Avec la multitude d’informations qui nous parviennent aujourd’hui par les outils numériques, les distractions se multiplient. Pour mieux comprendre cette « crise de l’attention » et mettre en place de bonnes pratiques, Jean‑Philippe Lachaux, neuroscientifique et directeur du programme ATOLE, décrypte les mécanismes cérébraux en jeu en passant en revue trente idées reçues dans son ouvrage « L’attention, ça s’apprend », publié aux Éditions MDI, en partenariat avec le Réseau Canopé. Extraits.
On ne peut pas réaliser correctement et en même temps deux tâches qui demandent de la concentration
En bref
C’est la raison pour laquelle il est interdit de téléphoner au volant. Et si vous n’êtes pas convaincu, essayez de compter mentalement le nombre de e de ce texte tout en cherchant sept noms de ville commençant par la lettre B. Ou bien de compter dans ce paragraphe le nombre de e, de t et de s en une seule lecture bien sûr. Bon courage !
Ce que disent les neurosciences
Quand on a compris ce qu’était un task-set – cette représentation neuronale de la consigne d’une tâche –, il est facile de comprendre qu’avoir deux task-sets simultanément actifs dans le cortex préfrontal n’est pas une bonne idée, car au moment de percevoir un stimulus, les deux groupes de neurones tentent de déclencher des actions qui peuvent se contredire. Ils peuvent aussi se contredire concernant l’attention-set – ce à quoi il faut faire attention – et entrer en conflit au moment d’augmenter la sensibilité des régions sensorielles. Ce phénomène a été bien étudié dans des situations expérimentales demandant aux participants de passer rapidement d’une tâche à une autre.
Il est fréquent d’essayer, sans s’en rendre compte, de se concentrer sur deux choses à la fois
Ce que disent les neurosciences
Nous l’avons vu, la mémoire des intentions porte un nom : la « mémoire prospective ». C’est la mémoire dans laquelle vient s’empiler tout ce qu’on a à faire plus tard (ou tout de suite après) et qu’il ne faut surtout pas oublier. C’est cette mémoire qui vous fait poser votre magazine et vous lever pour aller surveiller la cuisson des pâtes. Elle semble impliquer majoritairement le pôle frontal, qui est la région du cortex la plus en avant du cerveau, deux centimètres à peine derrière vos sourcils.
Mais on peut nuancer
Notre attention est forcément un peu distribuée. Quand nous traversons la rue en discutant au téléphone avec un ami, nous ne sommes pas exclusivement concentrés sur cette conversation. Nous veillons aussi à ne pas nous faire renverser, à arriver de l’autre côté avant que le feu ne passe au rouge, etc. Mais ces cas de figure sont particuliers parce que ces tâches annexes demandent un niveau de concentration très faible.
Si vous le pouvez, fixez à l’avance la durée à consacrer à cette activité prioritaire : cinq ou dix minutes. Et si vous avez un minuteur à portée de main, il vous sera précieux car il vous permettra de tout oublier, même l’heure, pendant cette petite bulle de temps.
Présentation du MOOC « L’attention, ça s’apprend ».
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Repéré depuis https://theconversation.com/mecanismes-de-lattention-les-comprendre-pour-mieux-apprendre-143661