Depuis quelques années, les biais cognitifs suscitent un intérêt croissant dans des domaines aussi divers que le management, le recrutement, la finance, la médecine ou encore la justice.

Les biais cognitifs sont des raccourcis mentaux appelés heuristiques qui s’avèrent erronés dans certains contextes. Par exemple, prédire le futur à partir du passé est une heuristique assez valide lorsqu’il s’agit d’anticiper la météo de demain ou les choix de consommateurs. En revanche, elle devient un biais dès que l’on franchit les portes d’un casino. Cette heuristique nous fait par exemple croire qu’à la roulette, la couleur rouge a plus de chances de tomber si la couleur noire est tombée plusieurs fois d’affilée, un biais cognitif appelé « l’erreur du joueur ».

Il existerait 250 biais cognitifs

Cette croyance renvoie au codex des biais cognitifs, un inventaire visuel des biais qui en recense un grand nombre. Cet inventaire est en fait largement inflationniste : il comporte des biais qui n’en sont pas et d’autres qui n’ont aucune assise scientifique.

Tout le monde serait victime des biais cognitifs

Cette croyance résulte de la façon dont sont menées la plupart des recherches sur les biais cognitifs dans lesquelles on compare des groupes de participants pour tester l’effet d’un biais. Pour tester un effet d’ancrage par exemple, il s’agit typiquement de comparer l’estimation numérique (le prix d’une voiture d’occasion) fournie par un groupe exposé à une valeur de référence (le prix proposé par le vendeur) basse et celle fournie par un groupe exposé à une valeur élevée. Si un effet statistiquement significatif est trouvé, on est enclin à inférer – à tort – que ce biais affecte tout le monde.

Il serait impossible de se défaire des biais cognitifs

Il est difficile de contrer les biais cognitifs, car ils résultent d’heuristiques mentales qui sont ancrées dans notre cerveau. Plusieurs études montrent cependant que des techniques cognitives de débiaisage s’avèrent efficaces. En particulier, la technique des alternatives peut atténuer trois biais majeurs : le biais de confirmation, l’excès de confiance, et l’effet d’ancrage. Elle consiste tout simplement à demander au décideur de prendre en considération des hypothèses alternatives à celle qu’il privilégie.

Les biais cognitifs sont trop souvent résumés par une longue liste à la Prévert d’erreurs universelles plus ou moins inévitables. Cette image simplificatrice est parfois utilisée par certaines entreprises comme constat préliminaire pour vendre leur solution : les décisions humaines étant affectées par des biais, il faut les augmenter voire les remplacer par des solutions technologiques. Pourtant, l’essor de l’IA ne doit pas exclure l’amélioration de l’intelligence humaine, qui passe par la maîtrise de ses biais cognitifs.

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