Le marché du travail évolue de plus en plus vite sous l’effet des deux grandes transitions : le numérique et l’intelligence artificielle d’une part, la transition vers une économie décarbonée d’autre part. L’une comme l’autre font apparaître de nouveaux métiers – spécialistes en cybersécurité, chefs de projet en rénovation énergétique, techniciens de maintenance des véhicules électriques… – et opèrent une contraction de l’emploi sur d’autres métiers – caissiers, traders, installateurs de chaudières fioul…
Si un actif sur trois dit avoir connu une transition professionnelle dans l’année, le fait marquant des dernières années est le recours croissant à la formation : chaque année désormais, près d’un actif sur dix se forme dans le cadre d’une reconversion.
Il faut donc des formations courtes, ultra professionnalisantes, aux pédagogies adaptées.
L’innovation est d’abord venue de la tech, dans un contexte de pénurie de développeurs. Les premiers « bootcamps » de code sont nés aux US et en Europe en 2012-2013, reprenant le nom de ces préparations physiques et mentales des militaires pour traduire d’une part l’idée d’un format ultra intensif, et d’autre part l’idée qu’on y apprend surtout à s’adapter aux situations futures. On y apprend à apprendre. Depuis 2013, Le Wagon propose par exemple un cursus de 9 semaines pour apprendre à coder. La pédagogie repose sur des exercices, collectifs et guidés, qui permettent de comprendre en faisant. L’expérience exceptionnelle est saluée par les retours dithyrambiques des apprenants.
Il y a quelques obstacles encore à lever.
D’abord, il faut aider chacun à bien s’orienter. Pas avec les bilans de compétences à l’ancienne, mais en prenant du recul sur leurs moteurs, leurs forces, et les métiers qui pourraient leur correspondre. Si possible en s’appuyant sur l’IA, comme le fait la start-up Chance.
Enfin, de nombreux financements existent : le CPF est maintenant bien identifié, le « contrat de transition pro » permet aux salariés de financer intégralement leur reconversion, France Travail revoit les dispositifs destinés aux demandeurs d’emploi. Mais pour être efficaces du point de vue de l’intérêt général, il est fondamental que les budgets soient sanctuarisés, les règles stables dans le temps, et l’accès réservé aux formations qui mènent réellement à des emplois pérennes.