Mine de rien, le digital qui s’immisce un peu plus chaque jour dans notre quotidien a tendance à changer nos pratiques dans tous les domaines. Nos super pouvoirs digitaux nous transforment de simple acheteur à dénicheur de bonnes affaires, de simple téléspectateur à expert en consultation de séries TV en replay. Le commerce en ligne et les chaînes de télé ont pris le virage du digital en ajustant sérieusement leur modèle. Et la formation dans tout ça, doit-elle, elle aussi revoir sa copie ?
Réapprendre à formaliser
Quand la formation n’était qu’en salle, les documents nécessaires à son bon déroulement s’appelaient alors des « supports pédagogiques ». Leur rôle était principalement d’être le recueil des savoirs transmis, la « Bible » sur laquelle s’appuyait le formateur pour animer sa formation, et les documents avec lequel repartait le stagiaire. L’outil roi pour produire ces supports était « PowerPoint ». D’impressionnantes montagnes de slides ont ainsi été produites pendant des années. Cette pratique compulsive de PowerPoint a forgé de solides et tenaces habitudes.
Avec l’arrivée du digital et de l’individualisation des parcours de formation, concentrer autant d’efforts à la seule constitution des supports n’est plus nécessaire, et encore moins conserver le même outil et le même format.
Il faut non seulement répartir ses moyens un peu moins sur la conception des supports et un peu plus sur les activités pédagogiques, mais surtout concevoir les modalités d’accompagnement et conserver du budget pour leur mise en œuvre.
Formaliser les contenus d’une formation digitale, c’est maintenant y intégrer aussi la pédagogie précédemment apportée par le formateur.
Réapprendre à transmettre
Le digital a changé notre rapport au savoir, il n’a jamais été aussi pléthorique, exhaustif et accessible du bout des doigts. Dès lors, pourquoi se former ? Tout simplement parce qu’entre le savoir théorique et son appropriation — la contextualisation et la capacité à le transformer en compétence opérationnelle — seule la reformulation personnalisée, l’entraînement, les erreurs et leurs corrections permettent d’y arriver.
Le formateur n’est donc plus le détenteur du savoir, mais celui qui aide à sa compréhension et à sa mise en application.
Cette fonction d’accompagnement plutôt que de transmission est connue depuis longtemps, mais le digital oblige à l’assumer pleinement sans pour autant se sentir dépossédé de son statut d’expert.
Réapprendre à évaluer
Sacré Google ! Sacré Wikipédia ! Ces deux lascars réunis réussiraient à coup sûr presque tous les quiz d’évaluation proposés en fin de formation. Dès lors que ces deux complices sont accessibles par tous, à quoi bon conserver le quiz de connaissance comme modalité d’évaluation ?
Il faut bien sûr garder le quiz, qui reste un excellent outil pour évaluer, il faut par contre le concevoir de façon à ce qu’il mesure la capacité à appliquer le savoir plutôt que le savoir lui-même.
Il est par exemple plus adapté de poser la question suivante :
Le bébé de 2 ans de votre voisine pèse 12 kg et mesure 85 cm, est-il :
- moins développé que la moyenne
- tout à fait dans la moyenne
- plus développé que la moyenne
Plutôt que cette question :
Quelle est la taille moyenne d’un bébé de 2 ans :
- 80 cm
- 85 cm
- 90 cm
Cette approche du questionnement par compétence n’est ni plus longue, ni plus difficile, elle nécessite seulement de partir du principe que l’information est soit connue, soit accessible, et que c’est l’application qui doit être évaluée plutôt que la connaissance.
« Je peux encore m’améliorer ! » — Dr Rapperschwyll