La rareté a toujours été associée à la valeur.
Notre économie, auparavant centrée sur la production, s’intéresse désormais à quelque chose de moins tangible et de très éphémère: notre capacité de réception, notre .

Particularités de l’économie de l’attention

Si vous vous êtes souvent demandés pourquoi on consacre tant de temps à la tradition néoclassique dans les cours d’économie, vous porterez un regard bienveillant sur cette économie de l’attention qui bouscule les idées reçues : exit le marché parfait où tout déséquilibre est forcément dû à une asymétrie d’information.

Dans notre monde, l’accès à l’information est à la portée de tous (quoiqu’on pourrait admettre une certaine asymétrie dans la capacité de traiter l’information). Les économistes qui se sont penchés sur le sujet, comme Falkinger, blâment d’ailleurs la publicité, qui biaise la distribution optimale de l’attention et prônent une taxation ad hoc, afin de garantir une « restitution sociale des moyens de captation de l’attention ». Le débat récent sur les bloqueurs de publicité ajoute une complexité de plus à l’équation.

L’économie, lorsqu’elle s’intéresse à l’attention, n’oublie pas le principe capitaliste de l’accumulation. Dans ses travaux, G. Franck parle de “valeur boursière sociale de l’attention individuelle”. L’attention n’est objet ni d’épargne (qui finit par lire les informations mises de côté pour “quand on aura le temps?”) ni d’investissement. Cependant, elle puise sa valeur dans sa source d’origine : à ce moment là, elle dévient “capital” : « si l’attention qui m’appartient n’est plus uniquement prise en compte par moi-même, mais elle est également remarquée par d’autres, si l’attention que je prête aux autres est valorisée proportionnellement à l’attention qui me revient, alors s’amorce une comptabilité correspondante

[..] » Des exemples : le PageRank de Google et ses algorithmes divers, les classements, enquêtes internationales, etc

A l’instar de ceux qui prônent la décroissance économique, on termine ainsi avec une économie de l’attention qui prend le tournant de la décélération, afin de s’offrir – enfin – le juste temps pour penser…

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