Indissociables du e-learning, les LMS ont même parfois été le point de départ des réflexions et des démarches de formation à distance. Surprenante approche du problème par les outils plutôt que par les contenus ou les objectifs. Pas étonnant qu’ils soient si forts dans le back-office d’administration et parfois un peu plus faible côté utilisateur. Et dernièrement, on semble découvrir qu’il faut aussi soigner les apprenants et gérer des interactions sociales. Regardons de plus près où vont (doivent aller) les LMS.

 

Le LMS comme élément central

Dans une vision simple de la formation, focalisée sur les « actions de formation », le LMS semble être la clé de la problématique de déploiement de la formation à distance :

  • Il centralise les contenus dans un ou des catalogues
  • il recense tous les apprenants dans un ou des annuaires
  • il assigne les formations aux apprenants
  • il comptabilise la consultation et les résultats des apprenants

Problème réglé.

Le LMS devient alors l’incontournable outil comptable d’administration de la formation. Le plaisir du contrôle à la minute et au point près de la progression de chaque utilisateur pousse également à intégrer la gestion des formations présentielles, et plus particulièrement des parcours blended.

Ça y est, on le tient notre outil presque parfait de la gestion de la formation.

Ah oui, bien sûr, il faut lui donner bel aspect, alors on soigne la « home page » pour ne pas essuyer trop de critiques des apprenants.

Seulement voilà, le modèle 70-20-10 nous révèle que finalement, notre LMS ne gère que les 10 petits % de la formation formelle, et qu’il serait bon de s’occuper des 20 % de formation informelle, et faciliter l’identification et la capitalisation des 70 % de formation « on the job ».

Patatra ! on pensait avoir trouvé l’outil global idéal, et on se rend compte qu’il est doté de sérieuses œillères.

Le LMS et ses fonctions

Avant toutes autres fonctions, ce sont celles du back-office d’administration qui font l’objet de grandes attentions. Automatisation des inscriptions, connexion avec les annuaires et les autres outils, importation de contenus, reporting micrométrique d’utilisation, etc.
Certains LMS sont un peu comme les avions-charter : les 2 seuls passagers à voyager confortablement sont ceux de la cabine de pilotage, les autres ont droit au strict minimum. Heureusement, ces LMS se font de plus en plus rares.

Les besoins sont cependant bien plus vastes que le back-office d’administration.

  1. gérer le contenu :

Plusieurs approches sont possibles, de la plus simple à la plus sophistiquée :

  • permettre l’importation de contenus existants
  • importer des contenus et proposer quelques fonctions simples de création de contenus : pages de cours et de quiz
  • intégrer un véritable système auteur
  1. gérer les activités synchrones
  • classes virtuelles
  • webconférence,
  • visioconférence, audioconférence
  • partage d’application
  • chat
  1. accompagner les apprenants :
  • suivi individuel et collectif
  • correction de devoirs
  • tutorat, mentorat
  1. partager des contenus:
  • permettre à chaque participant de proposer ou produire du contenu
  • agréger les contenus proposés ou produits par les apprenants
  • intégrer ces contenus complémentaires dans les parcours
  1. gérer les interactions sociales :
  • échanges entre les participants/tuteurs/mentors/experts/auteurs
  • discussions sur les contenus ou par thématiques
  • notation des contenus : j’aime, nombre d’étoiles,…
  • partage des contenus ou des activités sur d’autres réseaux sociaux
  1. gamification :
  • gestion des badges, de la progression, des compétences acquises
  • intégration des quêtes, d’objectifs individuels ou collectifs
  • compétition entre participants
  • organisation de challenges permanents, ponctuels…

Ces 6 domaines fonctionnels semblent aujourd’hui essentiels en complément du simple back-office.

Et pour finir, il en reste un dernier : MOBILE FIRST !

Pratiquement tous les LMS se disent « responsive » c’est-à-dire qu’ils sont capables de s’adapter aux spécificités d’affichage des terminaux mobiles. Cependant pour que l’expérience utilisateur soit pleinement satisfaisante, une simple adaptation de l’affichage n’est pas suffisante. Sur mobile, pas de clic-droit, mais un « double-tap » pour zoomer, pas de progression « page à page » mais un défilement continu, pas de bouton « suite-retour » mais un « swipe » à la Tinder, etc. Un autre monde.

Et là, en général, ça coince.

Très peu de LMS ont une réelle déclinaison sur mobile. En effet, pour que cette fameuse expérience utilisateur soit réussie, il est quasiment impossible d’échapper au développement d’une application spécifique pour iOS et Android. Une compétence que peu d’éditeurs possèdent, et qui engendre des coûts élevés. Cette relative absence des LMS sur les mobiles fait les beaux jours de pure players du mobile-learning.

A-t-on encore besoin d’un LMS ?

Avec l’arrivée des MOOC/SPOC dans le paysage de la formation, la position du LMS central est remise en question. En effet pratiquement aucun des LMS actuels ne dispose de l’ensemble des fonctionnalités de plateformes dédiées aux MOOC (comme edX par exemple). Dès lors, l’utilisation d’un MOOC ou d’un SPOC se fait en dehors du LMS. D’autre part, certains producteurs de contenus Digital Learning (sur-mesure ou sur étagère) proposent d’héberger leurs contenus sur leurs propres plateformes. Il n’est donc pas rare dans certaines entreprises de compter 2, 3 LMS (ou plus). Dans ces conditions, la belle promesse de la centralisation devient difficile à tenir, et conduit obligatoirement à revoir ses priorités fonctionnelles. Si c’est le fournisseur de contenu qui s’occupe du back-office, alors ce sont les fonctionnalités pour les utilisateurs qui deviennent prioritaires.

Une nouvelle compétition entre LMS est lancée, et celle-ci se déroule sur les écrans de nos smartphones et plus dans les coulisses du back-office.

 

 

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