Il est loin le temps où la formation se déroulait avec une unité de temps, de lieu et d’interaction. Les salles ? Fermées. Les apprenants ? Cachés derrière leurs écrans. Les cours ? Fractionnés en activités multiples. Hybrider une formation consiste à la déconstruire, la diversifier et la remodeler. Solution du casse-tête.

 

Dimension géographique

Hybrider une formation, c’est entrer en territoire complexe. Il s’agit de sortir du schéma facilement maîtrisable de l’apprentissage centré sur le formateur et sa salle (favorisant un mode d’enseignement unilatéral et transmissif) à une formation ouverte à de nombreuses modalités, donnant des responsabilités et des libertés aux apprenants.

Dans un premier temps, il s’agit de lâcher prise sur la maîtrise géographique du lieu de formation, et imaginer des espaces dédiés à l’apprentissage et au développement de la pratique et des échanges des apprenants. Ces lieux peuvent être physiques (ceux-ci sont en pleine mutation) ou bien virtuels.

Cette nouvelle géographie des lieux de formation crée une dualité entre le modèle ancestral des salles et le nouveau modèle polymorphe qui mêle présence et distance dans un dispositif global de formation.

Indépendamment de la nature du lieu de déroulement de la formation, il est important de savoir maintenir une dynamique de groupe continue.

 

Dimension temporelle

Hybrider une formation nécessite non seulement d’abandonner la salle comme unique référence de lieu, mais aussi de substituer le temps comme unité de mesure du déroulement par la progression individuelle dans le parcours de formation.

Il faut également abandonner l’idée d’un parcours linéaire, ordonné et exhaustif. Pour cela, il est essentiel de définir ce qui est incontournable de ce qui est facultatif, les dépendances entre les grains du parcours, et ce qui permet de considérer que le parcours est achevé et réussi.

Une fois ces 3 notions substitutives au temps définies : les incontournables, les dépendances, la réussite, il est plus facile de concevoir les interactions synchrones ou asynchrones venant rythmer la progression.

 

Dimension relationnelle

Lors de la conception d’une formation hybride, la relation aux apprenants n’est plus : « comment les accompagner dans leur formation », mais « comment les accompagner pour développer leur autonomie dans l’apprentissage ».

Pour cela, Tony Wagner définit 7 compétences à développer :

  • La pensée critique et résolution de problème ;
  • La collaboration et leadership ;
  • L’agilité et adaptabilité ;
  • L’initiative et entrepreneuriat ;
  • La communication orale et écrite ;
  • L’accessibilité et analyse de l’information :
  • La curiosité et l’Imagination.

Ces 7 compétences sont essentielles pour être capable de suivre avec profit une formation hybride.

Le rôle du formateur n’est plus alors de transmettre et d’aider à la compréhension, mais d’accompagner les apprenants dans leur apprentissage coactif (selon Robert, l’apprentissage coactif s’observe lorsque « deux ou plusieurs individus poursuivent simultanément un apprentissage donné »).

Kilpatrick parle lui d’apprentissage par l’expérience, où les apprenants en étant actifs et en gardant un lien avec le monde réel, nourrissent la communication, la coopération, la créativité et la réflexion en profondeur. Selon lui, l’attention portée par les apprenants aux processus d’apprentissage est plus bénéfique que le simple accès au savoir. Cette notion d’apprentissage par l’expérience permet de préserver la présence à distance, tant cognitive que sociale, communicationnelle et relationnelle.

Dans une formation hybride, le numérique permet selon D. Laurillard de développer 5 catégories d’activités :

  • acquisition : présenter de l’information, représenter ce qu’on ne savait/ne pouvait pas représenter auparavant, enrichir les informations ;
  • investigation : rechercher de l’information ;
  • application : résoudre des problèmes et calculer, s’entraîner, expérimenter, apprendre à faire sur simulateur ou en réalité virtuelle ;
  • production : produire un texte ou un document seul ;
  • collaboration : produire un texte ou un document à plusieurs.

Ces 5 catégories ouvrent un champ très vaste d’activités.

Outre des activités très diverses, l’hybridation d’une formation permet aussi de développer la commodalité. Bien que très complexe à mettre en œuvre, elle donne une toute autre dimension à l’individualisation de la formation. Dans une formation permettant la commodalité, les apprenants peuvent choisir les modalités qu’ils préfèrent : en salle, à distance, en synchrone, en asynchrone.

 

Quelles que soient la forme et la complexité d’une formation hybride, la clé de la réussite est d’entretenir la motivation et l’attention tout au long du parcours.

 

« Avec un peu de méthode, on peut y arriver. » — Ernő Rubik

 


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