Concevoir et implanter un dispositif d’aide à a réussite, comme tout dispositif pédagogique, n’est pas une mince affaire. Ce l’est encore davantage lorsqu’il s’agit d’un changement de grande envergure, c’est-à-dire qui touche l’ensemble des activités d’un cursus (ex., article de De Clercq et al.), voire d’un établissement (ex., article de Paivandi et Perret).
L’évaluation de ces dispositifs représente également un chantier d’envergure, qui devrait être en symbiose avec les deux premières phases (Bédard et Béchard, 2009). Pour certains auteurs, le terme « évaluation » est principalement utilisé dans le but d’améliorer (To Improve) le dispositif ou la démarche de formation (Jouquan, 2009). Pour ces auteurs, l’évaluation se distingue alors de la réalisation d’une « recherche », qui, elle, vise à démontrer (To Prove) et dont le but principal est de produire de nouvelles connaissances (Stuffelbeam, 2003). La présence de cette possible « fracture évaluative » sera le point principal à partir duquel nous analyserons le contenu des articles en tant que contribution à l’analyse de dispositifs institutionnels d’aide à la réussite. Nous y reviendrons plus loin.
La recherche de qualité d’un dispositif pédagogique, en particulier lorsqu’il s’annonce comme innovant, passe souvent par des préoccupations « d’ordre pragmatique, au sens d’une centration sur l’action et d’une recherche de solutions efficaces pour répondre à des problèmes terrain » (Lemaître, 2018, p.1). La pareille semble s’appliquer aux dispositifs d’aide à la réussite décrits dans le présent numéro de la revue RIPES. Ce constat s’aligne très bien avec le sens généralement accordé à la démarche d’évaluation de la qualité des formations. Dans tous les cas, il apparaît important, voire essentiel, de documenter les pratiques, comme tentent de le faire les six articles de ce numéro. Ainsi, la place de la recherche est également présente à travers les termes « mesure des effets ».
Il importe de viser l’amélioration, en continu, des dispositifs de formation, et ce, dans la perspective proposée par le paradigme de l’apprentissage (Jouquan et Bail, 2003), c’est-à-dire en considérant les établissements d’enseignement supérieur comme des organisations qui visent avant tout à favoriser l’apprentissage, plutôt qu’à donner des cours, fussent-ils pour favoriser la réussite des étudiants. Offrir une formation est un moyen, non une fin.
Dans cette perspective, la notion de qualité doit avant tout permettre d’établir si les dispositifs de formation atteignent leurs fins, c’est-à-dire si elles façonnent et soutiennent l’apprentissage, des étudiants, comme de l’organisation (Bédard et Béchard, 2009). Le point focal qu’est l’apprentissage devrait également orienter les études qui visent à mesurer les effets des dispositifs institutionnels d’aide à la réussite à l’université. Ainsi, il importe tout autant de viser à faire avancer les connaissances dans le domaine de la pédagogie de l’enseignement supérieur, pour autant que ces recherches posent des questions et formulent des hypothèses au sujet de phénomènes psychologiques, sociaux ou organisationnels qui permettent de comprendre, d’expliquer ou de prédire l’apprentissage et les conditions dans lesquels il prend place. Les différents articles de ce numéro en sont de très bons exemples.
…
—————
Repéré depuis https://journals.openedition.org/ripes/3993
Abonnez-vous à notre Newsletter : https://digital-learning-academy.com/abonnement-newsletter