontre physique. À l’heure où la rencontre physique devenait impossible, une bonne partie des métiers qui pouvaient se réaliser à distance ont d’un coup basculé dans une vidéophonie, pareille à une vidéofolie ! Mais à mesure que cet usage s’est emballé, comme une réponse simple et rapide à la distanciation physique, les difficultés se sont démultipliées. Face à des organisations prises au dépourvu et devant réagir dans l’urgence, le recours à la visioconférence a été pour beaucoup la solution la plus simple, la plus disponible, pour maintenir un semblant d’organisation… Quand bien d’autres solutions nécessitaient bien plus de réorganisation et d’apprentissage : accéder à une solution de vidéoconférence ne nécessitait qu’un simple hyperlien. La commodité et la facilité (la gratuité ainsi que la possibilité d’accueillir un grand nombre de participants, quand bien des solutions étaient sur ces points limités – elles ont progressé depuis) expliquent beaucoup de l’enthousiasme qu’ont connu ces solutions, dont la plus emblématique d’entre toutes, Zoom !

Née au début des années 2010, l’entreprise de vidéoconférence américaine (Wikipédia) n’était pas particulièrement connue avant la pandémie. En quelques mois, elle est devenue un service de base de l’internet, passant de 10 millions de participants fin 2019, à 300 millions en avril, éclipsant nombre de solutions concurrentes, comme Skype et relançant le boom d’un secteur de solutions de vidéoconférence distante qui semblait en déshérence depuis longtemps… La vidéoconférence qui semblait avoir disparu dans les limbes des promesses non tenues de la révolution technologique a bondi, pareille à Uma Thurman qui reçoit une injection d’adrénaline après son overdose dans Pulp Fiction. Si la concurrence a depuis fourbi ses solutions (Google Meet et Teams de Microsoft notamment parmi de nombreuses autres), Zoom demeure le symbole d’une transformation numérique en mode accéléré et précipité, le parangon d’une nouvelle génération du télétravail.

Très tôt pourtant, les critiques à l’encontre de ces solutions se sont multipliées. Notamment autour d’un phénomène caractéristique : la Zoom fatigue, cet épuisement professionnel à passer ses journées en réunion sous vidéosurveillance !

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Repéré depuis http://www.internetactu.net/2020/11/20/coinces-dans-zoom-13-de-la-videoconference-en-ses-limites/

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