En 2004, Patrick Le Lay résumait son métier à vendre du temps de cerveau disponible. Il y a plus de 15 ans, le temps était déjà une denrée rare et chère, il l’est encore plus aujourd’hui. Alors, la formation est-elle condamnée à se réduire comme peau de chagrin, ou bien va-t-elle réussir à s’immiscer un peu plus dans nos agendas pourtant bien chargés ?

 

La formation est un temps long

Nous avons tous mis à peu près 1 an à dompter l’équilibre sur 2 jambes et prononcer nos premiers mots, et 2 ans pour faire nos premières phrases. Fichtre ! que c’est long !

À l’école, c’est 400 h qui sont nécessaires pour pouvoir commencer à lire et à écrire. Soit l’équivalent de presque 4 mois d’apprentissage non-stop.

Ces temps très longs nécessaires aux apprentissages fondamentaux ne sont pas la conséquence d’un manque de capacité ou de volonté, bien au contraire. Il est simplement révélateur du réel temps qu’il faut consacrer à la formation quand on a une obligation de résultat. Impossible de cacher qu’on ne tient pas debout, ou qu’on ne sait pas lire.

Il n’y a aucune raison qu’à partir d’un certain âge nous soyons dotés de capacités surnaturelles nous permettant de nous former à des sujets complexes en seulement quelques heures.

Devenir manager ou maîtriser Excel en 3 jours, vous y croyez vraiment ?

 

Les règles d’un jeu de dupes

La formation professionnelle a depuis longtemps aligné les durées des formations sur les contraintes des entreprises : contraintes de budget et contraintes de disponibilités, en ayant pleinement conscience que le temps consacré à l’apprentissage est largement insuffisant.

Une petite crise par ci, une mauvaise réforme par là, et voilà que pour rester compétitifs, les organismes de formation n’ont pas hésité à réduire encore la durée de leurs offres pour « passer » dans le trou de souris des budgets sans revoir profondément ni le programme ni les objectifs.

Toujours trop longues, toujours trop chères mes formations ?

Pas de problème, le e-learning permet de réduire par 2 ou par 3 les durées des formations traditionnelles. Ben voyons ! Tant qu’à faire fi de la réelle efficacité des formations, pourquoi ne pas promettre la lune ?

 

La formation est-elle soluble dans le temps ?

Au-delà même du fait que le temps total est souvent insuffisant, un des principaux freins à l’efficacité de la formation professionnelle est la concentration du temps alloué à se former en un seul moment. La courbe de l’oubli est cruelle, mais bien réelle. Elle démontre que sans réactivation régulière, les informations se perdent. Se former 3 jours sur un sujet (indépendamment du fait que 3 jours sont peut-être trop peu) en une seule fois conduit généralement à accentuer l’effet de cette courbe de l’oubli. Un apprentissage espacé par des pauses de plusieurs jours permet non seulement de mettre en pratique plus facilement entre les séances d’apprentissages, mais permet cette réactivation des savoirs, et améliore leur ancrage dans le temps.

La formation a subi des compressions à répétition pour « rentrer » dans le cadre de contraintes imposées sans envisager de se dissoudre dans le temps. Alors que se former par petites doses répétitives sur une période longue semble être une stratégie non seulement adaptée à nos micro-disponibilités, mais surtout très efficace. Ce fractionnement espacé permet également de dispenser une formation d’une durée totale plus longue.

De là à penser que le micro-learning est un format d’avenir, il n’y a qu’un pas.

 

« Le temps de formation, vous savez, c’est très relatif ! » — Hermann Minkowski

 

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