Nous sommes en 1885, à une époque où le spiritisme était encore très populaire, où l’on croyait impossible de mesurer l’esprit parce que l’esprit ne peut se saisir de lui-même. Un homme allait démontrer le contraire en posant les bases de l’étude scientifique de la mémoire : Hermann Ebbinghaus. Son nom sera à jamais associé à la courbe de l’oubli alors que ses résultats ont été présentés essentiellement sous forme de tableaux dans la première traduction américaine. Peu importe, l’oubli est une condition nécessaire à l’#apprentissage aussi bien qu’à la créativité ; un allié dans certaines occasions.
1885, c’est 1900-15, et si j’ajoute 15 à 1885, cela me donne aussi 1900. D’ailleurs, si on fait 1885-35, cela donne 1850, et curieusement, 35+15 donne 50. Je viens d’employer la technique de la répétition élaborative, qui consiste à enrichir l’encodage en donnant un sens aux éléments à encoder. L’encodage est l’étape qui consiste à « mettre dans sa tête » les éléments qui proviennent de son environnement. Les éléments n’ont pas de sens par eux-mêmes, mais par les relations qu’ils entretiennent avec d’autres éléments. Ainsi, dans mon exemple, 1885 prend son sens par une opération arithmétique. Et si je mélange le vocabulaire de la psychologie (« répétition élaborative », « encodage ») à des expressions plus triviales (« mettre dans sa tête »), c’est pour réduire la charge cognitive, c’est-à-dire l’espace occupé dans la mémoire de travail par les données à apprendre. La mémoire de travail est une mémoire temporaire, équivalent à la mémoire vive d’un ordinateur, sa RAM.
Lorsque le contexte d’encodage et de récupération sont similaires, on favorise le rappel (ou récupération) des données, on minimise donc l’oubli. Où étais-je lorsque j’ai lu cet article dont je ne me souviens plus, et qui parlait de mémoire et d’oubli ? J’étais au bureau. Je retourne donc au bureau, et je cherche à reconstituer le contexte d’encodage.

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