1. SUR MOBILE, JE SUIS…

2. SUR MOBILE, JE FUIS…

Avant de vous mobiliser…

Depuis mars 2020, je ne vais plus au boulot, je travaille… tour à tour dans mon salon, dans un openspace clairsemé, dans une maison de campagne ou chez des amis. Ma vie est durablement passée sous le signe de la mobiquité, connectée partout tout le temps, sans contrainte de lieu ni de temps mais généralement derrière un écran. Ça faisait déjà un moment que je n’allais plus en formation, mais que j’apprenais, « on the job », « just in time », sans contrainte horaire et généralement encore derrière un écran, 17 pouces dans mon bureau, 15 pouces dans mon salon … et aujourd’hui, je tourne au 6 pouces dans ma poche. Dernière escale avant le mobile only, me voilà mobile first !

Et tout ça n’est pas qu’une question de taille, loin s’en faut. Ce serait plutôt une question d’expérience, mon expérience apprenant, variée, ludique, flexible, engageante et efficace. Quelques règles de bonne conduite en mobile learning…

1.
SUR MOBILE, JE SUIS…

…PAS TOUT SEUL…

puisque nous sommes 67% à surfer sur le net tous les jours et vous êtes même 88% si vous êtes âgés de 15 à 24 ans (ce qui n’est plus tout à fait mon cas)*.

Question d’ordre alphabétique : si le mobile était jusqu’à présent une variable, en fonction des secteurs d’activité de l’entreprise et de sa pyramide des âges interne, l’intégration de la génération Y en entreprise talonnée par la génération Z qui s’apprête à faire son entrée sur le marché du travail, il tend à devenir une constante. Difficile dans ces conditions de passer à côté en formation…

Côté mobile learning, 39% des entreprises considèrent le mobile learning comme une solution d’avenir, innovante et dans l’ère du temps.

* Source : Médiamétrie et Médiamétrie/NetRatings – Audience Internet Global – Tous lieux de connexion – France – Septembre 2020

…EN ÉQUILIBRE…

financier, j’entends. Outre l’entrée des générations « digital natives » dans la population active, l’usage désormais prépondérant du mobile en France a été facilité par une équation économique compétitive pour les détenteurs de smartphones.

Question de géographie : les coûts de l’Internet mobile sont désormais maîtrisés pour la majorité des Français, contrairement aux Grecs par exemple. La France se place ainsi parmi les pays européens les moins chers en matière d’Internet mobile avec un Go (giga octet) à 74 centimes d’euros en 2020.

Côté formation, le mobile learning permet généralement d’optimiser les coûts de production et les temps de formation en procédant par petites sessions très courtes qui ne nécessitent plus d’éloigner le collaborateur de son poste de travail.

… NATUREL…, (référencement naturel j’entends),

puisque la pression de Google pour promouvoir l’Internet mobile se fait de plus en plus pressante.

Question de visibilité : depuis mars 2021, Google indexe tous les sites au travers de leur version mobile. Il encourage les éditeurs à la traîne à adopter la mobile attitude : la navigation mobile est désormais également un enjeu du référencement naturel.

…ATAWADAC…

et c’est contagieux ! Anytime, anywhere, any device, any content. Partout, tout le temps, la flexibilité offerte par le smartphone accroît la motivation et l’engagement : l’apprenant peut se consacrer à sa formation en fonction de sa disponibilité, que l’on parle d’agenda mais également de temps de cerveau disponible et de rythmes circadiens. L’accessibilité des ressources pédagogiques et la portabilité de la technologie mobile offre à l’apprenant le loisir de se déplacer, savoir en main et d’interagir avec son environnement.

