Peu à peu, les outils numériques se sont imposés dans les écoles. Dans L’école du like, une enquête parue chez PUF, Aksel Kilic et Jean-Paul Payet questionnent cette évolution.

Dans votre ouvrage, vous expliquez que les applications numériques introduites à l’école ont changé le lien entre enseignants et parents. En quoi consiste ce changement ?

A.K : On note que ces applications permettent aux enseignants de mieux gérer la relation avec les familles et de communiquer avec elles, tout en leur offrant une place au sein de l’école. Ce qui est novateur, c’est qu’elles favorisent également un rapprochement entre enseignants et parents. Mais paradoxalement, cela peut aussi créer une distance. Bien que les familles aient accès à de nombreuses informations, cela ne renforce pas nécessairement le lien entre elles et l’école.

J-P.P : Par ailleurs, la relation reste asymétrique. Contrairement à des plateformes comme WhatsApp où chacun peut interagir librement, ces applications prévoient une fonctionnalité qui empêche les parents de communiquer entre eux. Ce sont principalement les enseignants qui publient des informations, tandis que les parents réagissent par des messages courts ou des « likes ».

Est-ce que ces plateformes numériques peuvent encore évoluer ?

J-P.P : Il est probable que les éditeurs d’applications envisagent des évolutions, mais ils se heurtent aux contraintes de la relation entre l’école et les parents. Prenons l’exemple de ClassDojo, une application américaine qui gère le comportement des élèves en attribuant des points selon leur conduite. Les parents reçoivent des notifications en temps réel. Bien que certains enseignants adoptent cette approche, d’autres la rejettent. Cela soulève une question : les parents doivent-ils être disponibles toute la journée pour suivre le comportement de leur enfant ?

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