La loi Avenir professionnel induit une refonte systémique de la formation professionnelle. Rendue effective par une série de décrets, cette 12e réforme depuis 1971 a commencé à produire ses effets en 2019. Alors, quels sont les premiers retours des responsables formation ? La réforme dote-t-elle les acteurs du système de leviers à la hauteur de ses ambitions ? Éléments de réponse.

LES RESPONSABLES FORMATION ONT ÉLABORÉ LEUR 1ER PLAN DE DÉVELOPPEMENT DES COMPÉTENCES : QUELS SONT LES CHANGEMENTS NOTABLES ?

Rappelons qu’au-delà d’une évolution sémantique, le périmètre de l’action concourant au développement des compétences a été considérablement élargi. Y figurent désormais, aux côtés de l’action de formation proprement dite (laquelle inclut l’AFEST et la FOAD [1]) : les bilans de compétences, les actions liées à la validation des acquis de l’expérience (VAE), les actions d’apprentissage. Cela traduit un changement de logique, l’accent étant mis sur les objectifs professionnels visés.

 

DES RESPONSABLES FORMATION À LA JONCTION DES FONCTIONS DE L’ENTREPRISE ET DE LA DRH [5] ?

Ce déploiement de la formation revisité donne un nouveau rôle aux managers.

« De plus en plus impliqués dans les dispositifs – dans la manière de porter la formation et le plan de développement des compétences auprès de leurs collaborateurs -, ils en deviennent doublement acteurs, poursuit Sophie Laisne. » Ainsi, à la MGEN, les formations destinées aux conseillers embarquent leurs managers. Aux temps de formation à distance prévus pour les salariés correspondent des temps d’échanges du formateur avec les managers afin de s’assurer qu’ils accompagnent au mieux les salariés à l’issue de la formation. Cela bénéficie ensuite à l’ensemble des équipes, les nouvelles pratiques étant impulsées par les managers et partagées par les salariés ayant bénéficié de la formation.

Plus largement, « les mentalités doivent changer, plaide Béatrice Quertain. Tout le monde apprend de tout le monde. L’entreprise dans son ensemble devient ainsi apprenante. »

S’ils se rapprochent des métiers, les responsables formation ne souhaitent pas pour autant se déconnecter de la DRH. « Cela nous offre une vision globale sur les évolutions des métiers, la transformation et la stratégie de l’entreprise, souligne Sophie Laisne. » Pour construire des architectures spécifiques par projets et enjeux, ils ont absolument besoin d’une appréciation à la fois globale et transverse.

In fine, les responsables formation doivent « se repositionner par rapport au système client que représentent l’entreprise en général, les différents services et les collaborateurs, explique Sylvain Humeau. » Dans cette perspective, le marketing interne [6] de la formation devient indispensable.

L’ÉVOLUTION DU FINANCEMENT : QUEL IMPACT DANS LES ENTREPRISES DE PLUS DE 50 SALARIÉS ?

Si la réforme du 5 septembre 2018 accentue le recentrage des responsables formation sur l’ingénierie pédagogique, la dimension financière ne peut toutefois être occultée.

  • Pour mémoire, un nouveau fléchage réserve désormais les fonds mutualisés aux entreprises de moins de 50 salariés.
  • Dans une structure telle que la MGEN (10 000 salariés), « l’investissement formation est resté le même, malgré la perte des financements de la période de professionnalisation ». 

La réforme de la formation professionnelle suscite l’adhésion globale des responsables formation. Elle remet en effet à l’honneur les fondamentaux de ce métier. De beaux projets se dessinent, de la mise en œuvre de l’AFEST aux référentiels de compétences à élaborer. Pour autant, la réforme conduira-t-elle davantage de salariés (et d’actifs en général) à se former ? Permettra-t-elle aux individus de développer les compétences dont ils ont véritablement besoin ? Autant de questions qui restent en suspens.

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Repéré depuis https://www.docendi.com/blog/responsables-formation-limpact-de-reforme-terrain/

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