Question de timing : un apprentissage in situ, on the flow of work et just in time, un outil d’aide à la décision, à l’action, à l’argumentation avant un rendez-vous client, lors de l’application d’une procédure de sécurité, en permettant à l’apprenant d’aller directement à l’essentiel, en situation de travail. Il n’y a donc potentiellement pas de rupture entre l’activité opérationnelle du collaborateur et la situation de formation.
Une modalité indispensable pour les forces de vente en magasin qui n’ont pas le loisir d’être devant un ordinateur, pour les salariés en déplacements, pour les techniciens qui peuvent, grâce à la réalité augmentée, comprendre les gestes adéquats et réaliser les manipulations correctes lors d’une intervention sur un matériel qu’ils ont devant les yeux…

… UN POISSON ROUGE QUI SE SOIGNE…

Côté mémoire, le renforcement des traces mémorielles est facilité par la courte durée des séquences de mobile learning et son format riche d’images, de son, de variété incitent à un visionnage répété. Le découpage en grains pédagogiques de petite taille, étalées dans le temps et la possibilité d’envoyer des micro-piqures de rappel sous forme de quiz, d’une phrase synthétisant les connaissances déjà acquises, contribuent à la révision régulière des notions et à leur mémorisation à long terme.

Question de courbe : la courbe de l’oubli formalisée par Hermann Ebbinghaus à la fin du 19e siècle, met en évidence la perte des informations au fil du temps en l’absence de piqûres de rappel sur une notion et aussi en situation de répétition de l’information.
Cette perte est variable selon les individus et leur état physiologique (stress, sommeil…) et selon le niveau de difficulté et le sens des apprentissages notamment, d’où le besoin d’une scénarisation progressive en termes de niveau de difficulté et de contextualisation des notions. Globalement, passé 24h et sans répétition, nous perdons 50% de nos acquis du jour et à la fin de la semaine, c’est entre 60% et 70% de ce que l’on a appris qui s’égare dans les méandres de notre mémoire. En revanche, comme identifié en bleu sur la courbe (les pointillés correspondant à la perte naturelle des informations au fil du temps), des rappels réguliers sur les trois premiers mois sont à même d’infléchir nettement la déclivité de la courbe dans le temps et d’aboutir à une parfaite mémorisation.

…ENGAGÉ MAIS ZAPPEUR…

Le nombre d’applications disponibles dans les différents stores est très élevé, comme le montre l’infographie de Statista. La concurrence pour capter mon attention fait rage chez les éditeurs. Le nombre de téléchargement en 2020, crise sanitaire et confinement aidant, le nombre de téléchargement d’applications a augmenté de façon considérable. Mes capacités attentionnelles en revanche n’ont pas suivi la même dynamique. Pire, en télétravail, interrompu par les enfants qui crient famine, le chat qui miaule, le conjoint qui s’égosille sur Zoom, les mails tirés en mode mitraillette, les invitations à l’apéro Skype du soir… j’ai frôlé la surchauffe.

Question de temps de cerveau disponible : les notifications incessantes que je reçois constituent un facteur de distraction et un perturbateur attentionnel majeurs. Les séquences d’apprentissage sur mobile doivent tenir compte de cette surabondance et de cette sur-sollicitation dans leur conception. Je vais être honnête, je suis moins prompte au zapping sur le dernier épisode de ma série sur Netflix que sur le 5e reporting de la semaine. Scénarisation en ligne avec l’objectif pédagogique, storytelling, variété des formats, gamification et durée maîtrisée des séquences grâce au microlearning (au-delà de 7/8 minutes sur une même tâche abordée de façon identique, vous allez me perdre…) sont un cocktail à privilégier.

…CONNECTÉ OU PAS…

La mobilité, l’accessibilité partout, tout le temps se heurte parfois à la couverture réseau de la zone géographique dans laquelle je me situe à l’instant « t ». L’ARCEP édite sur son site « monreseaumobile.fr » une carte interactive pour vérifier la couverture réseau et la qualité du débit en France. L’option mobile mais off line peut alors se révéler un atout intéressant pour les collaborateurs appelés à se déplacer fréquemment dans des zones blanches ou grises (dans lesquelles la couverture ou le débit ne sont pas optimum) ou à prendre les transports en commun.

