les mobiles, Post-it, ordinateurs et tablettes, robot de téléprésence ou Google Glass… Les learning labs fourmillent de matériel modulable et high-tech, mis au service de l’expérimentation pédagogique. Zoom sur ces nouveaux lieux qui s’attachent à rendre les étudiants plus actifs et ambitionnent de révolutionner l’enseignement.

À côté des traditionnels amphis ou salles de TD, de nouveaux espaces, plus ouverts et plus modulables, font aujourd’hui leur apparition dans les écoles et les universités. Une dizaine ont vu le jour récemment. Leur finalité : favoriser le développement de pédagogies alternatives, fondées sur l’interactivité et la créativité. Expérimenter et innover : voilà ce qui guide les learning labs.

“Nous mettons les équipements technologiques à disposition des enseignants, pour voir s’ils peuvent en faire quelque chose qui ait du sens dans leur pédagogie. Le but est de faire émerger des idées farfelues”, s’amuse Benjamin Six, responsable de l’innovation pédagogique de l’Essec. “Certaines seront géniales, d’autres inutiles“, poursuit le directeur exécutif du Knowledge-Lab ou K-Lab, qui décrit celui-ci comme “un fablab de l’immatériel”. “Nous nous situons dans la même logique d’innovation, à ceci près que l’objectif ici n’est pas de fabriquer des prototypes mais d’imaginer des pédagogies différentes”, précise-t-il.

DES ESPACES MODULABLES…

Concrètement, cela passe par des tables et chaises sur roulettes, facilement déplaçables, que l’on peut rapprocher pour mener un travail en petit groupe, puis organiser en cercle pour lancer une discussion collective. Mais aussi par des cloisons mobiles, parfois des rideaux, qui permettent de scinder une salle en plusieurs petits espaces où l’on peut s’isoler à certains moments. Des environnements qualifiés de “fluides”, où l’on ne jure (presque) que par du mobilier Steelcase.

Au sein du de l’université catholique de Lille, des claustras mobiles servent à la fois de tableau et de cloison. // © UCL

… ET DES ÉQUIPEMENTS HIGH-TECH…

Les nouvelles technologies sont omniprésentes dans ces learning labs, équipés de nombreux ordinateurs reliés entre eux, de tablettes et autres écrans tactiles. Des salles hyperconnectées où l’on peut “faire apparaître et disparaître les projections au mur comme on le souhaite”, indique Thierry Sobanski, le directeur opérationnel des systèmes d’information de l’université catholique de Lille.

Plus particulièrement tourné vers les nouveaux médias puisqu’il accueille les formations des étudiants de la licence et du master d’information-communication, l’Iram s’organise autour du “newsplex”, qui se veut “la salle de rédaction du futur” avec ses studios de production télévisée et de prise de son, ses MacBook, iPad et caméras numériques.

… DEMANDANT DES INVESTISSEMENTS CONSÉQUENTS

De tels équipements représentent bien évidemment un coût : 180.000 € d’investissement initial à Lyon, correspondant à l’achat des équipements et la rénovation de certaines salles,500.000 € à l’Iram, financés par l’université, la Région et le conseil général, 800.000 € à l’Essec…

L’ENSEIGNANT “METTEUR EN SCÈNE DES SAVOIRS”

Un seul credo dans ces learning labs : changer la relation entre étudiants et enseignant. “On se pose beaucoup de questions sur le professeur au milieu de la classe”, indique Benjamin Six. D’où le choix de cet “environnement physique qui favorise le mouvement”. Pour Jean-Pierre Berthet, ce changement de paradigme aboutit à un “nouveau métier pour l’enseignant qui devient metteur en scène des savoirs tandis que les étudiants sont les acteurs”. “L’étudiant va chercher son savoir et le construit avec l’enseignant”, confirme Jean Pouly. Exemple parmi d’autres, la classe inversée est emblématique de cette approche.

Le K-Lab de l’Essec

… MAIS AUSSI LABORATOIRE DE RECHERCHE

Par ailleurs, une large place est généralement accordée aux retours d’expérience, parfois au cours de discussions collectives, mais aussi de manière plus formelle car les learning labs se veulent en lien avec la recherche. À la Catho de Lille, les projets menés en son sein alimentent les travaux du LIP (Laboratoire d’innovation pédagogique), qui défend uneréflexion scientifique mais pratique sur la universitaire.

Aujourd’hui, 14 établissements sont membres du Learning Lab Network : les trois universités lyonnaises (Claude-Bernard, Louis-Lumière, Jean-Moulin) et l’université de Grenoble, les Écoles centrales de Marseille et de Nantes, l’Insa Rouen, VetAgroSup, l’ENS de Lyon, les universités catholiques de Lille, de Lyon et de Louvain, le groupe IGS et Sorbonne Paris Cité. Auxquels s’ajoutent le centre Erasme (living lab du conseil général du Rhône) et le learning lab du campus René-Cassin.

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