Notre temps est devenu une denrée précieuse. Non pas que les jours comptent désormais moins de 24 h, mais nous cherchons désespérément à y faire entrer bien plus d’activités qu’ils ne le permettent. Dès lors, chaque action doit être justifiée et utile. Cette quête de l’utilité nous amène à mesurer l’efficacité de toutes nos actions (la data est là pour nous en fournir les preuves). Mesurer nous prend du temps, et nous interdit l’erreur, or, apprendre, c’est se tromper et prendre son temps. Vous avez dit « paradoxe » ? »

Pourquoi évaluer ?

L’évaluation est intimement liée à la formation (ou l’inverse). Elle n’est pas à remettre en cause, car elle permet :

  • de mesurer les acquis des apprenants : les informations sont-elles mémorisées ? Les objectifs pédagogiques sont-ils atteints ? Les compétences sont-elles observables ?
  • De mesurer l’efficacité du dispositif de formation : les résultats sont-ils au niveau espéré ? La durée de la formation a-t-elle été correctement estimée ? Les apprenants ont-ils apprécié la formation ?
  • De mesurer le ROI: dans quel délai le coût de la formation est-il compensé par un changement mesurable et chiffrable ? Avec la dernière réforme de la formation et plus particulièrement son financement, le ROI va rapidement devenir le nouveau gimmick de la formation.

Comment évaluer ?

Évaluer ne se résume pas tout à fait à proposer un quiz en fin de formation (sauf malheureusement dans pratiquement tous les cas).

En effet, quel sens donner au chiffre 68 (si c’est le résultat d’un quiz) ? :

  • est-il le résultat de 5 réponses mauvaises et 5 réponses très bonnes ou bien 10 réponses presque bonnes ?
  • est-il en progression ou en régression par rapport à un précédent quiz ?
  • est-il au-delà du résultat attendu ?
  • est-il meilleur ou moins bon que la moyenne ?

L’évaluation est un vrai processus et pas qu’une étape dans la formation permettant de recueillir un score.

Elle doit se situer :

  • au début de formation : quel est le niveau initial ? Quelles sont les attentes ?
  • pendant la formation : quel est le niveau d’effort produit pour chaque activité ? Quels sont les acquis à chaud ? Quels sont les retours des participants pour chaque activité ?
  • à la fin de la formation : quel est le taux de complétion ? Quel est le niveau final à chaud ? Quelle est l’appréciation de la formation ?
  • après la formation : quel est le taux de rétention à froid ? Quels sont les changements observables et mesurables ?

et permettre de bâtir une représentation complète et précise de l’efficacité du dispositif et des bénéfices pour les apprenants.

Que gagne-t-on à ne pas évaluer ?

Cependant, évaluer systématiquement n’est pas forcément une bonne chose, en effet l’absence d’évaluation formelle apporte :

  • le droit à l’erreur sans conséquence, sauf d’apprendre ;
  • la possibilité de donner des feedback critiques qui ne pénalisent pas ;
  • la liberté de s’arrêter quand les acquis sont suffisants ;
  • la responsabilisation des apprenants sans la sanction du niveau.

Il faut savoir placer et doser l’évaluation dans un dispositif de formation pour qu’il ne soit pas perçu comme une épreuve qu’il faut obligatoirement réussir.

 

« J’adore mesurer avec précision » — Anders Jonas Ångström

 

 

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