Le contexte des humanités est d’abord celui d’une interrogation des processus et méthodes de recherche avec l’utilisation de plus en plus fréquente d’outils issus de l’informatique. Parmi les définitions les plus générales et consensuelles, celle issue du manifeste du ThatCamp
[1] de Paris 2010 apparaît comme étant la plus claire et la plus efficace :
  1. Le tournant numérique pris par la société modifie et interroge les conditions de production et de diffusion des savoirs.
  2. Pour nous, les digital humanities concernent l’ensemble des Sciences humaines et sociales, des Arts et des Lettres. Les #digital humanities ne font pas table rase du passé. Elles s’appuient, au contraire, sur l’ensemble des paradigmes, savoir-faire et connaissances propres à ces disciplines, tout en mobilisant les outils et les perspectives singulières du champ du .
  3. Les digital humanities désignent une transdiscipline, porteuse des méthodes, des dispositifs et des perspectives heuristiques liés au numérique dans le domaine des Sciences humaines et sociales »[2]
  4. Le choix d’évoquer des humanités digitales permet également de mieux prendre en considérant des aspects matériels que les discours simplistes de la matérialisation ont pu minimiser. Si beaucoup des possibilités proposées dans cet article se déroulent à l’Université, il est fort possible de les envisager également au niveau secondaire. Kelly Mills [7]qui a intégré la pédagogie numérique vis-à-vis de ses étudiants en histoire insiste sur la nécessité d’offrir une liberté d’expérimenter pour augmenter leur engagement et leur motivation. Dans tous les cas, il s’agit de concevoir les aspects pratiques des humanités digitales en encourageant à faire et à pratiquer[8] pour développer des compétences qui doivent s’intégrer de façon plus précoce. Le projet Humanlit[9] (Humanités numériques et littératies) mettait en avant le besoin d’intégrer les humanités digitales au plus tôt dans les cursus, c’est-à-dire au niveau de la licence. L’enquête mettait également en avant le besoin de pouvoir s’appuyer sur une culture numérique en construction qui repose sur des compétences et littératies acquises au niveau du secondaire.

Les pistes sont celles d’une recherche en action qui permet de rendre la recherche plus attractive en l’intégrant davantage aux cursus, ce qui permet une formation précoce et une meilleure relation entre théorie et pratique. En cela, les humanités digitales posent la question d’une #formation davantage technicienne dans des domaines où la tendance était de se situer dans l’apprentissage théorique. Il faut également songer que les pistes de manipulation d’objets 3D, depuis des logiciels dédiés pour des reconstitutions historiques jusqu’à leurs impressions pour la réalisation de maquettes sont également des éléments qui allient théorie, pratiques et un fort engagement et une forte motivation. Les récents travaux autour du port de Nantes dans le projet Nantes 1900[23] mené entre autres par Jean Louis Kerouanton constituent un bon exemple.

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