Question en off : le téléchargement des différentes ressources pédagogiques permet de contourner la difficulté de l’absence d’homogénéité de la couverture 4G en France. Cette fonctionnalité présente sur les applis musicales type Spotify est à considérer. Côté éditeurs, cette problématique doit être intégrée dès la conception des parcours en mobile learning pour permettre outre la bonne diffusion offline des modules, le tracking de l’apprenant sur son parcours et l’enregistrement des scores aux évaluations réalisées hors connexion. Un système de synchronisation différée permet alors de venir alimenter les données lors du retour en mode online. De même, la possibilité de passer d’un appareil à l’autre sans perte d’historique des données ou de l’avancement est un élément important.

2.
SUR MOBILE, JE FUIS…

…MAGELLAN…

Et pourtant, la navigation ne me fait pas peur. J’en veux pour preuve, je passe plus de 2h par jour à naviguer sur le net. En revanche, je n’ai pas d’attrait pour l’exploration de la terra incognita qui fit passer Magellan et tant d’autres à la postérité pour avoir ouvert des voix de navigation inconnues, au péril de leur vie. Contrairement à Magellan, j’ai besoin d’être guidé, de savoir où je vais et pourquoi j’y vais. En formation, donnez-moi un objectif et un chemin, évident, intuitif et néanmoins explicite. Concevoir une expérience apprenante sur smartphone comporte quelques contraintes liées au format de l’écran mais également au temps passé, généralement court mais répété. Ces contraintes doivent guider non seulement le choix des fonctionnalités mais également la scénarisation pédagogique, le format et la structuration du contenu. L’objectif : donner du sens.

Histoire d’y voir clair : un déroulé clair et accessible, une formalisation visuelle de l’étape de mon parcours me permettra de me situer. Un menu déroulant accessible en permanence au clic pourrait m’y aider. Pour ce faire, et comme pour toujours en formation, définissez les objectifs pédagogiques et sous-objectifs de chaque grain, scénarisez le parcours et storyboardez. La conception comprend :

  • la scénarisation des niveaux de difficulté croissante ;
  • les évaluations, feedback et récompenses ;
  • la dynamique des interactions de l’apprenant avec le dispositif ;
  • et le look and feel du parcours qui doit être en rapport avec soit la thématique de formation, soit l’univers de la métaphore choisie.

…MARCEL PROUST…

Le roman fleuve ne fait pas bon ménage avec le mobile, même si je ne dédaigne pas retrouver au détour de mes consultations une petite madeleine qui saura m’engager à poursuivre et jouer sur l’émotion pour une meilleure rétention. De façon générale, trop long, trop dense, difficile à synthétiser sans perdre l’essence même de l’œuvre, trop monotone dans le média, en mobile learning, Marcel Proust reste dans la pléïade sur papier bible et je choisis le microlearning.

Histoire de veiller au grain : le microlearning est une série de contenus de formation de format bref (entre 2 et 5 minutes en général, sans aller au-delà de 7 minutes) sous forme de texte, de vidéo, d’audio, d’image enrichie. L’ingénierie pédagogique d’un parcours en mobile learning doit impérativement être granularisée. Il ne s’agit donc pas d’un résumé des contenus présents dans des formations à distance plus traditionnelles. La conception sera faite spécifiquement pour s’adapter au temps court, à l’écran réduit et à l’objectif sans doute différent d’une formation digital learning sur ordinateur. Chaque grain de contenu soutient ainsi un micro-objectif d’apprentissage propre. Ces granules de contenus permettent de rythmer le parcours et de maintenir l’engagement de l’apprenant sur le long terme. Elles favorisent également une meilleure rétention de l’information. La qualité des contenus, l’ergonomie et l’adaptation des ressources au profil des apprenants sont donc primordiales pour maximiser l’efficacité de la formation. Quelques questions fondamentales à se poser avant de démarrer la conception d’un dispositif de mobile learning :

  • Quel est l’objectif pédagogique du dispositif et de chaque micro-module ?
  • Quels sont les profils de mes apprenants ?
  • Quels éléments/formats vais-je combiner pour satisfaire différents profils ?
  • Quel est le degré de difficulté optimal à chaque étape du parcours pour que les challenges ne soient ni trop simples ni trop compliqués ?

