Ce défi auquel Morin nous invite par la pensée complexe semble si évident que l’on peut se demander comment il est encore possible aujourd’hui de ne pas le relever dans le cadre d’une école confrontée à de nombreux enjeux.

Le paradigme de l’éducation complexe

En replaçant l’humain au cœur d’une communauté de destin, la vision anthropologique de l’éducation d’Edgar Morin s’inscrit dans une visée sociétale qui fait de chacun de nous un citoyen du monde, un monde qui se transmet, et qu’il nous appartient tant de préserver que de bâtir. Au regard des problématiques qui parcourent l’école aujourd’hui, déployer des réformes ne saurait suffire. Une pensée prenant en compte la globalité des grands défis contemporains est nécessaire pour assurer la transmission des connaissances aux jeunes générations.

La transdisciplinarité au service de la compréhension de l’humain

Les différentes disciplines doivent être mobilisées ensemble plutôt que séparément afin de converger sur la compréhension de la condition humaine. C’est sur ces bases que Morin appelle à une réforme de pensée qu’il annonce comme étant historique et vitale en ce qu’elle permettra conjointement de séparer pour connaitre et de relier ce qui est séparé.

Instaurer une démocratie à l’école

Edgar Morin prône aussi l’instauration, dans le cadre de l’école, d’une démocratie qui permettrait aux élèves de prendre réellement part aux débats et à la vie quotidienne scolaire. L’objectif serait de redonner à l’école sa place comme lieu de formation du futur citoyen. Nous sommes là au cœur de cette éducation transmettant les valeurs d’un humanisme qu’il considère comme un principe fondamental devant « être enraciné en soi, chevillé au fond de soi, car grâce à lui on reconnait tout autre comme être humain », révélant ainsi « le seul véritable antidote à la tentation barbare, qu’elle soit individuelle et collective » à laquelle chaque être humain peut être confronté.

 

Le concept d’éducation complexe permet ainsi de porter une vision qui tient compte de l’humain, tant de son bien-être et de son épanouissement, que de ses faiblesses et ses errements. Qui permette, en plaçant l’humain au cœur du système éducatif, de tenter d’enseigner à vivre, et à vivre ensemble. Ces questions désormais essentielles à appréhender dès le plus jeune âge nécessitent de repenser la formation des enseignants, car dans cet esprit ils devront avoir, selon les mots de Philippe Meirieu :

« la mission d’instruire sans enfermer, de transmettre sans clôturer, d’engager chacun et chacune dans une démarche de recherche à laquelle aucun credo obscurantiste ne pourra jamais mettre fin. Il y va de la réussite de notre École. Et de la possibilité, pour nos enfants, de donner un avenir à leur futur ».

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