Le Cercle des économistes relance la publication de ses « cahiers ». Dans le numéro de juillet, le cercle formule des propositions pour lutter contre le chômage de masse.

Rose-Marie Van Lerberghe: Il ne s’agit pas de condamner la #formation professionnelle dans son ensemble. Pour la formation des cadres, beaucoup de progrès ont été réalisés. Le développement des formations en ligne ouvertes à tous (#Mooc), notamment, représente une réelle avancée.

En revanche, pour les formations de reconversion, ça n’est pas la même histoire. En particulier dès lors que les formations sont certifiantes. La première chose à prendre en compte, c’est qu’un adulte n’apprend pas comme un enfant. Or, on a tendance à calquer notre système de formation professionnelle sur celle de la formation initiale ! Avec une vision exclusivement académique et scolaire.

Comment cela se traduit-il concrètement ?

R-M. VL: Dans beaucoup de métiers, on a certes besoin de connaissances académiques, mais surtout d’un ensemble de compétences plus larges, en particulier relationnelles et humaines.

Si l’on prend l’exemple du secteur médico-social, extrêmement réglementé, les besoins de main-d’œuvre sont très importants, les candidats nombreux et pourtant les employeurs ont un mal fou à recruter et à garder leurs salariés

Quelles solutions proposez-vous pour y remédier ?

R-M. VL : Pour permettre à des chômeurs ou à des salariés victimes d’un plan social de retrouver un emploi, il est nécessaire de rechercher et de valoriser l’ensemble des compétences acquises au long de son parcours, tant professionnel qu’extraprofessionnel.

Il faut revoir ces formations pour inclure dans la validation une meilleure prise en compte de ces compétences et la motivation des personnes engagées dans une formation.

Vous évoquez aussi une nécessité de mieux coller aux besoins des territoires. Par quel type de mesures cela passe-t-il ?

R-M. VL : Pour pouvoir anticiper les besoins de main-d’œuvre à venir, et donc adapter les dispositifs de formation professionnelle permettant d’y répondre, il faut plus de décentralisation.

Aujourd’hui, les régions sont en charge de la formation professionnelle, mais Pôle emploi est ultra-centralisé. Il est par exemple tenu de faire des appels d’offres nationaux pour la formation. Ce sont donc de grands groupes qui prennent les marchés alors qu’ils sont incapables de monter les dispositifs de broderie locale qui s’imposent.

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