Jamais la fête n’a été autant sollicitée en formation. Les formations deviennent ludiques, joviales, joyeuses, des aventures à vivre… les mots ne manquent plus pour fêter la fête en formation, la littérature en a même fait un concept la learning expérience, la promesse de vivre un moment de fête apprenante.

1, Pourquoi faut-il faire la fête ?

La fête en formation est une histoire ancienne. Déjà, Platon dans Philèbe, considérait que l’homme qui ne fait que la fête était une « éponge » à plaisir, une « méduse » émotionnelle, sans le recul de la raison point de fête. Le travail de formation est celui de se mettre en distance de ses émotions pour déterminer le Bien, guider ses choix par la pensée raisonnable.

Et la formation dans tout cela ? Comme la gouvernance de Thèbes, elle doit choisir entre Penthée ou Dionysos. Et ce choix à des conséquences très opérationnelles…  une formation qui se bureaucratise va insister sur la standardisation des contenus et des process avec des politiques d’assurance qualité centré sur l’offre, c’est la qualité des connaissances et des compétences qui est au cœur de la gouvernance. L’apprenant n’est pas au centre de la formation, il est standardisée.

2, Comment faire la fête ?

Jean-Jacques Rousseau, le père de l’autonomie éducative, dans la Lettre à d’Alembert (1758) sur l’importance des spectacles, donne une bonne définition de la fête. La liesse affective a un but sortir de la « contrainte » et de « l’intérêt » pour réduire les distances sociales. La fête bouleverse la disponibilité de chacun à tous. Une nouvelle identité sociale devient alors possible..

Avec la montée en puissance du numérique, on a longtemps cru que la révolution majeure serait celle de la relation apprenante : sortir de la logique du distributeur de formation pour inscrire la prestation dans une relation, ce qui introduit de nouveaux outils de fidélisation que la puissance numérique permet depuis la fin du siècle dernier.

3, La nouvelle posture de l’apprenant

Il existe plusieurs façons d’aborder cette situation, nous pouvons partir de la controverse entre deux contemporains Guy Debord et Jean Baudrillard. Dans les deux cas, il s’agit de parler de « La société du spectacle » (1967). Guy Debord considère que le spectacle, comme la fête, n’est pas fait pour amuser, muser, errer sans but, mais à l’instar du poète Juvénal si l’on donne du pain et des jeux aux peuples pour le nourrir et le divertir, l’Empereur peut piloter le peuple. En pédagogie, il s’agit d’amuser de capter l’attention de l’apprenant pour le manipuler et le faire progresser.

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