Enfin, pensez que le dispositif en microlearning ne constitue pas une version dégradée d’une formation en digital learning sur Desktop, il répond à un objectif particulier de soutien d’une action de formation plus longue, de prérequis, de mémorisation, de just in time, d’actualisation des connaissances…

…YVES KLEIN…

Non que le bleu me dérange, mais sur mon mobile la monochromie sortie de son contexte artistique peut vite virer à la monotonie et à la lassitude, entrainant démotivation et jusqu’à la fuite. J’évite également le tout conceptuel, difficilement intelligible sur mes 6 pouces.


Représentation de l’IKB 191(International Klein Blue)

Histoire d’adopter le nouveau réalisme mobile : en mobile learning, je préfère le figuratif et la variété. De nombreux formats permettent de diversifier les activités, de relancer l’attention et de favoriser la mémorisation. Vidéos, podcast audio, images animées et commentées, textes de synthèse peuvent s’articuler tout au long du parcours pour aborder les notions, les développer, les revoir sous une autre forme. La gamification, via des challenges qui permettent d’obtenir des bonus ou de stimuler l’émulation entre apprenants, renforce les apprentissages. Les feedback permettent de mesurer ses acquis et de progresser. Les badges de compétences valorisent la démarche d’apprentissage et la complétion du parcours.
La réalité augmentée particulièrement adaptée au mobile constitue un levier efficace d’accompagnement dans le « Faire » et la transposition des connaissances acquises en compétences opérationnelles.

…ROBINSON CRUSOÉ…

Parce que j’apprends « toujours seul mais jamais sans les autres », parce que je suis, disait déjà Aristote bien avant l’avènement d’Internet, un animal social. Sur mon smartphone, difficile de dire le contraire. Je fais partie des 75,9% de Français qui utilisent régulièrement les réseaux sociaux. Et en mobile learning, m’encouragerez-vous à être un animal social ?

Histoire de ne pas éviter le peer : interagir avec ses pairs et avec les tuteurs, experts et formateurs favorise l’échange et l’approche collaborative de l’apprentissage. Le social learning crée une communauté d’apprentissage et renforce la motivation de l’apprenant. Le smartphone est le support privilégié du social learning, il serait dommage de passer à côté de l’apprentissage avec et par les pairs. Le social learning permet de s’appuyer sur la dynamique de groupe. Il confronte l’apprenant au comportement de ses pairs et tire les bénéfices motivationnels de la collaboration. Il met en relation les efforts de chacun avec la progression du groupe entier.

…JEAN-MICHEL…

Vous ne connaissez pas Jean-Michel ? Le responsable de la cybersécurité à la DSI. Au départ et avant que le télétravail généralisé ne pousse inéluctablement au BYOD (Bring Your Own Device), Jean-Michel était réticent à ce que j’utilise mon propre smartphone, y compris pour suivre une formation. Questions de protection des données, de sécurité des serveurs… Côté données, le RGPD a fixé un cadre clair propre à rassurer toutes les parties (employeur comme collaborateurs qui utilisent leur propre smartphone).
Aujourd’hui les DSI s’organisent et si la question fait encore débat, la réponse n’est plus systématiquement une fin de non-recevoir.

Avant de vous mobiliser…

En blended learning ou en stand alone, le mobile learning s’impose aujourd’hui dans le paysage du digital learning. Son format court et convivial, en ligne avec nos usages de mobinautes en fait une modalité engageante et flexible. Avant de vous lancer, n’hésitez pas à demander conseil aux spécialistes. Pour accompagner votre réflexion, nous les avons interrogés. Ils nous livrent leur vision du marché, leurs conseils et points de vigilance.