1, L’IA disrupte les métiers
Selon le FMI (2024), 40 % des emplois mondiaux seront affectés par l’IA d’ici à 2030, et cette proportion devrait atteindre 60 % dans les économies avancées.
La tendance est posée, même s’il faut tenir compte du fait que souvent, ce sont les cabinets spécialisés dans la transformation qui dramatise le besoin de transformation et son caractère inéluctable, peut-être avec quelques arrières pensées. L’IA est impactante sur les métiers et l’impact commence aujourd’hui.
Quels impacts ? L’impact se fait par innovation incrémentale. L’innovation incrémentale désigne une amélioration progressive du processus sans changer la nature du métier. Il s’agit d’optimiser l’existant. Gilbert Simondon rappelle que toute technique évolue par petits ajustements, des « concrétisations successives » (Du monde d’existence des objets techniques, 1958), qui améliore la cohérence interne du système.
2, L’IA disrupte le responsable de formation
Le métier de responsable de formation canal historique repose sur « une logique de commande et de conformité » (Alain Meignant, Manager la formation, 1997, 2004), il se définit par un ensemble de fonctions de gestion et de régulation de la formation au sein de l’entreprise : pilotage budgétaire, conformité légale, ingénierie de dispositifs et des coordinations des acteurs internes et externes. Selon Gartner, 38 % des DRH ont déjà expérimenté l’IA générative pour automatiser certaines de ses tâches (AI in HR, 2024).
Mais, le métier de responsable touche aussi au management de la pédagogie et de l’animation. L’introduction de l’intelligence artificielle transforme profondément cette dimension. Il se doit d’accompagner l’évolution des autres métiers de la formation. Le pédagogue voir émerger un nouveau rapport au savoir : l’IA devient un partenaire pour concevoir des scénarios, personnaliser les apprentissages, produire des feedbacks automatisés.
3, A la recherche du responsable de formation perdu
Albert Bandura nous rappelle que la formation est d’abord un apprentissage social (Social learning theory, 1977). Le paradigme de la formation 20ième siècle est l’individualisation, et l’IA est un acteur qui renforce ce paradigme. C’est ce qui pose problème, l’émiettement des apprenants déplace le collectif vers le personnel. Or, comme l’a montré Emile Durkheim : « l’éducation n’est pas l’œuvre d’un individu, mais celle de la société qui se continue en nous » (L’éducation morale, 1922). L’apprenant augmenté dialogue avec l’IA, mais perd la dimension communautaire qui donne le sens et la motivation. Il existe un besoin de proximité pour apprendre. « L’homme postmoderne cherche la chaleur du lien, la proximité du visage et la communion des présences » (Michel Maffesoli,
L’avenir du responsable de formation passe par une gestion prospective du métier, comme tous les autres métiers. L’IA pose des questions, reste à proposer des réponses sociales. Claude Dubar disait que « l’identité professionnelle se construit dans la tension entre l’héritage et le projet » (La socialisation, 2000). L’IA nous oblige à sortir de l’héritage pour la projection, mais il s’agit bien d’une tension qui garde les deux bouts de la corde.





