Méfiez-vous neuromythes : notre cerveau se trompe sur lui-même !
Quel est ton mode d’apprentissage : visuel, auditif ou kinesthésique (VAK) ?
C’est certain, un camarade de classe vous a déjà demandé quelle type de mémoire fonctionnait le mieux chez vous : visuelle, auditive, kinesthésique. Cette affirmation se fonde sur l’idée qu’il existe différentes modalités d’#apprentissage et que nos manières d’apprendre sont suffisamment différentes pour nécessiter des méthodes d’enseignement différenciées. Bien que cette notion de style d’apprentissage soit très présente dans les magazines et livres portant sur l’apprentissage et la pédagogie, aucune étude ne vient corréler celle-ci, au contraire3,4. Les études menées ne réfutent pas le fait que nous puissions avoir des préférences dans nos manières de retenir les informations et d’acquérir de nouvelles compétences, elles soulignent simplement le fait que celles-ci ne justifient pas la nécessité d’y adapter l’enseignement.
Tu es plutôt cerveau gauche ou cerveau droit ?
Jusque dans les années 1960, les recherches en neurophysiologie attribuaient à chaque hémisphère des capacités cognitives distinctes : le cerveau gauche était associé aux aptitudes critiques et analytiques et le cerveau droit aux aptitudes créatrices et synthétiques. Ce qui supposait deux profils d’individus : ceux ayant une « spécialisation hémisphérique gauche » seraient alors meilleurs dans le traitement des nombres, des séquences logiques et formules mathématiques tandis que ceux ayant une « spécialisation hémisphérique droite » s’illustreraient dans des tâches impliquant la créativité, les manipulations spatiales, les images, le rythme… Les travaux de Goswami8 sur le sujet invalident cette assertion : les hémisphères cérébraux sont interconnectés et collaborent.
Nous n’exploitons que 10% de notre cerveau
C’est probablement le neuromythe le plus répandu dans nos esprits et donc dans celui des pédagogues12. Il est même repris dans certaines fictions, tel que le film de science-fiction « Lucy » de Luc Besson. Les origines de ce mythe restent difficiles à définir, mais aucune étude ou découverte scientifique n’a jamais confirmé cette croyance populaire. Au contraire, une étude13 du neurologue Barry Beyrestein à démontré que toutes les aires cérébrales étaient indispensables en prouvant qu’une lésion, même infime, de celles-ci était incapacitante.
De brefs exercices de coordination motrice améliorent le fonctionnement de notre cerveau
Certaines approches pédagogiques proposent d’optimiser le fonctionnement du cerveau en pratiquant régulièrement de courtes séances d’exercices de coordination motrice (toucher la cheville gauche avec le pouce droit, puis la cheville droite avec le pouce gauche, etc.). Des études scientifiques l’on prouvé14,15, l’exercice physique régulier et plus généralement une hygiène de vie saine favorisent les processus cognitifs et ont un impact positif sur l’apprentissage et la mémorisation.
Un environnement riche en stimuli favorise le développement cérébral
Ce neuromythe sous-entend une corrélation entre l’environnement socio-professionnel et le développement du cerveau. Il implique que, plus notre environnement stimule notre cerveau, plus nous sommes intelligents. Il se base notamment sur des études menées chez les rats qui ont démontré que lorsque l’environnement dans lequel les rats évoluent est riche, ceux-ci ont un développement synaptique et neuronal 25% plus important que chez les rats témoins dont l’environnement est « pauvre »
Il existe des périodes critiques d’apprentissage : tout se joue avant l’âge de 3 ans
Le postulat de ce neuromythe est le suivant : dans le développement cérébral, tout se joue avant 3 ans, avec des périodes critiques pour certains apprentissages (langues, raisonnement…).
Or, cette croyance populaire ne tient pas compte de la plasticité cérébrale, caractéristique essentielle de notre cerveau qui nous permet d’apprendre tout au long de notre vie. Et oui, densité synaptique ne rime pas forcement avec augmentation du potentiel d’apprentissage,