La longue histoire de la normalisation pédagogique

Les normes sociales nous expliquent ce qu’il est convenable de faire. Elles renvoient d’une certaine façon à la morale, au bien au mal, au bon au mauvais au juste et à l’injuste, au blanc et au noir, au « vous avez coché la bonne case » ou « vous avez coché la mauvaise case ».

Plusieurs arguments plaident pour l’évitement de référentiels en matière de formation

Argument 1 : La qualité certifiée n’est pas la qualité

Les normes qualités appliquées à la formation dans les années 90 ont elles garanti quoi que ce soit en matière d’assurance qualité ? La réponse est non.

Argument 2 : Les modèles basés sur la compétence s’appuient sur des notions floues. On trouve des milliers de définitions. Qui décide de la référence ?

Contrediriez-vous votre médecin, s’il vous expliquait le fonctionnement de l’un de vos organes ? Non. Écoutez-vous votre docteur en sciences de l’éducation s’il vous dit après avoir longtemps cherché que la compétence est une notion très approximative socialement située et négociée ? Non. Il est peu écouté.

Argument 3 : Les référentiels n’ont jamais évité les tricheurs

Il y a une différence notable entre le prescrit et le réel. Vous pouvez satisfaire magnifiquement les normes d’un dossier papier ,par exemple en France le Référentiel National de Qualité,  et vous avérez incapable de le mettre en œuvre.Les scandales sanitaires en tous genres en attestent.

Argument 4 : Les référentiels évitent l’essentiel de la vie

Tout ce qui est dit dans les référentiels est la vision morale du métier, technique dicible, un concentré de gestes professionnels dénué de contexte et d’affects. Pourtant le travail et la formation sont vivants. La mise en place de barrières est une gêne à l’innovation.

Argument 5 : Pourquoi la formation professionnelle plutôt qu’un autre secteur d’activité ?

Pourquoi un secteur devrait-il être normalisé par la loi et référencialisé à ce point ? Qui a peur de la liberté en éducation ? Parmi les plus grands pédagogues on trouvera pas mal de libertaires comme Paolo Freire, des résistants comme Joffre Dumazedier. Qui oserait dire à ces guides qu’ils sont allés dans la mauvaise direction ?

Mais alors que faire ?

Personne n’enserrera l’essentiel de l’apprendre dans un référentiel, car ce qui compte vraiment c’est la posture et l’intention des personnes-ressources et des personnes-projets qui se rencontrent. On voit la détresse de l’éducation nationale où nombre d’enseignants souffrent d’obéir aux circulaires de toutes sortes qui ne cessent de changer.

Cela me semble plus profitable que l’effort de normalisation entrepris qui va coûter une fortune en réunions, en interprétations des textes de loi, en journée d’actualité pour savoir comment remplir et maintenir des dossiers dont le lien avec le réel est relatif.

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Repéré depuis https://cursus.edu/articles/43593/ni-dieu-ni-maitre-ni-certification

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