Après le commerce traditionnel par Amazon, après l’hébergement par Airbnb, après la téléphonie par Apple, et après les taxis par Uber, la formation va-t-elle se faire dévorer par de nouveaux entrants ? En juin, les participants du Digital Learning Day ont pu entendre Frédéric ORU (cofondateur de NUMA), qui en a fait l’introduction par ce sujet. Faut-il avoir peur de Lynda, d’Udacity ? Arrêt sur image pour que la formation ne soit pas le prochain Kodak.


Uberisation ?

deux-creadsuberisationeconomie-1170x360On entend de plus en plus ce néologisme, avec des sens différents, mais leur point commun est que cela fait peur !

Pour résumer l’uberisation, c’est un changement qu’on ne peut pas maîtriser et qui va transformer profondément, rapidement, et parfois violemment tout un secteur d’activité. L’uberisation se produit par l’apparition sur le marché d’un ou plusieurs entrants qui proposent un produit ou service, meilleur et souvent moins cher. Ceux-ci ont de plus une capacité à séduire les clients par de nouveaux atouts que les acteurs déjà en place ont du mal à intégrer à leurs offres existantes. Vous commencez à voir le danger ?

Car effectivement l’uberisation arrive souvent par la porte du digital, avec une capacité de croissance et de déploiement extrêmement rapide, souvent décuplée par un apport de financement important.

L’uberisation concerne ainsi des marchés qui ont tous 3 caractéristiques communes :

  • les acteurs en place ont des rentes de situation,
  • de nouveaux paradigmes émergent sur le secteur,
  • de nouveaux outils permettent d’améliorer les produits/services très rapidement.

Alors, vous pensez toujours que la formation n’est pas menacée d’uberisation ?


Qui peut uberiser la formation ?

Dans des secteurs déjà uberisés, les ogres sont rarement apparus en quelques mois, mais plutôt en quelques années, et lors de leur arrivée, ils ont souvent été considérés comme « peu menaçant » par les acteurs établis. Surveillons donc de près quelques-uns des nouveaux entrants dans le monde de la formation :

  • Lynda : acheté par Linkedin pour 1,5 milliard de $. (Linkedin lui-même acheté par Microsoft, pour 26 milliards de $). Linda possède un catalogue de plus de 4.000 cours destinés aux entreprises.
  • Udacity : qui possède un catalogue impressionnant de cours dans le secteur IT.
  • 360Learning : un LMS parfaitement en phase avec son temps et qui voit la formation comme un service.
  • Skillup : pas encore opérationnel, mais qui se veut le moteur de recherche des meilleures formations.

La liste est longue et chaque jour, de nouveaux acteurs apparaissent.

Comme tous les secteurs qui ont été, où sont en train de se faire uberiser, le danger est venu par le bas : les nouveaux entrants ont démarré avec des offres simples, rapides à tester et à mettre en œuvre, ont séduit rapidement un grand nombre de clients, et sont rapidement montés en gamme pour atteindre les acteurs bien installés sur leurs marchés à forte marge.


Comment réagir ?

Comme à chaque fois quand un danger s’annonce, trois attitudes sont possibles :

  • Nier : en regardant d’un air un peu dédaigneux les « petits nouveaux », et en leur souhaitant bon courage pour arriver à concurrencer les acteurs historiques considérés indéboulonnables. Kodak a fait les frais de cette stratégie.
  • Lutter : en faisant le dos rond, en ajustant de-ci de-là un modèle difficilement réformable rapidement pour tenter de rester concurrentiel, quitte à rogner ses marges jusqu’à l’intenable. Seulement voilà, autant un acteur historique ne pourra pas rogner sur ses résultats jusqu’à sa perte, autant les pertes des premières années font partie de la stratégie et le business modèle d’un prédateur.
  • Embrasser le mouvement : c’est-à-dire regarder et viser l’avenir, en acceptant de ne pas s’appuyer uniquement sur ses certitudes, ses habitudes, ses outils et ses succès du passé, mais en ouvrant en grand ses portes aux talents d’aujourd’hui, à l’innovation et aux projets fous.

D’autant qu’en plus de devoir faire face à l’ubérisation en marche, la formation subit également un rapide changement de paradigme :

  • L’expertise est devenue éphémère : un enfant de 15 ans utilise peut-être mieux Snapchat qu’un senior du marketing.
  • Les besoins de formation sont immédiats : la force de vente doit être formée immédiatement à la sortie d’un nouveau produit.
  • La compétence est reconnue dans l’action : l’expertise se démontre par les faits, mais plus par les diplômes ou les discours.

Autre chiffre d’importance et qui donne à réfléchir : en 10 ans, c’est 10 milliards de $ qui ont été investis dans la EdTech.

Et vous, êtes-vous prêt à vous investir dans la formation de demain, pour ne pas être ubérisé ?

Un grand merci à Frédéric ORU de NUMA pour nous avoir éclairé sur ce sujet.

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