Pour cette deuxième année de déclinaison de la nouvelle mouture de la rubrique « Débat-discussion » de la revue Distances et médiations des savoirs, dont le principe est de discuter les perspectives d’un article précédemment publié dans la revue à la lumière des enjeux d’actualité dans la formation à distance, nous avons retenu le texte co-écrit en 2024 par Bernadette Charlier et Claire Peltier, et intitulé « Comprendre la dynamique de co-construction des environnements d’apprentissage hybrides : cadre d’analyse et pistes de recherche » (Charlier, Peltier, 2024).
En effet, malgré une littérature abondante sur l’hybridation dans l’enseignement supérieur publiée depuis la crise pandémique de 2020, celle-ci est surtout constituée de retours d’expérience sur la période du confinement elle-même (IFE, 2020 ; Vidal, 2020 ; Karsenti, et al., 2020 ; Roy, et al., 2020 ; Granjon, 2021 ; Audran, et al., 2021 ; Kennel, et al., 2021 ; Poellhuber, et al., 2021 ; Baillifard, et al., 2022). Elle se rapporte donc à ce qui est maintenant qualifié d’enseignement à distance d’urgence (ERE en anglais pour Emergency Remote Education, ou ERT pour Emergency Remote Teaching). Or, comme le précise Théo Martineaud dans sa récente thèse de doctorat :
L’ERT, propre au travail enseignant et composante de l’ERE, se caractérise comme une forme d’enseignement/apprentissage spécifique, qui réagit à la situation contrainte de l’éloignement temporel et spatial dû au confinement, et qu’il convient de définir en relation avec les formes d’enseignement/apprentissage connues que sont les formes présentielles et distancielles (2024, p113).
Selon lui, elle ne peut donc pas être confondue avec l’hybridation hors de ce contexte d’urgence. Pire, comme le concluent Sophie Kennel, Stéphane Guillon et Stéphanie Mailles-Viard Metz (2024) dans leur enquête menée auprès de 418 enseignants de l’université de Strasbourg en juillet 2021 (pour évaluer la manière dont leurs usages numériques durant la crise pandémique ont modifié la perception de leur activité professionnelle) : « nous pouvons craindre que l’expérience vécue difficile et peu satisfaisante n’ait rompu la dynamique douce mais certaine de développement des usages raisonnés et opérants du numérique en pédagogie » (§30).