L’intégration par l’accès à l’emploi évite de segmenter chaque classe d’âge entre « gagnants » et « perdants » du système, estime Vincent Charlet, directeur de la Fabrique de l’industrie, dans une tribune au « Monde ».
Un des mérites du débat sur le revenu universel, qui s’est ouvert à l’occasion des élections présidentielles, aura été de rappeler que, en France aujourd’hui, la question de l’inégalité intergénérationnelle se pose d’abord à l’égard des plus jeunes. Bien sûr, l’inégalité peut s’apprécier sur plusieurs plans : patrimoine, revenus, accès à l’emploi…

En France aujourd’hui, une classe d’âge représente à peu près 800 000 jeunes. La voie scolaire générale en concerne 40 %, au niveau du bac. On ne répétera donc jamais assez qu’une majorité de jeunes en âge d’être lycéens suivent aujourd’hui des formations technologiques (16 %) ou professionnelles (40 %), sans compter les quelque 4 % qui ont abandonné toute #formation avant même d’atteindre leur majorité. C’est à l’aune de ces ordres de grandeur qu’il faut considérer l’importance d’une reprise en main de la « for pro », sur lequel un diagnostic consensuel a été posé plusieurs fois.

Paradoxe

Le système français repose sur un paradoxe. Il est segmenté de manière très étanche dans les faits – les jeunes lycéens « pro » ont toutes les peines du monde à bifurquer vers les voies générales ou à accéder aux diplômes de l’enseignement supérieur – alors qu’il est guidé dans ses principes par une vision très homogène de l’art de bien former : collège unique, effectifs largement captés par les lycées professionnels relevant de l’Éducation nationale, effacement du BEP au profit du bac professionnel, harmonisation de la formation et du recrutement des professeurs sur le modèle de l’enseignement général…

 

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