Successeur de Datadock, Qualiopi devait entrer en application le 1er janvier 2021. Crise oblige, cette date est repoussée d’un an. Cela n’exonère pourtant pas tous les acteurs du développement des compétences (CFA, OF, …) d’être certifiés pour continuer à bénéficier des financements de l’État et des OPCO. Qualiopi, une lourdeur de plus ou un réel progrès ?
Le cadre réglementaire
Après Datadock qui a déjà fait couler beaucoup d’encre et de sueur, Qualiopi prend la relève et remplace la majorité des labels qualité existants ! C’est le nouveau référentiel qualité des acteurs du développement des compétences, et donc des organismes de formation. Qualiopi devait entrer en vigueur le 1er janvier 2021 (et enterrer Datadock), mais l’année 2020 ayant été un poil compliquée pour les organismes de formation, il a été accordé une année supplémentaire pour se mettre en conformité.
Les OFs n’ont pas l’obligation d’être certifié Qualiopi pour continuer d’exercer, mais doivent l’être pour continuer à bénéficier des financements des OPCO. L’enjeu étant vital, difficile d’y échapper.
Le principal changement qu’apporte Qualiopi par rapport à Datadock est qu’il n’est plus suffisant de décrire ses procédures qualité, mais de prouver qu’elles sont bien mises en œuvre. L’autre changement majeur est qu’il faut passer par un audit pour être certifié alors qu’une simple étude des documents descriptifs des processus était suffisants pour Datadock.
Comment être certifié
L’audit et la certification sont assurés par des organismes certificateurs reconnus par le COFRAC. Son coût varie entre 1.500€ et 8.000€ selon la taille et la chiffre d’affaires de l’OF et peut s’étaler sur une période de 3 à 6 mois.
L’audit peut révéler des non-conformités (majeures ou mineures) qui devront être corrigées selon un plan d’action communiqué à l’auditeur.
L’audit porte sur les 7 critères suivants :
- Les conditions d’information du public sur les prestations proposées, les délais pour y accéder et les résultats obtenus ;
- L’identification précise des objectifs des prestations proposées et l’adaptation de ces prestations aux publics bénéficiaires, lors de la conception des prestations ;
- L’adaptation aux publics bénéficiaires des prestations et des modalités d’accueil, d’accompagnement, de suivi et d’évaluation mises en œuvre ;
- L’adéquation des moyens pédagogiques, techniques et d’encadrement aux prestations mises en œuvre ;
- La qualification et le développement des connaissances et compétences des personnels chargés de mettre en œuvre les prestations ;
- L’inscription et l’investissement du prestataire dans son environnement professionnel ;
- Le recueil et la prise en compte des appréciations et des réclamations formulées par les parties prenantes aux prestations délivrées.
Ces 7 critères couvrent un total de 32 indicateurs avec pour chacun un niveau attendu et des éléments de preuve à fournir.
Se faire aider par un cabinet spécialisé pour constituer le système documentaire et l’ensemble du dossier nécessaire à l’audit ne posera un problème insurmontable pour une OF ou un CFA, mais pourra être un obstacle infranchissable pour une petite structure ou un indépendant qui n’a pas les moyens de faire appel à de tels services, ni le temps et les compétences, pour s’outiller et documenter toutes ses actions, et encore moins de “s’offrir” l’audit en espérant que celui-ci ne révèle pas une liste trop longue de non-conformités.
Une fois certifié, faut-il encore le rester ! 1 à 2 ans après l’audit, un contrôle sera effectué puis ensuite tous les 3 ans. Qualiopi ne vous lâchera pas !
Avant de se lancer, l’AFNOR propose un diagnostic pour savoir si vous êtes prêt pour Qualiopi.
Un mal pour un bien ?
Imposer un certain professionnalisme dans la formation n’est pas critiquable, d’autant que certains organismes peu scrupuleux ont fait du mal à la profession. Mais encore faut-il que le remède ne tue pas le malade. Et surtout que le fonctionnement imposé ne conduise pas à restreindre les modalités pédagogiques à celles de la ligne du parti.
En analysant bien les critères, Qualiopi est dans la même lignée que les certifications ISO 9000, qui peuvent conduire à certifier des processus défaillants.
Cependant, conditionner le cofinancement de formation à une attention particulière à sa qualité est louable, car au-delà de l’obligation contraignante, des failles et des biais du système, prendre la formation au sérieux n’est pas critiquable.
“Les organismes peuvent former comme ils le souhaitent du moment que la formation soit noire.” — Henry FORD